Boudjemâa El Ankis, l'un des derniers maîtres de la chanson chaâbi de la génration de Hadj M'hammed El Anka, est décédé à Alger, ce mercredi 2 septembre 2015, à l'âge de 88 ans. Boudjemâa Mohamed, surnommé El Ankis pour son attachement au style du pionnier de la chanson chaâbi El Hadj M'hammed El Anka, est né le 17 juin 1927 à la Casbah d'Alger. Il reste parmi les rares chanteurs ayant réussi dans la chansonnette tout en restant un maître de la chanson classique chaâbi, c'est-à-dire du qçid. D'ailleurs, pour l'un de ses derniers enregistrements à la télévision, il a préféré Qaçidet El Wafat de Sidi Lakhdar Benkhlouf. Même s'il n'avait pas répondu aux attentes des vrais connaisseurs, Boudjemâa El Ankis a montré qu'il a toujours un penchant et un respect pour la qaçida, bien que sa celebrité est due surtout à la chansonnette. El Ankis savait bien que la qacida ne perdrait jamais de sa valeur et c'est pour ce motif qu'il avait enregistré Anaya Bedjfek, aux rythmes et musque de Welfi Meriem), El Meknassia, et bien d'autres qaçaïd. Le retour vers la qaçida est peut-être, aussi, un choix de Boudjemâa pour montrer son attachement au grand maître El Anka, bien qu'il fut un élève de Cheikh Djilali Kebaïli. Il aurait également connu Cheikh Saïd El Meddah qui était également parolier. Il faut dire que pratiquement tous les chanteurs de cette époque ne cachaient pas la voie de leurs maîtres directs ou spirituels. Par exemple, El Hachemi Guerouabi, qui imitait à ses débuts Hadj M'rizek, a continué à respecter ce grand maître et à en parler jusqu'à la fin de sa vie. Au début de l'Indépendance, la carrière de Boudjemâa El Ankis a pris un grand tournant grace, notamment, aux paroles et musiques du grand artiste Mohamed Mahboub Bati. C'est ainsi qu'il enregistrera Tchaourou Alya et Oh Ya Ntya, qui sera reprise par tous les jeunes de l'époque. Enregistrée sur 45 tours, Oh Ya Ntya fera la joie de tous les jeunes de l'époque qui se prenaient plaisir à mettre à fond le pick-up à piles, notamment au niveau des plages. Au milieu des années 1960, l'un de ses fils, qui allait à l'école d'application de Bouzaréah, où il habitait), perd la vie au large de la plage Franco. Choqué par la perte de son fils, il décide de lui rendre hommage. Mahboub Bati, touché lui-même, lui écrit et compose un chef d'œuvre Rah El Ghali Rah. Même si Hadj Boudjemâa El Ankis a enregistré beaucoup de chansonnettes pour rester au-devant de la scène, il a toujours continué à interpreter des qaçaïd lors des fêtes familiales. Un chanteur de valeur Pour ses connaissances et pour sa valeur dans le monde musical, le chanteur avait été appelé, aux début des années 1980, par la direction des droits d'auteurs pour faire partie de la commission de révision des anciens textes du chaâbi aux côtés de Mohamed El Hbib Hachlaf, Mahboub Stambouli, Abdelkader Zouaoui, Boudjemâa Fergane, Abdelkader Bendamache etc… Hadj Boudjemâa El Ankis a été inhumé au cimetière d'El Kettar, à Alger, où reposent déjà de grands artistes, dont Hadj M'hammed El Anka. Le défunt était parmi les plus grands maîtres de la chanson châabi des dernieres décennies aux côtés de Bouadjadj, Guerouabi et Ezzahi qui, à ses débuts, avait commencé par l'imiter.