L'étude du réseau routier ne figure sur le calendrier des ordres du jour des responsables qui se sont succédé au fil du temps, qu'en qualité de pièces complémentaires au puzzle. Submergée continuellement du lever au coucher du soleil par un flot incessant de véhicules et de piétons qui débordent sur les rues et ruelles, la ville de Béchar n'arrive plus à assurer convenablement sa fonction légitime de moyens de communication. Exiguës et archaïques, conçues pour répondre aux exigences d'une époque révolue, ces rues et ruelles furent conservées et utilisées telles quelles sans la moindre extension ou réaménagement. Elles continuent à desservir des centaines de voitures et de motocyclistes qui, par leur nombre exorbitant, s'enchevêtrent, se heurtant dans les divers encombrements des carrefours et finissent par créer des bouchons inextricables, qui ne se dénouent qu'après de longues heures de patience et de manoeuvres pour se reconstituer une nouvelle fois. Le tracé mis en place sans une étude sérieuse qui réglemente la circulation n'obéit à aucune logique. Les lagunes sablonneuses, les fosses, les égouts à ciel ouvert et les crevasses qui caractérisent l'état affligeant de la quasi-totalité des routes reflètent le sinistre panorama d'un sol lunaire. La superficielle couche d'asphalte «trompe-l'oeil» qui existait a disparu depuis belle lurette pour céder la place à un nouveau type de revêtement moins onéreux fait de pierres, de poussière, d'immondices et de milliers de sacs de plastique noirs et blancs qui jonchent le pavé. Les quelques routes qui ont eu droit à un «tapis» sont aujourd'hui éventrées et défoncées au marteau-piqueur pour effectuer d'autres travaux qui, en principe, précèdent ce coûteux revêtement. Comme frappées par une quelconque malédiction, les voies publiques de la ville de Béchar sont condamnées à demeurer hideuses, sales et répugnantes. L'exode rural, la croissance démographique, le flux intarissable d'immigrés et la multiplication de l'effectif militaire de la 3e Région suffisent amplement en tant qu'éléments indicateurs auprès d'un esprit sensé et responsable pour prévenir les lendemains et éviter l'état d'étouffement actuel qui évolue inexorablement vers la saturation du réseau urbain. Malgré les indices révélateurs d'une future agglomération plus dense et l'engagement que vivent au quotidien les artères de la ville, aucun remède à ce mal n'a été apporté. L'étude du réseau routier ne figure sur le calendrier des ordres du jour des responsables qui se sont succédé au fil du temps, qu'en qualité de pièces complémentaires au puzzle. Toute initiative dans ce sens s'éteint au départ de son «géniteur». Les autochtones qui, en majorité par leur mise à l'écart des tractations administratives, ignorent complètement les prérogatives attribuées d'un président d'APC ou président d'APW, assistent impuissants à l'asphyxie de leur paisible oasis, victime du «laisser-faire, laisser-aller».