Les résultats de l'équipe nationale ne sauraient occulter ce qui a été réalisé en 4 ans. La Fédération algérienne de football organise, ce matin, à l'hôtel Sheraton, son assemblée générale annuelle ordinaire. Il s'agira de la dernière du présent mandat de l'équipe dirigeante qui est en place. Celle-ci arrive, en effet, en fin de mission et va devoir faire le bilan de ses activités de l'année qui vient de s'écouler mais, également, celui des quatre années qu'elle a passées à la tête de la plus puissante de nos fédérations sportives. Quatre ans et qu'est-ce qui a changé dans notre football ? Ils seront nombreux à répondre: «Rien du tout». Il est vrai que le travail d'une fédération sportive s'évalue, d'abord, en termes... sportifs, c'est-à-dire sur les résultats des équipes nationales et des clubs. Sur ce plan-là, le bilan peut être estimé comme négatif, ne serait-ce que par les performances de la première de nos équipes nationales, la A, qui a plus flirté avec les mauvais résultats qu'avec les prouesses. Sa dernière participation à une phase finale de coupe du monde remonte à 1986. Depuis il y en a eu quatre, et à chaque fois les Verts sont passés à côté de leur sujet, osant, même, la suprême humiliation d'être les premiers éliminés de la planète, face au Kenya, un jour de juin 1996, dans les préliminaires de la coupe du monde 1998. On ne semble pas près de trouver le détachant capable de nettoyer cette tâche. La preuve en est que les portes du prochain mondial, celui de 2006, s'apprêtent à se fermer à cette sélection, aujourd'hui dernière dans son groupe et qui n'est même pas sûre de se qualifier pour la phase finale de la CAN 2006. Mais plutôt que de dire «rien du tout», il serait plus réaliste d'aborder le problème autrement. La chute du football algérien ne date pas d'aujourd'hui ou d'un passé récent. Il s'agit d'une discipline sportive où tout va de travers parce que les pouvoirs publics n'ont pas joué le rôle qui leur était dévolu. Paradoxalement, on peut être certain que la double qualification de l'équipe nationale aux mondiaux de 1982 et de 1986 est pour beaucoup dans la déliquescence qui a frappé le football algérien. On était, alors, en pleine application du code de l'EPS de 1977 et l'on a cru que l'on venait de découvrir la recette miracle qui allait faire de nous les rois incontestés, d'une manière éternelle, du football continental. On s'était, donc, contenté de ces deux exploits pour piquer un roupillon pendant que les autres pays travaillaient. Il faut, en effet, admettre que le code de l'EPS, s'il avait été couronné de succès par certains exploits sportifs, n'avait pas été appliqué comme il se devait. Autrement dit, l'apport des entreprises publiques dans le sport en général et dans le football en particulier, n'avait pas été utilisé à bon escient. De l'argent, il y en avait et il était bien contrôlé, mais on s'en était servi, en majorité, pour la prise en charge des équipes. On ne s'était guère soucié de lancer une politique de formation, donc de renouvellement des élites, comme on n'avait pas accordé d'importance au fait que nos clubs ne disposaient pas de leurs propres centres d'entraînement. Le drame s'était accentué à partir de 1989 et du désengagement des entreprises publiques. Le libéralisme sauvage, né des réformes de 1989, a vu l'Etat investir des sommes énormes dans le football dont les clubs ont été livrés à des dirigeants dont l'écrasante majorité n'était mue que par des intérêts sordides. Cet Etat, au lieu de verser son argent à des gens entrés par effraction dans la discipline et auxquels on n'avait demandé aucun curriculum vitae, alors qu'ils étaient censés diriger des associations sportives donc, quelque part, sociales, aurait peut-être mieux fait de le donner à ses entreprises qui auraient continué à le gérer selon les dispositions d'un cahier des charges. Malheureusement, on a laissé faire et le football algérien est tombé dans une véritable anarchie où l'on ne parvient pas à dire s'il est soumis aux règles du professionnalisme ou s'il se vautre dans un amateurisme marron qui ne dit pas son nom. Il faut imaginer que le plus petit de nos clubs, celui qui évolue dans la plus petite de nos divisions, se permet de verser des salaires à ses joueurs. L'actuelle équipe dirigeante de la FAF, qui a pris le train en marche en 2001, ne pouvait en aucune façon transformer une équipe nationale de très bas niveau en un onze qui renverse tout sur son chemin. Elle ne pouvait le faire parce que la discipline est en plein désarroi avec des clubs non structurés, qui ne possèdent aucun centre d'entraînement et de formation, des clubs à qui on verse des milliards de centimes et à qui on ne demande aucun compte si ce n'est de tenir des AG «bidon» où les bilans sont expédiés sans aucune vérification, des clubs qui usent et abusent de cet argent pour les seuls seniors. Quand, en bas, tout va mal, comment peut-on s'attendre à des performances du haut, c'est-à-dire de l'équipe nationale? Alors contentons-nous de ce qui a été fait en dehors de cette sacro-sainte équipe nationale dont le remède ne peut venir que d'une action conjuguée entre la FAF et les pouvoirs publics. Il serait, en effet, malvenu de nier qu'en quatre années la fédération n'a pas changé. Celui qui était un habitué de son siège dans les années 90, où la cour était le rendez-vous régulier des présidents de club qui entraient sans frapper dans le bureau du président, ne reconnaîtrait pas le lieu aujourd'hui. La FAF s'est transformée et dispose d'un organigramme digne de celui des plus grandes fédérations dans le monde. La FAF, également, a légué la gestion du championnat à la Ligue nationale. On n'oubliera pas, surtout, que pour la première fois depuis fort longtemps, le football algérien a un représentant dans le bureau exécutif de la CAF en la personne de Mohamed Raouraoua alors que la Fifa vient d'accorder une aide pour que la fédération dispose d'ici peu d'un siège ultra-moderne. De tels résultats ne sauraient être occultés par ceux d'une équipe nationale que l'on veut à tout prix qu'elle réagisse alors que l'on sait qu'il faut, d'abord, passer par une restructuration de nos clubs. Si les pouvoirs publics restent les bras croisés, il n'y aura pas lieu de s'attendre à voir ce onze national renouer avec les succès et surtout durer dans cette spirale victorieuse.