La chancelière allemande Angela Merkel entame aujourd'hui une tournée de trois jours au Mali, au Niger et en Ethiopie afin notamment d'intensifier la collaboration avec ces pays pour endiguer le flux des migrants tentant de gagner l'Europe depuis l'Afrique. La dirigeante se rendra d'abord au Mali et au Niger, deux pays de transit importants pour les candidats à l'asile, puis ira en Ethiopie, où elle se rendra notamment au siège de l'Union africaine, à Addis-Abeba. Ses entretiens avec les présidents malien Ibrahim Boubacar Keita et nigérien Issoufou Mahamadou, ainsi qu'avec le chef du gouvernement éthiopien Hailemariam Dessalegn, auront pour thème principal le «travail en commun autour de la politique migratoire», a annoncé vendredi soir son porte-parole, Steffen Seibert. Dans la foulée de son voyage, Mme Merkel recevra mercredi à Berlin le président tchadien Idriss Déby, puis vendredi celui du Nigeria Muhammadu Buhari. Ebranlée dernièrement par deux défaites électorales locales due aux critiques de l'opinion allemande contre sa politique d'accueil des réfugiés, la chancelière a entrepris de durcir un peu plus sa politique d'immigration. Elle table désormais en particulier sur un accord avec plusieurs pays africains sur le modèle de celui passé en mars entre l'Union européenne et la Turquie, afin d'endiguer le flux de réfugiés venus cette fois d'Afrique. Plus de 300 000 d'entre eux ont traversé la Méditerranée depuis le début de l'année pour se rendre en Europe, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Une grande partie d'entre eux sont originaires d'Afrique sub-saharienne. Un accord similaire à celui passé avec Ankara «doit être conclu avant tout avec l'Egypte, mais aussi avec d'autres pays africains», avait dit en septembre Mme Merkel. Le bien-être des Africains est «dans l'intérêt des Allemands» et constitue une question «stratégique extrêmement importante», a-t-elle insisté dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Die Zeit cette semaine. «Les gens sont à notre porte» et l'Allemagne doit faire face au problème, a-t-elle ajouté, alors que son pays a accueilli en 2015 quelque 890 000 réfugiés, notamment syriens. «Je ne crois pas que nous ferons disparaître ce problème en l'ignorant, en le tenant à distance ou par le repli sur soi», a insisté la chancelière dans l'entretien à Die Zeit. «Notre sécurité, la possibilité de vivre en paix et notre développement durable sont liés à la situation des gens qui vivent très loin de nous», a-t-elle souligné.