Les 22 Etats membres se sont entendus sur un Smig retenu à partir des nombreuses réformes proposées par l'Algérie. Après la rencontre tenue mercredi au niveau des experts, le week-end a été consacré à celle des ministres arabes des Finances et de l'Economie. Le CES, conseil économique et social arabe a ainsi retenu, et même salué «la proposition algérienne portant création d'un satellite scientifique arabe». Une première, en somme, impensable il y a de cela juste quelques mois, ou semaines. Cette proposition, faite par le président Bouteflika en personne, selon Nouredine Boukrouh, ministre algérien du Commerce, a été examinée la veille, mercredi, par les experts arabes avant d'être retenue par le projet de déclaration finale de la réunion des délégués permanents et hauts responsables des Etats de la Ligue arabe pour être enfin soumise au sommet arabe, qui doit se tenir les 22 et 23 mars à Alger. Ce satellite aurait pour mission d´assurer aux pays arabes une meilleure couverture de leurs besoins en informations relatives aux catastrophes naturelles et à l´environnement, selon M.Boukrouh. Il est à souligner que les pays arabes ne possèdent actuellement qu'un seul satellite commun, Arabsat, utilisé uniquement dans le domaine de l´information et constitue le relais des télévisions et radios arabes. Cela, du reste, n'est pas la seule des propositions algériennes retenues à l'unanimité. Six autres, selon Abdelkader Hadjar, notre ambassadeur en Egypte, qui a présidé les travaux des délégués permanents auprès de la Ligue arabe. Selon lui, en effet, pas moins de six propositions ont été présentées par l'Algérie dans le cadre de la réforme de l'organisation panarabe et de l'amélioration de l'action arabe commune. Il s'agit «du mécanisme de vote au sein de la Ligue arabe, qui suivra désormais la règle du consensus d'abord, puis de la majorité qualifiée des deux tiers s'il n'y a pas d'unanimité, dans les questions politiques majeures» qui met fin au consensus automatique. Le droit de veto de fait, dont jouissaient jusqu'à présent tous les Etats membres, sera ainsi levé, en même temps que les blocages qui empêchaient ce regroupement de décider quoi que ce fut d'important sans qu'une voix contre ne vienne tout bloquer. Quant aux questions «de procédure habituelle, elles seront adoptées à la majorité simple», ajoute en outre le diplomate algérien. Cela, avant de souligner que le sommet arabe d'Alger «va charger les ministres des Affaires étrangères de dresser la liste des questions de fond et de procédure». Il est toutefois possible, comme nous l'apprenons de sources diplomatiques crédibles, que cette question soit reportée pour après le sommet à cause de sa «lourdeur», ce qui risquerait de retarder les travaux au moment où pas moins de 16 points, tous plus importants les uns que les autres, sont inscrits à son ordre du jour. Abdelkader Hadjar ajoute que les experts arabes se sont «également mis d'accord sur la mise en place d'une troïka composée des trois pays présidant les sommets arabes actuel, passé et prochain, qui aura les prérogatives d'un Comité de suivi et de surveillance des décisions prises par la Ligue arabe». Cette proposition, également algérienne, est tout simplement «révolutionnaire» pour la simple raison qu'elle permettra de suivre effectivement le suivi et l'application des résolutions prises, mais aussi de décider de mesures coercitives diverses pouvant être prises à l'encontre des éventuels Etats «récalcitrants». Rien de cela n'était avant le Sommet d'Alger, ce qui lui donne, entre autres, toute son importance. Ce dernier point, du reste, est proposé pour être intégré dans la Charte de la Ligue arabe, laquelle sera exceptionnellement révisée après une soixantaine d'années d'immobilisme face à un monde en train d'évoluer, quasiment, à la vitesse de la lumière. Dans le chapitre des réformes, et toujours sur proposition algérienne, il a également été convenu de la création d'un Parlement arabe «composé, dans un premier temps, de quatre parlementaires issus de chacun des pays membres de la Ligue». Après la coopération entre les Etats et les royaumes, celle-ci ira donc vers les peuples, ou à tout le moins leurs représentants. La quatrième proposition présentée par l'Algérie et adoptée par les délégués arabes concerne la participation de la société civile dans les réunions des ministres arabes de l'Economie, selon des critères de participation préétablis. Les délégués arabes ont également adopté une «stratégie relative à la femme arabe» définissant le rôle et les droits des dans le monde arabe. Dans le chapitre de la coopération économique, nous apprenons que l´Algérie, qui a signé à la fin de l´année 2004 la convention d´adhésion à la Grande zone arabe de libre-échange, doit commencer l´application des règles commerciales de cette zone dans les mois prochains. Dix-neuf pays arabes sur 22 (sauf la Somalie, Djibouti et les îles Comores) ont déjà adhéré à cette zone lancée en 1998 après des années de gel, et bénéficient ainsi des exonérations douanières correspondantes. A partir du 1er janvier 2005, les tarifs douaniers appliqués aux échanges commerciaux entre certains de ces pays étaient carrément supprimés. Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, qui séjourne à Alger depuis mardi passé, semble pour sa part très satisfait du déroulement des réunions préparatoires. Dans une déclaration faite à l'issue des travaux préparatoires, Amr Moussa a indiqué que «les délibérations ont été bonnes et objectives sur tous les points abordés». Preuve en est, notamment, que l'ordre du jour a été adopté unanimement sans la moindre modification, en attendant, toutefois, l'ultime rencontre, à savoir celle des chefs de la diplomatie arabe.