Madani B., Sofiane G., Med B., ivres et un plan en tête, effectuent une sortie avec Med L., un mécano-électricien... Le vin , le vol, la volonté de nuire sont réunis pour un crime crapuleux. Les trois jeunes, 19, 23 et 24 ans, prennent le mécano, un père de sept enfants, achètent du vin et consomment en cours de route. La voiture qui les transporte appartient à un client. Arrivés dans un endroit désert d'Aïn-Taya, la beuverie va se terminer par un drame, du sang et vingt-sept coups de couteau. Les quatre garçons sont poursuivis sur la base des articles - et il y en a pas moins de dix, SVP, citons-les pêle-mêle: 176, 177, 353, 254, 255, 256, 257, 261, 387 et 388 du code pénal. Et les peines prévues ne sont pas à prendre avec des pincettes. Les six avocats avaient du pain sur la planche bien que le procès se soit déroulé un jour de grève des... boulangers (sic). Sur les six conseils, un seul, Me Ridha Bekkat aura le jeu facile car, son très jeune client n'était poursuivi que pour recel. «Il ne voulait pas continuer la soirée. Nous voulons seulement le corriger», dira l'un d'eux. Qui a «troué», le corps de Mohamed? Jusqu'au verdict, nul ne le sait, surtout pas le gars qui leur, prêté main forte pour laver le sang découvert dans la voiture. «Lorsque nous avons démarré, seule la victime criait, criait...» avait lancé Bouziane. Il était clair que le mobile du crime demeurait le vol du véhicule que le défunt avait réparé et qui ne lui appartenait pas. Ils burent en cours de route. Une fois sur les lieux, le pauvre Mohamed ivre-mort allait mourir pour de bon. Comment s'est passée la suite? Le vol du véhicule a été aussi abordé, aucune réponse plausible n'est venue enrichir les débats qui tiraient en longueur car, Boudjaâtit, le président, avait repris entièrement l'instruction, histoire de les coincer. Il fallait situer les responsabilités de chacun des quatre accusés dont trois étaient présents sur les lieux du crime. Un à un, les quatre jeunes ont été entendus. Il y eut même des incidents entre eux. Me Khiar a demandé la protection du président. Me Ridha Bekkat était aux bons soins avec son client. Me Kassouma a posé une question relative à la prise de cachets psychotropes. Le juge balaie du revers le dossier: «Voyons Maître ! C'est la première fois que le tribunal entend parler de drogue. Restons dans le dossier.» «Si, si, M. le président. Fouillez bien l'arrêt de renvoi et je...», dit l'un des accusés. «Taisez-vous», tonne le juge à l'intention de Sofiane qui avait sauté sur l'occasion pour se terrer derrière la consommation d'alcool et maintenant des cachets. Le pauvre ignorait que cela pouvait lui nuire car, ce sont des circonstances aggravantes et non pas atténuantes pour son copain. Sofiane, délinquant primaire répond à une question de son conseil, Me Khiar, relative à une balafre sur la joue droite : «C'est sur injonction de Madani que Ramdane m'a donné un coup de couteau pour que je prenne le crime sur le dos. Nous sommes passés devant le tribunal d'El Harrach et la victime, c'est moi.» Après les plaidoiries et le réquisitoire, le verdict est tombé à 23 heures. Alors que Meklatia a été relaxé, les trois autres ont écopé de vingt ans.