Le système d'aide demande à être revu et corrigé Pour «faire mieux avec moins de dépenses», M. Kateb préconise de mettre à plat le système de financement en associant les partenaires privés nationaux et internationaux dans le financement des projets. Le système actuel de subventions ne peut plus survivre. Il risque même de mettre en difficulté la politique nationale de solidarité et d'en pervertir les effets. Ce constat, ils sont nombreux à le faire les experts, les observateurs et les responsables politiques en charge de la question. Alexandre Kateb, économiste, n'en disconvient pas. Selon lui, en effet, le système actuel des subventions est non seulement «intenable» mais il connaît aussi une hausse en fonction de la croissance démographique au moment où les ressources pétrolières connaissent une baisse drastique. «L'Algérie a un système de subventions qui est intenable, absorbant près de 50% des dépenses de fonctionnement. Il faut passer aujourd'hui à un système de subventions ciblées», a-t-il souligné lors d'un passage dans une émission de la Radio nationale en rappelant que «ces subventions et transferts sociaux représentent 15% du PIB, soit 30 milliards de dollars», ce qui représente une somme importante, d'autant plus qu'elle est appelée à croire à l'aune de la croissance démographique importante qui est enregistrée chaque année. Ainsi, conscient des implications néfastes d'un maintien de la politique de subventions dans sa déclinaison actuelle, il a prôné mordicus la rationalisation des dépenses et la nécessité de les rentabiliser, tout en appelant les citoyens à prendre conscience de l'insoutenabilité de ces dépenses. «On est dans un pays avec un système social extrêmement généreux en volume. Il faut financer ce système de redistribution...L'Algérie est parmi les pays les moins performants en matière de rendement des dépenses d'équipement, l'impact étant faible sur le PIB», a-t-il soutenu. Toutefois, en plus du fait que les subventions entraînent des gaspillages tous azimuts et mettent le gouvernement dans uns situation de stress budgétaire, elles faussent l'allocation des ressources, elles découragent l'investissement et stimulent les importations, puisque la majorité des produits subventionnés est importée, à savoir le lait, la semoule, l'huile, l'essence, le gasoil, le sucre, etc. Pis encore, les subventions alimentent la contrebande aux frontières, notamment des carburants et font perdre à l'Algérie, selon Ahmed Ouyahia, plus de deux milliards de dollars par an. Néanmoins, malgré cet état de fait déplorable, le gouvernement, tout en reconnaissant le caractère intenable de la situation, reste otage d'un populisme d'Etat dont l'unique objectif, piètre au demeurant, est «le maintien de la paix sociale». En 2011, dans le sillage du printemps arabe, le ministre du Commerce d'alors, Mustapha Benbada, avait vivement insisté sur la réforme du système des subventions dans le sens d'un meilleur ciblage. «Notre système de subventions est trop généreux. Il profite à tout le monde. Il ne profite pas aux nécessiteux. L'aide de l'Etat doit aller à ceux qui la méritent, alors qu'aujourd'hui tout le monde peut acheter un sachet de lait à 25 dinars», a-t-il expliqué, en précisant que «l'Etat algérien pourrait ne pas avoir les moyens prochainement pour subventionner les produits de première nécessité». Ahmed Ouyahia aussi a plaidé pour la suppression des subventions généralisées. Depuis, bien de l'eau a coulé sous les ponts sans qu'une quelconque décision ne soit prise dans ce sens, excepté une augmentation de l'ordre de 34% des prix de certains carburants. A présent, au vu des tensions budgétaires induites par la chute des prix du pétrole redoublant de plus en plus de férocité, la question se pose avec acuité. En plus du FCE, qui bat sans cesse le pavé de la République pour exiger une réforme du système des subventions qu'il juge, tout comme Benbada et Ouyahia, beaucoup d'économistes, s'alignent sur l'idée et revendiquent la réforme du système des subventions dans le sens d'un meilleur ciblage. Mais, contre toute attente, la loi de finances 2017 n'a pas prévu grand-chose en la matière. A peine quelques arrangements comptables sans grand impact sur la politique générale des subventions. Ceci dit, celle loi de finances étant encore en gestation, le Parlement ne l 'ayant pas encore adoptée, il est possible que des révisions y soient apportées. C'est du moins le souhait d'Alexandre Kateb qui, en sa qualité de membre de la Task Force qui conseille le Premier ministre Abdelmaek Sellal, sait sans nul doute qu'une réorientation de la politique des subventions est encore possible à l'heure qu'il est.