Vue d'ensemble de l'exposition Sneak, Lmnt Splntr et Chawki Atia vous présentent leurs oeuvres sous le thème «Scratching the past», au Centre commercial de Bab Ezzouar jusqu'au 14 octobre. Les jeunes étaient là samedi pour soutenir leurs amis artistes qui exposent depuis samedi à Ezzou'Art Galerie du Centre commercial et de loisirs à Bab Ezzouar. Pour illustrer leurs travaux, ces derniers ont choisi comme thématique «Scratching the past» en référence à la musique hip-hop et ce procédé propre aux anciens aficionados de cette culture et musique venant d'ailleurs, qui a fini par s'imposer partout dans le monde, comme une tradition underground des banlieues. Aussi, affirment les organisateurs: «Dans la continuité et l'esprit de recherche de jeunes talents, la galerie Ezzou'Art vous convie à l'exposition de trois artistes plasticiens Sneak, Lmnt Slntr, Chawki Atia sous le thème «Scratching the past». Trois artistes aux parcours différents. Ils ont tous les trois choisi de vivre la même expérience de la «calligraphitie» avec leurs talents respectifs. Chacun d'eux nous propose un univers singulier, univers qui ne sont pas supposés se rencontrer, mais la galerie Ezzou'Art a choisi d'interroger l'influence des talents sur la création des artistes.» Voilà pour la présentation sommaire. Mais qui sont-ils ces jeunes qui ont osé passer la porte de la galerie et délaisser les murs de leurs quartiers pour un instant et venir défier l'ordre établi des street art? Tout d'abord Sneak, qui n'est plus à présenter et qui est venu malgré une belle blessure à la jambe qu'il s'est faite lors d'un accident durant l'événement «El Medreb», a tenu à montrer in situ son travail qu'il venait d'achever la veille même. Avec Lmnt Spntr, un autre artiste dont les oeuvres étaient présentes contrairement à lui pris dans une résidence en Espagne, ils forment le collectif Siiw. Sneak et Lmnt, Sneak fait partie de ces artistes qui ont choisi la rue pour s'exprimer. «Le street art est pour nous la pratique de notre liberté intellectuelle, sociale et culturelle. Le fait de poser sa pensée chaotique sur un mur est déjà une harmonie accomplie avec la ville et ses habitants.» Mais ça c'était avant, car aujourd'hui Seank a appris à relativiser sa vision des choses. «Avant, j'étais contre le fait d'exposer à la galerie. Carrément. A un certain moment tu dois t'adapter pourtant, il y a des gens qui ne peuvent pas aller voir nos travaux, notamment dans des lieux comme à «El Medreb». Je suis d'ailleurs blessé, je suis tombé d'un échafaudage et me suis pris un pic en acier, je l'ai reçu en pleine jambe. Les gens ne peuvent pas venir de leur plein gré dans ces lieux-là, ça reste restreint en termes de visibilité. La galerie c'est plus accessible». Evoquant sa passion pour la calligraphie, Sneak avoue adorer «Innover au niveau de la composition» et de souligner: «Je m'attache à la calligraphie dont la base est la lettre. Le mouvement du graffiti a commencé par l'inscription textuelle des mots, avant que vienne le street art, des gens taguaient leurs noms. Après l'esthétique de la lettre, il y a le rythme, une liberté dans l'abstraction qui te permet d'exprimer n'importe quel sentiment à travers le rythme que tu poses sur la calligraphie.» A propos de l'espace, notre jeune artiste explique: «J'aime bien prendre de l'espace, le dessin pour moi c'est la répartition de l'espace, comment je le vois, à travers des lignes, des textures, des volumes et des couleurs. Il y a beaucoup de liberté à pratiquer ces mouvements corporels, l'espace tu le gères à travers les mouvements...» et d'expliquer le choix de ses couleurs: «En fait, c'est en rapport au thème de l'expo, le straching du hip-hop. Lyès et moi, nous travaillons sur le beat de la calligraphie, comment la musique est interprétée là où il y a juste une boucle qui se répète sur laquelle le slameur pose ses textes. C'est juste là pour maintenir une cadence qui est verbale. Une façon d'illustrer la rime en images. Une rime calligraphique. Pour ce stratching, on a travaillé sur des couleurs tel que noir et blanc, le vert, pour donner un aspect du passé, vintage, car le scratching a carrément disparu du hip-hop.». Pour sa part, Chawki Atia, architecte d'intérieur, a choisi, pour cette exposition, de présenter des oeuvres hybrides, entre installation et tableaux bien singuliers. Son travail se décline sous la forme de cinq modèles d'horloge et cinq tableaux, avec un élément constant qui revient partout: le papillon, que ce soit comme ornement d'une chaise dont le dossier est vide et repeint en noir, ou sur un tableau accroché sur le mur, dont le centre est également vide, ou encore ce cercle tapis de tiges de papillon posé sur un amas de bois, à l'intérieur duquel se forment d'autres cercles. Et puis il y a ces disques en vinyle qui, découpés et sculptés, donnent à voir plusieurs images, telles le globe, des gens qui dansent, des hirondelles etc. Un sentiment de liberté et de sérénité se dégage à travers ces oeuvres qui, malgré la forte symbolique des papillons qui rappellent l'âme des morts qui s'envole, n'en sont pas moins belles et poétiques. La «calligraphitie» est plutôt diluée dans des visions plutôt abstraites et qui excluent dès lors le signe du verbe pour invoquer celui de l'esprit vagabond...