Des marches et rassemblement s'organisent et la protesta s'amplifie Ultime acte de rébellion contre Sa Majesté le roi, des manifestants avaient des portraits de Abdelkrim Khattabi, le «héros du Rif» et scandaient des slogans hostiles au roi. Colère et indignation. Deux jours après l'effroyable mort de Mohcine Fikri, un jeune vendeur de poisson happé puis écrasé par une benne à ordures alors qu'il tentait de s'opposer à la saisie et à la destruction de sa marchandise, les villes marocaines sont toujours sous tension. Des marches et rassemblement s'organisent et la protesta s'amplifie, le Royaume craque de partout. Après les milliers de personnes qui ont manifesté à Al Hoceima, dans le nord du Maroc, la protesta a fait tache d'huile. De Casablanca à Rabat, de Tanger à Tétouan de Larache à Meknès et à Al Hoceima, l'exaspération est la même, les sujets crient leur détresse: «Non à l'abus de pouvoir, non à la hogra», «Tuez-les! Tuez-les! Les fils du peuple prendront la relève», «Mohcine est mort broyé, le Makhzen est le responsable». Ce sont autant de slogans jamais osés auparavant, jamais entendus mais qui résonnent désormais dans les rues glacées du Royaume. Mieux encore, les manifestants brandissaient des portraits de Abdelkrim Khattabi, le «héros du Rif». Ultime acte de rébellion contre Sa Majesté le roi. Ces manifestations ont brisé une chape de plomb imposée par un régime en total déphasage avec une société brimée. Misère sociale, chômage, drogue et prostitution. Les événements ont suscité une indignation internationale au point où même l'ONU s'est dit inquiète de la situation. Au cours de son point de presse quotidien, le porte-parole de Ban Ki-moon, Stéphane Dujarric, a indiqué que l'ONU suit la situation de près au Maroc. «Nous surveillons évidemment la situation», a-t-il dit. M.Dujarric s'est abstenu cependant d'établir des similitudes entre ce drame et l'événement rappelant le décès en 2010 de Mohamed Bouazizi, un vendeur de fruits qui s'était immolé par le feu en Tunisie, qui a été à l'origine des manifestations pro-démocratie du «printemps arabe». Ces graves troubles sociaux interviennent à une semaine de l'ouverture à Marrakech de la Conférence sur le climat, la COP 22, et à laquelle devrait prendre part le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Une double pression s'exerce sur le Royaume soucieux de son image auprès des Occidentaux. La gravité de la situation et le sérieux risque de glissement se lisent dans la décision du roi du Maroc d'annuler une visite qu'il devait effectuer en Ethiopie. Les médias marocains ont relayé un communiqué du Makhzen enveloppé dans des formules édulcorées, de sorte à faire croire à une absence de lien entre ce report et la situation explosive qui règne au Maroc en ce moment. La mort du vendeur ambulant dans la ville côtière d'Al-Hoceima, dans des circonstances terribles, rappelle l'affaire Bouazizi en Tunisie, qui a balayé 25 années de dictature en trois semaines seulement. La police marocaine non formée à la gestion des foules peut à tout moment pousser ces manifestations pacifiques vers la radicalisation. La colère ne tombe pas et les dirigeants marocains semblent en panne d'alternative face à cette déferlante sociale. Seule mesure prise pour calmer les esprits: la justice marocaine a annoncé déférer hier, 11 personnes devant un juge d'instruction «pour faux en écriture publique et homicide involontaire à la suite du décès de Mohcine Fikri». Sinon, le roi semblait tôt préoccupé par le sort du chanteur Lamjared. En effet, Mohammed VI va prendre en charge les frais d'avocat du chanteur pop Saâd Lamjared, inculpé et écroué depuis vendredi dernier en France pour «viol aggravé» a rapporté l'agence marocaine, MAP. Le souverain a conseillé à la famille de Saâd Lamjared l'avocat français Me Eric Dupond Moretti, connu pour avoir obtenu de nombreux acquittements. Une jeune femme de 20 ans a déposé plainte mercredi dernier, affirmant avoir été agressée quelques heures plus tôt par le chanteur dans la chambre d'hôtel de ce dernier, près des Champs Elysées à Paris. Le chanteur avait consommé de l'alcool et des stupéfiants au moment des faits, selon les premiers éléments de l'enquête. Le chanteur a déjà été mis en cause aux Etats-Unis dans une affaire de viol datant de 2010. Clinton corrompue par Rabat Les manoeuvres marocaines pour obtenir le soutien américain à sa politique d'occupation du Sahara occidental ont éclaboussé, une nouvelle fois, l'ex- secrétaire d'Etat et candidate démocrate à l'élection présidentielle américaine, Hillary Clinton, accusée d'avoir bénéficié de dons d'un montant total de 28 millions de dollars du Royaume chérifien pour sa fondation. Selon le site d'information américain The Daily Caller qui a révélé ce nouveau scandale, Hillary Clinton a concédé «deux énormes faveurs» au Maroc en contrepartie de cette donation financière pour sa fondation, alors qu'elle était à la tête du Département d'Etat américain.