Le transfert dans un hôpital étranger de Amar Ezzahi — cet immense chanteur de chaâbi très respecté, suivi et adoré par des générations de mélomanes — a été effectué sous les auspices du ministère de la Culture. C'est M. Mihoubi, ministre de la Culture, qui l'a annoncé sur sa page facebook : «Une action émanant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ayant pris les mesures nécessaires au niveau du ministère du Travail et de la Solidarité et le ministère de la Culture pour la prise en charge totale pour l'hospitalisation et les soins de l'artiste populaire, le grand cheikh Amar Ezzahi…» Cette belle initiative du Président est à saluer. C'est en écoutant Boudjemaâ El Ankis, dans les années 1960, qu'il aima le chaâbi. Amar fera carrière dans le chaâbi et le hawzi de Tlemcen après la rencontre, en 1963, avec cheïkh Lahlou mais aussi avec cheïkh Kebaïli de son vrai nom Mohamed Brahimi, né en 1910 à Dellys, qui le conseillèrent et l'encouragèrent tout en lui remettant d'anciennes qaçaïd et l'initiant au rythme des chansons de ces textes. La suite, il la fera avec Kaddour Bachtobji, qui l'accompagnera durant près de deux décennies, avec lequel il a commencé à travailler en 1964. Il écoute d'une oreille attentive les compositions de Mahboub Bati. Amar Ezzahi développe alors sa pratique musicale. Autodidacte, il apprend le chaâbi sur le tas. Son premier enregistrement date de 1968. Djhalt koul saheb et Ya el adraâ (reprises plus tard par Lili Boniche et Enrico Macias) sont les deux chansons de son premier 45 t qui le propulsent parmi les meilleurs chanteurs de sa génération. La musique et les paroles étaient de Mahboub Bati.En 1971, il enregistre trois 45 t et en 1976, deux 33 t. II compte trois chansons à la radio et quatre autres à la télévision. Comme Sali trache qelbi, Dik echemaâ et autre Mahajti b'dhya chemaâ considéré comme un hymne en Kabylie. Sa première cassette, Ya Rab El Ibad, sort en 1982 ; suivent quelques enregistrements en studio : Ya Dif Allah, El Djafi, Hadjam El Ouala3ine, Zennouba, Ya Kadi nass El Ghram, Nabiwni Radou Ledjouab, Ya'l Ghafel Toub, Ghadder kassek Hat Noubti, El Harraz, Koub ou'ara, Youm El Khmis, Men Houa Rouhi W'rahti, Anaya Berrani Ghrib, Mir El Ghiwane, Asmaa Noussik Ya Insane, Esmeralda... Modeste, réservé, se confiant rarement, fréquentant souvent le café El Kawakib, Amar Ezzahi, l'un des plus brillants interprètes du chaâbi des années 1970, disparaît pratiquement de la scène artistique à partir de 1980 et n'est présent que lors de fêtes familiales.