Présenté en séance spéciale, hors compétition, le film, une coproduction algéro-tunisienne signée du cinéaste égyptien Samir Seif, a drainé un grand public, en présence d'un riche parterre des équipes du film. Il y avait foule samedi soir à la salle Rio, à Tunis, où a été projeté en première mondiale le long métrage Saint Augustin, l'enfant des larmes. Un film consacré à la vie et au parcours de saint Augustin (354-430) né d'une coproduction algéro-tunisienne et réalisé par le célèbre cinéaste égyptien Samir Seïf. Une oeuvre dont le ministre de la Culture Azzedine-Mihoubi avait signalé lors de sa préparation qu'elle s'inscrit «en droite ligne de la politique cinématographique algérienne privilégiant la réhabilitation des figures historiques de notre pays dont le legs atteste de la grandeur de la civilisation algérienne et du rôle majeur et universel joué à travers les époques par ses personnalités illustres». Traitant des principales étapes historiques de la vie de saint Augustin d'Hippone, ce long métrage raconte en fait l'histoire d'un jeune Algérien vivant en France à qui on demande de retourner en Algérie pour réaliser un docu-fiction sur la vie et le parcours légendaire de saint Augustin. Leurs vies vont se confondre tout au long du film, sachant que l'un comme l'autre sont nés à Souk Ahras anciennement connue sous le nom de Thagaste et tous les deux seront amoureux d'une femme qui va tomber enceinte alors qu'ils ne s'y attendaient pas. Le film ballotté entre les remords et les doutes de l'un comme de l'autre, va nous narrer le récit de deux vies qui semblent complètement éloignées par la grandeur de l'histoire, mais si proches pourtant par les questionnements philosophiques, existentiels et sentimentaux qui sont toujours d'actualité. Le personnage campé par le jeune Algérien n'est autre que l'acteur Imad Benchenni (Zabana! de Saïd Ould Khelifa) qui, usant d'un jeu simple et vrai, saura dévoiler son talent d'acteur avéré dans ses situations de réalisateur télé qu'il est aussi dans la vie d'où le fait qu'il nous avouera en aparté s'être senti vraiment proche de son personnage. Célèbre philosophe, religieux, scientifique et théologien berbère, Augustin d'Hippone fut l'un des principaux Pères de l'Eglise latine et l'un des trente-trois docteurs de l'Eglise. Il est d'ailleurs fêté par les catholiques chaque 28 août, jour de sa mort. Son oeuvre et sa doctrine donnèrent naissance à un système de pensée, l'augustinisme, qui influença toute l'histoire de l'Eglise. Ce long métrage suivra son parcours en allant filmer tour à tour en Algérie, à Carthage (Tunisie), à Rome et à Milan en Italie. Le film qui évoque les errements de cet homme à travers ses livres Les confessions que le journaliste va lire tout au long du film pour restituer les faits historiques dans leur exactitude, va s'intéresser à sa vie familiale, amoureuse et intime avec Tanit, mais aussi ses dons d'orateur et d'avocat, passant par son intérêt pour le manichéisme jusqu'à ses voeux et conversion au christianisme, alors qu'il n'a cessé durant toute sa vie de chercher la clé de la vérité pour atteindre la paix intérieure, incarner la sagesse absolue et finir par être l'homme exemplaire en dogme et en religion savante. Séduit par la philosophie de Cicéron et l'idéologie manichéenne à 19 ans, c'est à Milan, sous l'influence d'Ambroise, qu'il décide d'entrer dans l'Eglise catholique. Baptisé à Pâques en 387, il laisse tomber la politique et retourne à Thagaste, pour y vivre en moine. Devenu prêtre puis évêque, il est à l'origine d'une immense oeuvre théologique. Saint Augustin, fils de Thagaste et de Numidie est admirablement campé par un acteur tunisien qui fera date. Toutefois, si le film semble intéressant dans sa mise en scène, il pèche par quelques longueurs dans le scénario et laisse échapper surtout une certaine forme de théâtralité dans certaines scènes dont d'autres rébarbatives qui relèveraient beaucoup plus du petit écran. Néanmoins, ce film a le mérite de vulgariser l'histoire de ce grand homme dont beaucoup d'Algériens ne connaissent quasiment que le nom de la célèbre église à Oran. Au-delà de l'aspect filmique de cette histoire il y a lieu de souligner aussi l'importance du renouvellement de ce genre d'expérience en incitant beaucoup plus à la coproduction dans les pays arabes et du Bassin méditerranéen.