Le Kényan avait annoncé qu'il venait à Berlin pour battre le record de son compatriote Dennis Kimetto L'Ethiopien Kenenisa Bekele a remporté hier le marathon de Berlin en 2h03.03 (temps officiel), deuxième meilleure performance de tous les temps, à l'issue d'un duel haletant avec le Kényan Wilson Kipsang, battu seulement dans les derniers hectomètres. Les deux grands favoris de la course ont couru dès le départ sur la base du record du monde, et avaient éliminé tous leurs adversaires au 32e km. L'Ethiopien, qui avait déjà triomphé à Paris en 2014 pour ses débuts sur la distance mythique, échoue finalement à 6 secondes du record du monde, également établi à Berlin en 2014 par Dennis Kimetto. «Oui, ça a marché selon mes plans», a déclaré Bekele à l'arrivée. «Je voulais battre mon meilleur temps personnel, j'ai fait un temps fantastique. Je suis juste un peu déçu de rater le record du monde pour une poignée de secondes». «Je visais le record du monde, mais j'ai réussi à améliorer mon meilleur temps personnel», a déclaré pour sa part Kipsang, qui termine en 2h03.13. «Nous avons fait une course fantastique tous les deux, et la prochaine fois, on battra le record du monde». Sa performance chronométrique, Bekele la doit en fait largement à Kipsang. Le Kényan avait annoncé qu'il venait à Berlin pour battre le record de son compatriote Dennis Kimetto, établi sur le même parcours en 2014 en 2h02:57. Il avait donc demandé à ses lièvres de courir sur la base de ce temps de référence, provoquant le départ le plus rapide de l'histoire de l'épreuve. Avec son parcours plat sur un revêtement régulier, Berlin est depuis des années «la» course idéale pour battre un record. Pas moins de sept meilleures marques mondiales y ont été établies chez les messieurs ces dernières années, dont cinq depuis 2007. Dès le départ, Bekele et les autres favoris n'ont pas eu le choix. Soit ils prenaient le pari de Kipsang, au risque d'exploser en route, soit ils laissaient filer le Kényan. Kipsang, qui s'est comporté comme le patron de la course jusqu'au 41e km, a placé une première accélération aux 30 km et creusé un premier trou. A-t-il pensé qu'il avait éliminé l'Ethiopien? C'était sans compter sur l'expérience de Bekele, qui est revenu au train, petit à petit mais sûrement. A ce moment là, on aurait pu croire pourtant Bekele à la limite de la rupture, avec son visage fermé et son regard bas, fixé sur les talons de Kipsang. L'Ethiopien faisait de temps à autre d'étonnants mouvement de décontraction des épaules, un bras tendu vers le haut. Mais il n'a rien lâché, dans son style plus dynamique de pistard, qui contrastait avec le relâchement du spécialiste kényan du marathon. Le Kényan savait que contre un ancien quintuplé champion du monde du 5000 et du 10.000 mètres, il aurait peu de chances au sprint. Ses efforts pour lâcher Bekele n'ont pourtant pas eu d'autre effet que d'accélérer encore un peu le rythme pour permettre aux deux hommes de rester sur la base d'un record du monde. Et c'est au 39e km, après avoir passé toute la course dans le sillage du Kényan, que l'Ethiopien vint lui montrer sa détermination en montant à sa hauteur. Pendant quelques centaines de mètres, les deux hommes couraient soudain côte à côte, avant que Bekele ne repasse derrière. Mais le message était clair. De la foulée soudainement plus légère qu'on lui connaissait sur piste dans le final de ses 10.000 mètres, Bekele s'est envolé dans le dernier kilomètre, a franchi la célèbre porte de Brandebourg avec 80 d'avance pour terminer sur la ligne d'arrivée une dizaine de secondes devant Kipsang.