Il sera inhumé aujourd'hui au cimetière d'El Kettar Chanteur, compositeur et interprète de plus en plus chevronné, Amar Ezzahi fera une brillante carrière dans le chaâbi, mais il faut savoir qu'il s'est également essayé au genre hawzi. Le maître de la chanson chaâbie Amar Ezzahi, 75 ans, est décédé hier après-midi à son domicile à Alger, a annoncé son entourage. Le célèbre interprète du chaâbi avait été hospitalisé en septembre dernier à Alger pour un malaise. Amar Ezzahi était en attente d'être transféré dans un établissement hospitalier spécialisé à l'étranger, mais le destin en a décidé autrement. De son vrai nom Amar Aït Zaï, il est né en 1941 à Ighil Bou Amass, daïra de Aïn El Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou. A Alger où il fréquente assidûment les cafés qui diffusent les chansons chaâbies, il découvre les compositions de Boudjemaâ el Ankiss. Cela se passait dans les années soixante et le genre était alors non seulement en vogue, grâce au travail inlassable de son chantre et créateur Hadj M'hamed el Anka, mais nombreux étaient les apprentis mélomanes qui rivalisaient d'ardeur pour se frayer un chemin dans ce domaine à la mode. Chanteur, compositeur et interprète de plus en plus chevronné, Amar Ezzahi fera une brillante carrière dans le chaâbi, mais il faut savoir qu'il s'est également essayé au genre hawzi (école de Tlemcen et Nedroma) grâce à la rencontre féconde qu'il eut, en 1963, avec cheikh Lahlou et surtout cheikh Kebaïli, de son vrai nom Mohamed Brahimi, son aîné de 30 ans et originaire de Dellys. Tous deux se sont efforcés de l'encourager, de le guider en lui enseignant de nombreuses qaçaïde et en le sensibilisant à un rythme particulièrement nouveau pour lui. Parti sur ces nouvelles amours, il travaillera beaucoup avec Kaddour Bachtobji à partir de 1964 et leur compagnonnage va durer presque deux décennies. Happé par une nouvelle texture musicale, signée Mahboub Bati, Amar Ezzahi va littéralement prendre son envol et enfanter de sa propre version musicale. L'homme qui a appris de façon autodidacte le chaâbi, était devenu, à la force des bras, un maître incontesté. Que de chemin parcouru, alors, depuis son tout premier enregistrement en 1968, avec Djhalt koul sahab et Yal Aâdra, toutes deux reprises quelque temps après par Lili Boniche puis Enrico Macias. Ces deux titres seront les fusées authentiques de sa propulsion dans l'univers des chanteurs sacrés et consacrés de la génération. Paroles et musiques étaient signées Mahboub Bati dont la collaboration sera plus que fructueuse. En 1971, il délivre trois 45 tours et cinq ans plus tard, deux 33 tours. Invité de la radio puis de la télévision, il y chantera Dik echemaâ et Mahajti bihadhi chemaâ, devenue un hymne dans sa région natale. Mais d' innombrables autres morceaux sont connus de ses fans qu'il n'est point besoin de citer ici, sinon pour dire combien l'homme était modeste et réservé, se confiant rarement et n'ayant d'autres amitiés que celles du café El Kawakib. Réapparu en 1987 avec Mustapha Skandrani à la salle Ibn Khaldoun, puis lors d'un hommage à Hadj M'Hamed el Anka en 1990, Amar Ezzahi s'en est allé sans faire de bruit, mais en laissant une grande peine dans le coeur de tous ses admirateurs.