L'initiative de l'émissaire onusien Staffan de Mistura, présentant un plan d'évacuation sécurisé des combattants de Fatah Al Cham, a tourné court. Il est tout de même surprenant que l'Occident coalisé ou en solitaire (le cas de la France) qui a déclaré la guerre au groupe terroriste Daech prête main forte au Fatah Al Cham inscrit dans la liste noire des organisations terroristes reconnues par l'Onu et les Etats-Unis. Al-Qaïda, un allié de choix dans la stratégie de domination impérialiste qui, comme le redoute la Turquie d'Erdogan, couve une troisième guerre mondiale ? Après le round infructueux des « acteurs régionaux » influents (Arabie saoudite, Qatar, Jordanie, Egypte, Turquie et, de l'autre bord, Iran, Irak), Washington se tourne vers le groupe des alliés « affinitaires » pour prêcher les « nouvelles idées » évoquées par le secrétaire d'Etat, John Kerry, pour tenter de ranimer une trêve éclatée. « Il y a plusieurs idées qui doivent être rapidement creusées, avec l'espoir qu'elles puissent contribuer à résoudre les problèmes qui empêchaient la mise en œuvre du précédent cessez-le-feu », a déclaré Kerry, précisant qu'il « ne peut pas détailler ces idées » pour le moment. Une réunion avec les « grands absents » européens de Lausanne, membres du Groupe international de soutien à la Syrie, à savoir la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et l'Italie, a eu lieu à Londres. Selon le Sunday Times, la proposition de « zones de non-bombardement » va être soumise au débat par le ministre des Affaires étrangères britannique, Boris Johnson, prévoyant, comme le traduit son appel à protester devant l'ambassade de Russie à Londres, un durcissement. Si le scénario du pire remet au goût du jour le projet avorté de résolution de la France présenté à la dernière session du Conseil de sécurité, il ouvre la voie à une intervention militaire contre le régime syrien. Washington, qui a jusque-là écarté cette option jugée dangereuse et coûteuse, cautionnera-t-elle une dérive fatale ? Moscou, prête au compromis onusien de sortie de Fatah Nosra, a décidé de « prolonger les contacts » avec Washington en maintenant l'étau sur Alep et en renforçant sa présence militaire. Plus d'un an après le début de son intervention en Syrie, le porte-avions l'Amiral Kouznetsov, le croiseur Piotr Veliki, le destroyer Admiral Koulakov et des navires anti-sous-marins se sont dirigés vers la Syrie pour « répondre à toute nouvelle forme de menace contemporaine, comme la piraterie et le terrorisme international », a déclaré la Flotte russe, citée par l'agence de presse russe Interfax. C'est à Tartous, transformée en base navale permanente, que sera déployé le porte-avions, disposant de plusieurs avions et hélicoptères de combat, dont les chasseurs SU-33, MiG-29KR et MiG29-KUBR, et l'hélicoptère Ka-52K. L'impasse est donc totale. Si Alep ne connaît aucune accalmie, l'intervention turque, lancée le 24 août pour déloger Daech et combattre les Kurdes syriens des Unités de protection du peuple kurde, les YPG, pourtant soutenus par les Etats-Unis, a permis le contrôle de la ville de Dabiq, proche de la frontière turque. Qui arrêtera le terrible engrenage de l'intervention étrangère porteuse de chaos pour la Syrie ?