Le kamikaze a déclenché sa charge alors qu'il se trouvait parmi les fidèles dans la mosquée, a indiqué Fridon Obaidi, du ministère de l'Intérieur, faisant état de 27 morts et 35 blessés. La communauté chiite de Kaboul a été une nouvelle fois visée hier par un puissant attentat-suicide revendiqué par l'organisation Etat islamique qui a fait au moins 27 morts dans une mosquée, en pleine célébration d'une importante fête religieuse marquant le 40e jour suivant l'Achoura. «J'étais en train de prier, j'ai entendu une explosion et la poussière a entièrement recouvert la mosquée. Quand elle s'est dissipée, je n'ai vu que du sang et des corps...», a rapporté un témoin, Nadir Ali, depuis son lit d'hôpital. «J'ai été blessé au poignet mais j'ai réussi à ramper hors de la mosquée». Les premières images de l'intérieur de la mosquée Baqirul Olum, dans l'ouest de la capitale afghane, montrent des locaux dévastés et des débris baignant dans des mares de sang, témoins de la violence du souffle. Cet attentat suicide portait la marque du groupe Etat islamique, qui a assumé la responsabilité des précédents attentats ciblant cette minorité religieuse en Afghanistan. Les taliban, engagés dans une lutte meurtrière contre le gouvernement soutenu par l'occident, ont indiqué ne pas être responsables de l'attentat. «J'étais dans la mosquée, les gens étaient en train de prier quand j'ai entendu un énorme bang' et les vitres exploser. Je n'avais aucune idée de ce que qui se passait, je me suis enfui en criant», a rapporté un autre témoin, Ali Jan. De nombreuses ambulances ont afflué vers la zone, qui a été complètement bouclée, a indiqué un porte-parole du ministère de la Santé, Mohammad Ismail, précisant que les victimes avaient été acheminées vers deux hôpitaux de Kaboul, Istiqlal et Emergency. La communauté chiite célèbrait hier l'Arbaïn qui marque la fin des 40 jours de l'Achoura, en souvenir de la mort de l'imam Hussein. Jusqu'à 20 millions de personnes sont attendues en Irak dans la ville sainte chiite de Kerbala à l'occasion du pèlerinage annuel de l'Arbaïn, l'un des plus grands événements religieux au monde, considéré comme une cible potentielle pour des attentats communautaristes. Lors de l'Achoura le 13 octobre dernier, une série d'attentats revendiqués par l'EI contre les chiites afghans avait fait plus de 30 morts et près de 100 blessés, à Kaboul et Mazar-i-Sharif, la grande ville du Nord. C'est la troisième fois que les chiites sont visés dans Kaboul depuis l'attentat du 23 juillet contre une manifestation de la minorité hazara qui avait fait 85 morts et plus de 130 blessés. Ce double attentat-suicide au coeur d'une foule pacifique avait aussi été revendiqué par l'EI. Dans un communiqué, le président Ashraf Ghani a rapidement condamné l'attaque «barbare» d'hier et dénoncé des «tentatives de division» de la population afghane. Amnesty International a déploré de son côté une attaque «horrible et délibérée», appelant le gouvernement à protéger les minorités. Comme après chaque attaque anti-chiite, la foule a reproché aux autorités d'être «incapables» d'assurer la protection des fidèles chiites. «Les forces de sécurité ont encore été incapables de protéger les mosquées, les pèlerins et leurs rassemblements», s'est ainsi écrié peu après l'explosion un habitant se présentant comme M.Rahmat. «Ils savent pourtant que Daesh (EI) qui arrive à perpétrer des attaques en Europe peut facilement cibler des sites en Afghanistan. Ils devraient fournir une protection aux sites sacrés».