La sélection du film de Lotfi Bouchouchi «Le puits» aux Oscars, dans la catégorie du meilleur film étranger, intervient dans un contexte économique très difficile. Au moment où le pays accueille le Forum de l'énergie, organise une réunion informelle des membres de l'Opep et le prix du pétrole qui chute, le cinéma algérien demeure le dernier souci de nos responsables. Au moment où nous écrivons cette chronique, Lotfi Bouchouchi a commencé sa promotion par une projection et une conférence de presse pour les journalistes algériens. Nombreux sont ceux qui ont déjà vu le film. Mais ce n'est pas que ça. Son équipe très rodée à ce genre de campagne a déjà créé sur les réseaux sociaux tous les supports pour faire connaître le film. Une inscription sur Imdb (Le répertoire américain des films et des cinéastes), une chaîne YouTube et même une chaîne pour la bande musique originale du film. Mais le plus grand travail qui attend Lotfi Bouchouchi, c'est d'abord la campagne aux Etats-Unis. Une campagne qui coûte très cher. Ça peut aller de 500.000 dollars à 10 millions de dollars, indique l'étude publiée en janvier 2015. Le long-métrage de John Madden (Oscar du meilleur film en 1998) avait nécessité 15 millions de dollars de dépenses. Juste pour avoir une idée en 2009, le film américain Le Démineur de Kathryn Bigelow (qui avait raflé tout de même plus de cinq Oscars) a coûté 5 millions de dollars. Le budget publicitaire moyen dans une campagne est de 3,5 millions de dollars. Une publicité dans le Hollywood Reporter dans la campagne des Oscars coûte 72.000 dollars. Le magazine qui est aussi concurrencé que le Variety est consulté par les votants professionnels de l'industrie du cinéma. sans oublier la part des «screeners» l'impression de 6000 DVD envoyés aux votants) et en frais divers (cadeaux, soirées, interviews etc.). Mais ce coût concerne le cinéma aux Etats-Unis. Ce n'est pas le cas pour l'Algérie qui n'investit presque rien dans la publicité de ses films et encore moins dans sa promotion. Par exemple, pour la campagne de Hors la loi de Rachid Bouchareb, le gouvernement à l'époque avait sollicité la Sonatrach, pour investir environ 300 000 dollars pour la campagne aux USA. Cela a qualifié le film en finale dans «la short list», mais ne lui a pas permis de décrocher la statuette. Le manque d'investissement des Algériens est surtout lié à l'intérêt que porte le cinéma au marché américain, c'est pour ainsi dire aucun. En revanche, pour un film américain obtenir un Oscar ça rapporte beaucoup. Ainsi, décrocher un Oscar fait augmenter en moyenne les recettes du film de 3 millions de dollars, a indiqué le New York Times. Le salaire moyen d'un acteur oscarisé augmente de 3,9 millions de dollars après sa victoire, tandis que celui d'une actrice récompensée augmente de 500.000 dollars. Ce qui est sûr est le fait que les Oscars sont un véritable business pour certains opérateurs dans le Monde arabe et, au Moyen-Orient ce sont les Indiens qui offrent ce service. Ainsi, ils ont gagné beaucoup d'argent en faisant la promotion des films palestiniens tel Omar et le film jordanien de l'année dernière, le tout payé par les qataris et émiratis. [email protected]