La stratégie d'Alger a payé Une semaine après la décision historique prise par l'Opep et la Russie lors du sommet informel qui s'est tenu dans la capitale algérienne, les cours de l'or noir reprennent des couleurs. Ceux qui doutaient du «bienfait» de l'accord du 28 septembre sur le marché pétrolier vont revoir leur copie. S'ils ne l'ont pas déjà fait. Une semaine après la décision historique prise par l'Opep et la Russie lors du sommet informel qui s'est tenu dans la capitale algérienne, les cours de l'or noir reprennent des couleurs. Ils ont franchi la barre psychologique des 50 dollars à Londres. C'est le fruit de l'offensive diplomatique, unique dans les annales des initiatives adoptées pour tenter de redresser les prix du pétrole, lancée par l'Algérie. Le terrain avait été préparé depuis belle lurette. Il faut rendre à César ce qui appartient à Jules. L'initiative revient au chef de l'Etat. Trois hommes ont été chargés d'ouvrir un front diplomatique pour que cet objectif de longue haleine se concrétise. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal devait sensibiliser les chefs d'Etats africains à travers des messages que leur avait adressés le président de la République, l'actuel ministre de la Justice s'est déplacé à Riyadh pour faire fléchir la position du chef de file de l'Opep qui avait opté pour le statu quo alors que les prix du pétrole s'enfonçaient. L'ex-ministre de l'énergie Youcef Yousfi, s'est rendu en Azerbaïdjan, importante puissance pétrolière régionale du Caucase, où il a été reçu par le président de l'Azerbaïdjan, Ilhem Aliyev, à qui il a remis un message du président Abdelaziz Bouteflika (lire L'Expression du 12 février 2015). Deux mois plus tard l'offensive diplomatique d'envergure lancée par l'Algérie est relayée par les pays africains producteurs de pétrole qui prônent une réduction de l'offre pour tenter de rééquili-brer les prix du baril. Les ministres des 18 pays membres de l'Association des producteurs de pétrole africain (Appa) réunis à Abidjan en Côte d'ivoire avaient appelé le 3 avril à soutenir «la création d'une plateforme (...) afin de réduire la production pétrolière et de stabiliser le marché pétrolier». «Nous allons faire part à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), au Venezuela et à la Russie des effets néfastes de cette chute sur nos économies», avait assuré le ministre libyen du Pétrole et du Gaz, de l'époque, Mashala Saïd, qui assurait la présidence de l'Appa. Les contours du sommet d'Alger se dessinaient. Restait à réaliser le tour de force pour réunir tous ces acteurs autour du même objectif: agir pour rééquilibrer le marché. Une première tentative fut avortée à Doha suite aux dissensions irano-saoudiennes. C'est alors que l'Algérie devait entrer en scène. Le rendez-vous a été programmé dans le sillage du 15ème Forum mondial de l'énergie. Le défi allait-il être relevé? C'était sans compter sur la ténacité de la diplomatie algérienne, de son savoir-faire et de l'optimisme de l'actuel ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa, qui s'était juré que l'étincelle partirait d'Alger. L'Opep et la Russie ont décidé de réduire leur production de 750.000 barils par jour. Surpris, les analystes, n'en sont pas encore revenus. Le marché réagit. Les prix gagnaient 2,38 dollars à New York et 2,72 dollars à Londres. Sans franchir toutefois la barre symbolique des 50 dollars. Ce ne sera que partie remise. Lundi vers 11h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, affichait 50,72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 53 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de novembre gagnait 48 cents à 48,72 dollars. Une euphorie qui a quelque peu baissé d'intensité. Hier aux environ de 11h15, les cours de l'or noir affichaient un léger recul, de 30 cents, par rapport à la veille pour s'échanger à 50,59 dollars à Londres. Dans les échanges électroniques le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance cédait 33 cents à 48,48 dollars. Alger a incontestablement secoué le baril qui pour la seconde séance consécutive s'accroche à la barre symbolique des 50 dollars. Un pari qu'aucun expert n'a osé, il y a à peine huit jours. Le baril demeure à l'écoute de l'écho d'Alger.