Le dialogue inter-libyen inclusif doit conduire à une sortie de crise et à la réconciliation nationale Un travail de longue haleine, nécessitant beaucoup d'engagement et de force de persuasion quand on connaît les difficultés de la scène libyenne où les rivalités sont multiples et parfois ancestrales... A peine rentré de Malabo, où il a eu des entretiens avec Fayez al Sarraj, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, s'est entretenu samedi à Alger avec le président de la Chambre des représentants de Libye, Saleh Aguila. «Ces entretiens, qui se sont déroulés en présence de plusieurs députés libyens»ont permis de «rappeler l'importance d'un dialogue inter-libyen inclusif, devant conduire à une sortie de crise et à la réconciliation nationale». En fait, ces rencontres ne sont pas aussi anodines que cela et elles dépassent le cadre diplomatique habituel. Des tractations soutenues sont en cours depuis plusieurs semaines, voire même depuis des mois, pour tenter de débloquer la situation qui prévaut en Libye où le gouvernement d'union nationale peine à asseoir son autorité. Par ailleurs, Abdelkader Messahel a reçu une communication téléphonique de l'ambassadeur Jonathan Winer, envoyé spécial américain pour la Libye avec qui il a examiné «les efforts visant à encourager l'accélération du processus politique de règlement de la crise en Libye». Confronté depuis sa création, fin 2015, à l'animosité des membres du Parlement (baptisé, avant 2014, Congrès général national et basé à Tobrouk), qui est constitutionnellement la seule instance représentative de la volonté du peuple libyen, même si son mandat a expiré en octobre dernier et qu'une autoreconduction a été votée, le GNA de Fayaz al Sarraj a du mal à s'affranchir de la pesante protection des milices de Misrata, farouchement hostiles à tout dialogue avec le maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l'armée libyenne en lutte à Benghazi, et dans d'autres villes de l'Est telles que Derna, contre Daesh. L'EI continue à résister à Syrte où les multiples offensives des milices de Misrata ne sont pas parvenues, sept mois plus tard, à l'éradiquer. Quant aux autres factions telles que Aqmi ou Boko Haram, elles sillonnent les frontières sahéliennes de la Libye où sévissent un trafic d'armes et une contrebande effrénée. La découverte, toute récente, d'un important stock d'armes à Ben Guerdane, en Tunisie, parmi lesquelles quelques exemplaires des fameux missiles sol-air portables SA-7 «Grail», dont on a beaucoup parlé en 2011, ne risque pas de bouleverser l'équilibre des forces dans la région. Mais si aucun de ces missiles opérationnels n'a été localisé dans le Sahel, rien ne dit que la menace ne soit pas endémique et qu'elle ne doive pas être prise très au sérieux. Nul doute qu'au cours de l'entretien, Abdelkader Messahel a rappelé à Saleh Aguila et aux députés qui l'accompagnent l'urgence d'«une solution politique à travers un dialogue inclusif, sans ingérence étrangère, en vue de réaliser la réconciliation nationale, de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Libye et de renforcer la cohésion de son peuple». Un travail de longue haleine, nécessitant beaucoup d'engagement et de force de persuasion quand on connaît les difficultés de la scène libyenne où les rivalités sont multiples et parfois ancestrales, dès lors qu'au jeu politique interfèrent la volonté des tribus et les appétits des forces occultes qui tentent de les manipuler. C'est dire qu'un accord, aussi laborieux soit-il, une avancée au forceps, ne sont guère acquis pour longtemps et qu'il faut «cent fois sur le métier remettre son ouvrage» pour espérer aboutir à un projet qui tient la route. Au sortir du dernier sommet du Comité ad hoc de haut niveau de l'Union africaine pour la Libye ainsi que lors de la réunion du Groupe des pays voisins, Abdelkader Messahel a tout entrepris pour faire bouger les choses et on peut espérer que la venue à Alger du président et des députés du Parlement libyen augure une solution que toute la communauté internationale guette avec impatience. Serait alors franchie une étape décisive au moment même où Alger abrite, jusqu'au 29 novembre, deux rencontres internationales co-présidées avec le Canada, un Atelier international d'experts du Forum global de lutte contre le terrorisme (Gctf) qui se penche sur «les plans nationaux pour la prévention de l'extrémisme violent au profit des pays du Sahel» ainsi que la 4ème session plénière du Groupe de travail sur le Sahel de ce même forum. Organisées au Palais des nations (Club des Pins), les deux rencontres réunissent des hauts fonctionnaires et des experts dans les domaines de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, de la sécurité des frontières, de l'application des lois et de la justice pénale des pays membres du Forum Gctf. Des pays de la région du Sahel, des membres du Conseil de sécurité des Nations unies et des organisations internationales, régionales et sous-régionales, dont l'ONU et ses institutions en charge de la lutte contre le terrorisme, l'Union africaine, le Caert, l'Afripol et la Cédéao, sont de la partie pour cerner, avec une rigueur accrue, les enjeux actuels pour la région, notamment. Le président de la Chambre des représentants salue le rôle du président Bouteflika Le président de la Chambre des représentants de Libye, Saleh Aguila a salué, hier à Alger, lors de son entretien avec le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, l'attachement du président Abdelaziz Bouteflika à la préservation de l'unité de la Libye et ses efforts en faveur de la réconciliation nationale entre toutes les parties libyennes à travers le rapprochement des vues. De son côté, M.Bensalah a précisé que «la fin de la crise passe impérativement par le dialogue et la réunification des rangs, loin de toute ingérence étrangère», affirmant que «la solution ne peut être que purement libyenne». M. Aguila a eu également un entretien avec le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, et il a été reçu par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, en présence du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel.