Le porte-avions russe Amiral Kouznetsov qui doit renforcer le dispositif militaire russe en Syrie se trouve actuellement au large des côtes syriennes, a annoncé hier son commandant, Sergueï Artamonov. «Les navires du groupe du porte-avions russe sont arrivés dans la zone désignée (...) dans l'est de la Méditerranée. Ils sont en train de remplir ensemble leurs tâches, en naviguant dans les eaux à l'ouest de la côte syrienne», a déclaré Sergueï Artamonov à la chaîne de télévision publique russe Rossia 1. Les avions embarqués sur l'Amiral Kouznetsov effectuent des vols d'entraînement «quasi quotidiennement», a-t-il ajouté. Cette annonce intervient sur fond de tensions accrues entre la Russie et l'Occident sur le règlement de la crise en Syrie. La Russie, qui procède depuis un peu plus d'un an à des frappes aériennes en soutien aux forces armées syriennes, avait annoncé à la mi-octobre que son porte-avions, l'Amiral Kouznetsov, et son escorte se dirigeaient vers la Syrie, avec des avions et des hélicoptères de combat, pour renforcer la présence militaire russe dans cette zone. Le déploiement de ce porte-avions ainsi que du croiseur Piotr Veliki, du destroyer Amiral Koulakov et de navires antisous-marins permettra de «répondre à toute nouvelle forme de menace contemporaine, comme la piraterie et le terrorisme international», avait alors expliqué l'armée russe. Habituellement basé à Severomorsk, dans la mer de Barents, l'Amiral Kouznetsov a à son bord des chasseurs SU-33, MiG-29KR et MiG29-KUBR, ainsi que des hélicoptères Ka-52K. La Russie dispose par ailleurs d'une base aérienne à Hmeïmim, près de Lattaquié, d'où elle a procédé à des raids aériens depuis le début de son intervention le 30 septembre 2015, ainsi que d'installations portuaires militaires à Tartous. Le 18 octobre, la Russie a cependant interrompu ses frappes aériennes sur Alep, l'ancienne capitale économique de la Syrie, divisée depuis 2012 entre ses quartiers ouest tenus par le régime et ses quartiers est contrôlés par les rebelles et des jihadistes, dévastée par des bombardements. La Russie a également instauré plusieurs trêves humanitaires à Alep ces dernières semaines afin de permettre l'évacuation de civils et de blessés, le retrait des combattants et l'acheminement de l'aide humanitaire. Mais l'évacuation a échoué, les passages humanitaires établis par l'armée russe à ces fins étant restés quasiment déserts, notamment en raison des «tirs permanents des combattants», selon le ministère russe de la Défense. Hier, le ministère a exigé des garanties de l'ONU, «principale condition» posée à l'instauration d'une éventuelle nouvelle trêve humanitaire. «Le ministère de la Défense sera prêt à examiner la mise en place de nouvelles +pauses humanitaires+ dès que les représentants de la mission humanitaire de l'ONU en Syrie auront officiellement confirmé qu'ils sont prêts et qu'il est possible de livrer de l'aide humanitaire à Alep et d'en évacuer les blessés et les civils malades», a-t-il souligné dans un communiqué. Au plan militaire, les forces armées syriennes ont repris tous les secteurs pris récemment par les rebelles à Alep-ouest, annulant tous les progrès des insurgés pour briser le siège, a indiqué hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh, basé en Grande-Bretagne). Les groupes rebelles, qui contrôlent les quartiers est d'Alep assiégés par les force gouvernementales, avaient lancé le 28 octobre une offensive afin de desserrer l'étau, et avaient réussi à prendre le contrôle de plusieurs secteurs. Selon l'Osdh, l'armée a reconquis les secteurs stratégiques dont le quartier ouest de Dahiyet al-Assad et le village de Minyane, à la périphérie de la ville. Ces reconquêtes annulent tous les progrès réalisés par les rebelles, dont le Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra et branche syrienne d'Al Qaîda. Les forces syrienens ont encerclé Alep-Est en août, coupant la dernière ligne d'approvisionnement vers les quartiers de l'opposition et imposant un blocus qui a entraîné des pénuries de nourriture et de carburant. Les rebelles ont tenté plusieurs fois de briser le siège mais aucune aide n'est parvenue dans les quartiers-Est depuis juillet.