Paul Pogba est parti, mais la Juventus Turin, qui peut se qualifier pour les 8es de finale de la Ligue des Champions dès ce soir en cas de succès face à Lyon, est toujours «une équipe monstrueuse», comme l'a rappelé Claudio Marchisio. Tout est dans le petit clip diffusé par la Juventus lundi à l'occasion d'Halloween: quelques images du match remporté samedi face à Naples, des masques terrifiants greffés sur les visages des buteurs Bonucci et Higuain, une musique angoissante et Marchisio, grimaçant, qui répète: «Nous sommes une équipe monstrueuse». De fait, le début de saison turinois confirme que la perte de Pogba a été digérée sans difficulté particulière. Trois mois après la conclusion de ce transfert scénarisé par son agent et équipementier, le milieu de terrain français cherche encore ses marques dans une équipe qui ira jeudi défendre sa deuxième place en Europa League sur le terrain de Fenerbahce. La «Juve» est-elle leader du championnat d'Italie avec quatre points d'avance sur la Roma, sa dauphine, et première de son groupe de Ligue des champions avec la possibilité de se qualifier pour le printemps européen dès le 4e match de poules pour la première fois depuis 2008. Si elle bat l'OL mercredi, l'équipe de Massimiliano Allegri n'aura plus qu'à disputer à Séville la première place du groupe afin d'éviter la mésaventure de la saison dernière, quand elle avait payé sa deuxième place d'un 8e de finale face au Bayern Munich. Pourtant, les bianconeri n'ont pas toujours été «monstrueux» cette saison et ont connu quelques trous d'airs - défaites contre l'Inter et le Milan - qui laissent quelques espoirs aux Lyonnais. A l'aller, qu'ils avaient remporté 1-0, les Italiens avaient d'ailleurs été sauvés par un immense Buffon et la défense, traditionnel pilier des succès turinois, est fragilisée par les blessures récurrentes de Chiellini, forfait mercredi. Mais ce qui risque de rendre cette Juventus réellement «monstrueuse», c'est justement le retour du régulateur Marchisio. Indisponible depuis avril après une grave blessure à un genou, «il principino» (le petit prince) a fait son retour il y a 10 jours et devrait être titulaire mercredi après avoir été ménagé face à Naples. Milieu de terrain complet et ultraprécis, capable de dicter le tempo d'un match, Marchisio est probablement l'un des joueurs les plus sous-estimés d'Europe et son retour est l'une des clés de l'après-Pogba. Car en laissant filer le Français, la Juventus s'est donné les moyens de recruter un grand buteur avec Higuain, mais aussi Pjanic, afin de rebâtir un milieu de terrain (quasi) aussi impressionnant que celui de la saison dernière. Le trident Khedira-Marchisio-Pjanic est ainsi la solution imaginée pour oublier Pogba. En l'absence de Marchisio, Lemina ou Hernanes ont dépanné sans démériter ni convaincre absolument et le match face à Lyon doit permettre de lancer réellement le trio titulaire. Il était évident que Pjanic ne remplacerait pas Pogba sur le plan du volume de jeu et du physique. Mais pour l'heure, il lui manque aussi un peu d'esprit d'initiative et son adaptation est jugée un peu lente par les observateurs italiens alors que sa relation avec Higuain sera cruciale pour l'avenir de la Juve. Mais en perdant à l'aller sur un but du joker Cuadrado, les Lyonnais - qui seront eux éliminés en cas de défaite et de victoire de Séville - ont pu constater la richesse de l'effectif d'Allegri et l'étendue de ses possibilités tactiques. Elle a perdu Pogba, mais la «Vieille Dame», qui a fêté ce mardi ses 119 ans, n'a rien perdu de sa souplesse et elle a les idées claires.