Photo : Zoheïr Par Amirouche Yazid Même si votre voiture est bien équipée, rappelez-vous ce vieux proverbe qui continue à tenir la route : «Prudence est mère de sûreté.» Insécurité routière en Algérie. Une moyenne de 11 tués chaque jour sur nos routes qui enregistrent cinq accidents chaque heure. Qualifié de terrorisme de la route, le phénomène ne cesse d'atteindre des propensions alarmantes au point de faire peur à beaucoup d'Algériens. Ils sont nombreux d'ailleurs à éviter de prendre la route, par précaution, quand ce n'est pas une nécessité. Ils sont aussi nombreux à prendre la route, sans le moindre souci, même quand ce n'est pas une nécessité. Les médias se font chaque jour l'écho d'accidents de la circulation qui se produisent sur nos routes. Il ne se passe plus un jour sans qu'on signale des victimes ici et là. Le dernier bilan de la Gendarmerie nationale, rendu public dimanche dernier, indique que 69 personnes ont été tuées et 941 autres blessées dans 544 accidents de la route survenus durant la période allant du 2 au 8 juillet sur l'ensemble du territoire national. Les causes de ces accidents sont diverses : perte de contrôle, excès de vitesse, dépassements dangereux, imprudence des piétons, non-respect de la distance de sécurité. La peur des Algériens grandit pendant l'été avec le retour des émigrés dont l'adaptation aux mœurs de la circulation algérienne n'est pas si facile quand bien même la qualité de leurs véhicules serait visiblement au-dessus de tout soupçon. L'été est incontestablement la période de contact permanent avec la mer et son charme. Mais le chemin qui mène vers la mer se transforme en celui de la mort. Beaucoup d'accidents de la route sont ainsi signalés sur le chemin des estivants en allant ou en revenant de la plage. Remarquons ici que les accidents les plus spectaculaires se produisent au moment où les gens reviennent, fatigués, après une journée passée sous le soleil. Une fatigue qui se conjugue avec le désir de rentrer chez soi avant la nuit. Ce qui pousse les conducteurs à l'excès de vitesse, cause principale de la quasi-totalité des accidents de la circulation. Responsabilité du conducteur Les statistiques renseignent sur la responsabilité humaine dans le drame routier. La tendance se confirme dès qu'on s'interroge sur les circonstances ayant conduit à l'accident. L'excès de vitesse est souvent la cause de l'accident. Un spécialiste de la sécurité routière dira que «le comportement au volant a changé. Il y a de l'agressivité et de l'incivisme chronique chez les conducteurs». C'est ainsi que des mesures nouvelles ont été projetées par la tutelle afin de veiller sur le respect du code de la route. Le ministère des Transports a entamé dans ce sens une réforme touchant le cycle de formation des candidats au permis de conduire. Objectif recherché : éliminer toutes les situations à même de générer des accidents. La réforme est en marche, pourvu qu'elle freine les accidents de la route. Il est vrai que la nouvelle réglementation mise en place depuis deux mois, n'atteindra pas les résultats escomptés. Mais parvenir à réduire le nombre d'accidents est en soi une performance. Il reste néanmoins établi que l'efficacité d'une loi vaut plus par sa marge d'application que par l'étendue de ce qu'elle a de coercition. L'usage de la ceinture de sécurité, devenue obligatoire depuis un certain temps, aussi bien sur les autoroutes que dans les centres urbains, a fini par être accepté par les Algériens. Un facteur qui a manifestement permis d'éviter d'autres victimes. La prévention dépasse cependant la personne du chauffeur. «Une véritable prise en charge de la sécurité routière passe tout d'abord par des actions intégrées et durables sur la composante conducteur–véhicule-environnement et ce, à travers une réglementation sévère, appliquée sur le terrain et conjuguée à beaucoup de communication et de sensibilisation», estime un citoyen dans une réflexion publiée par un quotidien national. Les accidents de la route transforment parfois des moments de joie en des moments de peine et de larmes. Les cortèges de fête sont devenus à maintes reprises sur nos routes des moments de douleur. N'arrivant pas à maîtriser leurs nerfs et à gérer leurs joies, les conducteurs, particulièrement les jeunes, abusent de la vitesse et de dépassements dangereux, jusqu'à provoquer l'irréparable. Trafic sur la pièce de rechange Parmi les facteurs qui causent des accidents de la route, on cite, particulièrement, ces dernières années, la pièce détachée non conforme. La pièce dite «taïwan» semble avoir pignon sur rue. Elle est omniprésente. Les spécialistes s'accordent d'ailleurs à dire que le marché de l'automobile en Algérie souffre du poids de la contrefaçon qui touche les pièces détachées importées. Il faudrait dès lors mesurer l'influence de la qualité de la pièce de rechange sur la l'état du véhicule. C'est la raison pour laquelle les vendeurs de la pièce détachée sont mis à l'index dans la mesure où les pièces non conformes génèrent des accidents mortels. «Le véhicule obéit aux loi de la physique que souvent le conducteur ignore», déclarait il y a deux jours l'ex-officier de la police, M. Mohamed Lazouni. Ce dernier a évoqué précisément le gonflage des pneus. Son argumentaire ? «Les conducteurs cultivent l'idée selon laquelle il faudrait dégonfler les pneus pendant l'été», estime Lazouni, qui ajoute que 80% des accidents de la route sont causés par des pneus mal gonflés. C'est dire que la maintenance des véhicules participe de manière directe dans la sécurité routière devenue l'affaire de tous : particuliers, pouvoirs publics, vendeurs de la pièce de rechange et piétons. Il est nécessaire donc d'inclure la phase de «la rechange de la pièce» dans tout plan visant à réduire les probabilité qu'un accident de la route se produise. Une opération qui passerait par un contrôle rigoureux de la pièce détachée mise en vente dans le marché. Personne n'ignore que cette activité commerciale n'est pas surveillée. Des commerçants obtiennent des agréments pour vendre une marchandise bien précise et ils ne se gênent pas à garnir leurs locaux de toutes marques de pièces. Routes à la limite du praticable Routes non entretenues, manque de signalisation, absence d'éclairage sur plusieurs tronçons, ralentisseurs sauvages, tel est le résumé de l'état du réseau routier national. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics dégagent des enveloppes importantes. Un programme, dit d'envergure, a été mis en place ces dernières années. Concernant les routes nationales, tous les espoirs sont fondés sur l'inauguration du projet du siècle, à savoir l'autoroute Est-Ouest. Très attendue par la population et les automobilistes, l'ouverture de cette infrastructure de base, promise pour la prochaine année, permettra d'éliminer plus d'un bouchon, notamment ceux de Oued R'hiou, Boumedfâa, Boukadir et El Attaf sur la route nationale n4, et ceux d'Aomar, El Esnam de la RN5. Les automobilistes de passage sur ce périmètre passent des heures pour faire quelques kilomètres. Le directeur des routes au ministère des Travaux publics soutenait au début de l'année en cours que «la question relative à l'infrastructure routière est au cœur de la stratégie du secteur. Au cours de ces dernières années, des mises à niveau ont été effectuées à la faveur du programme quinquennal. 300 milliards de dinars ont été dégagés et destinés à la mise à niveau des routes nationales, de chemins de wilayas et communaux.» L'importance est accordée aux chemins communaux et de wilayas parce que ce sont les plus empruntés. Dans les zones montagneuses, les routes se dégradent avec l'accumulation des chutes de pluies et de neige. D'où la difficulté de maintenir en bon état le réseau routier dans ces localités. Les autorités locales sont d'ailleurs astreintes à réserver des parts que d'aucuns jugent importantes du budget pour le rétablissement des routes.