C'est la faillite de l'expérience islamistes sur le terrain de la démocratie Aucune formation de cette mouvance ne parvient à sortir la tête de l'eau. Les dérives de leurs frères en Turquie et au Maroc accentuent leur descente aux enfers. Réunion houleuse, hier, au parti Ennahda. Un échange vif a eu lieu entre cadres de cette formation islamiste, membre de l'Alliance de l'Algérie verte. Le ton est sérieusement monté et les accusations pleuvaient de part et d'autre. Le parti donnait de lui une piètre image qui tranchait avec son discours sur «les pratiques du système». L'un des cadres affirmait justement que la direction du parti avait recours à des pratiques malhonnêtes, dont la conséquence est l'exclusion et la division des rangs. Cet accès de colère, devant la presse nationale, témoigne de la grande tension qui règne au sein d'Ennahda. Un parti assez représentatif de la mouvance islamiste, dont les dirigeants traînent un passé de coup d'Etat contre son fondateur historique. Cette formation politique est représentative, au regard des soubresauts qui agitent la scène islamiste, en Algérie. Le MSP de Makri, le MRN et autres FJD de Abdellah Djaballah ne parviennent pas à se hisser à un niveau de visibilité politique à même de se constituer en pôle de gouvernement. Les islamistes en perte de vitesse à quelques mois d'une échéance politique majeure, c'est peu dire. Aucune formation de cette mouvance ne parvient à sortir la tête de l'eau. Le MSP qui pouvait, il y a quelques années, prétendre à une mission de gouvernance, pour avoir placé beaucoup de ses cadres dans les rouages de l'Etat, s'est englué dans un discours «oppositionniste» en voulant surfer sur la vague du printemps arabe. La manoeuvre de Makri a débouché sur un résultat aux antipodes de celui espéré par l'internationale islamiste en général et sa branche algérienne en particulier. Ainsi, au moment où les «révolutions» arabes ont porté les Frères musulmans aux affaires en Egypte, en Tunisie et au Maroc, c'était la douche froide pour le conglomérat intégriste algérien qui a fédéré ses forces sous la bannière de l'Alliance pour l'Algérie verte. Les élections législatives de 2012 avaient déjà enterré le rêve des Frères musulmans, d'abord en Algérie avant que l'Egypte et la Tunisie ne suivent. Mais l'entêtement radical de Makri a empêché un recadrage de l'action du MSP. Ce parti, jadis partie prenante de la décision politique, est tiré vers le bas par des initiatives sans lendemain d'une opposition qui ne parvient pas à s'assumer. En mettant de côté l'idéologie pour faire bloc contre le pouvoir, la Coordination pour la liberté et la transition démocratique, ainsi que l'Instance consultative et de suivi de l'opposition ont construit en fait, un «bonhomme» de neige qui a fondu aux première «chaleurs» idéologiques dans le dossier de l'école, notamment. Dans cet épisode et dans d'autres combats, les islamistes ont pris sur eux de détruire tout illusion d'édifier une opposition crédible. A défaut de construire leur propre alternative au pouvoir en place, ils ont été la chercher dans la Turquie d'Erdogan. Or, le temps a montré que le vrai visage du régime turc n'a rien à voir avec les principes démocratiques. Nonobstant ses succès électoraux, le président turc est d'une grande brutalité. Des dizaines de journalistes en prison, des dizaines de milliers de fonctionnaires radiés sur simple soupçon de participation au fameux coup d'Etat manqué, des milliers de Kurdes tués par les bombardements de l'aviation turque et très récemment le blocage de tous les réseaux sociaux pour des motifs politiques assumés par le chef de l'Etat turc, mettent à nu les pratiques de l'islamisme turc. L'autre exemple de confirmation du poids électoral vient du Maroc. Le parti islamiste au pouvoir dans ce pays a montré de grandes limites dans la gestion du pays. Il passe pour être l'alibi démocratique d'un roi qui tient le pays d'une main de fer. Les dernières manifestations des Marocains, quelques jours à peine après la victoire législative du parti islamiste, marque une rupture sérieuse entre la société et ce parti, acquis au Palais royal. Ces deux exemples de faillite de l'expérience islamiste sur le terrain des libertés démocratiques pèseront certainement dans la pré-campagne et la campagne électorale pour les législatives. Les Makri et consorts perdant tous leurs arguments sur la réussite du modèle islamiste auront du mal à convaincre un électorat, bien plus au courant, l'Internet aidant, de ce qui se fait de par le monde. A six mois du rendez-vous avec les urnes, les partis islamistes algériens n'auront certainement pas leur «révolution». Ce sont les mauvais élèves de la grande confrérie des Frères musulmans.