Que ce soit en Autriche, en France, au Danemark où l'extrême droite est devenue la première force politique, en Belgique et aux Pays-Bas, un même facteur est là qui dope l'adhésion de l'électorat aux thèses extrémistes. Après le coup de tonnerre de la présidentielle aux Etats-Unis, avec l'élection de Donald Trump, puis le triomphe, totalement imprévisible quelques semaines avant le scrutin de la primaire de la droite en France, de François Fillon, conservateur souverainiste qui ne cache pas son intention de piétiner les plates-bandes du Front national, la menace d'une montée en puissance de l'extrême droite en Europe se fait de plus en plus précise. En Autriche, où l'élection présidentielle de mai dernier a été invalidée, c'était hier un quitte ou double entre le candidat écologiste Van der Bellen qui l'avait emporté une première fois avec seulement 31 000 voix d'avance et son rival Norbert Hofer convaincu que la chance sera, cette fois, de son côté. A cela, plusieurs raisons. Le contexte a dramatiquement changé. La victoire de Trump que son parti extrémiste, le FPÖ, a saluée, d'une part, et le Brexit au Royaume-Uni, d'autre part, peuvent avoir un effet d'entraînement. Le cafouillage du gouvernement conduit par Theresa May et les conséquences que le Brexit va avoir sur l'économie britannique ont néanmoins été ressentis comme une douche froide en Autriche, un pays particulièrement dépendant de ses exportations. Prenant acte de cette donne, Hofer s'efforce soudainement de rassurer sur son programme initial et se défend donc de nourrir la moindre velléité de remise en cause de l'adhésion à l'Union européenne. Sa volte-face est telle qu'il a été aussi contraint de prendre quelque distance avec son alliée naturelle du Front national, Marine Le Pen qui, elle, campe sur ses positions. Mais que ce soit en Autriche, en France, au Danemark où le parti de la même obédience est devenu la première force politique, en Belgique et aux Pays-Bas, un même facteur est là qui dope l'adhésion de l'électorat aux thèses extrémistes défendues par des partis qui, il n'y a pas si longtemps, étaient encore insignifiants en terme d'élus que ce soit locaux ou nationaux. Le terrorisme, ou plutôt la crainte qu'il a fait naître partout en Europe, notamment, a beaucoup contribué à banaliser le discours de ces formations racistes et xénophobes qui ont toutes fait de l'islam leur cheval de bataille et des communautés musulmanes, dont la communauté algérienne, leur cible expiatoire. Que ce soit en Autriche, en France ou dans d'autres pays européens, le traumatisme des attentats de 2015, principalement en France (Paris, Nice...), en Belgique et, à un moindre degré, en Allemagne, a engendré une certaine radicalisation des électeurs. L'exemple le plus manifeste est venu de la primaire en France où tout le monde donnait Alain Juppé, partisan d'une droite humaniste et héritier des référents gaullistes, vainqueur devant son principal rival, Nicolas Sarkozy. Or, ce dernier a été balayé malgré son discours de campagne totalement calqué sur les thèmes chers au Front national, un rejet dû, semble-t-il, à son bilan antérieur. Quant à Alain Juppé, il aura payé le prix de ce glissement perceptible de l'électorat français au profit d'un discours populiste ravageur, trempé dans l'islamophobie et un racisme de circonstance. L'arrivée massive de migrants en Allemagne et dans presque tous les pays européens a accru ce sentiment, on l'a observé par exemple en Suède où les actes islamophobes ont littéralement explosé, tandis que les messages venant de tous les courants politiques ont rivalisé dans les promesses de fermeture des frontières intérieures et de renvoi massif des réfugiés. Parmi les arguments les plus galvaudés, la présence de terroristes dans les rangs de ces réfugiés, dont les auteurs des attentats. Curieusement, le FPÖ de Hofer a tourné casaque en se débarrassant de son idéologie antisémite, donnant de nombreux gages aux Israéliens et apportant un soutien enthousiaste à Benjamin Netanyahu, devenant le parti autrichien le plus proche du gouvernement sioniste. On n'en est pas encore là chez Marine Le Pen, mais si «Paris vaut bien une messe», l'Elysée méritera tout autant. Au rythme des surenchères qui prévalent dans plusieurs capitales européennes, et non des moindres, le discours de François Fillon paraît le moins inquiétant mais ce serait hasardeux que de parier sur lui. L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy aura à coeur de reprendre le même flambeau, lui qui, d'emblée, annonce une campagne centrée sur l'identité et la sécurité. Autriche Le FPÖ reconnaît sa défaite face à Van der Bellen Le parti d'extrême droite FPÖ a reconnu la défaite de son candidat Norbert Hofer hier soir dans la course à la présidentielle autrichienne, nettement remportée selon les projections par l'écologiste Alexander Van der Bellen.»Je souhaite féliciter M. Van der Bellen pour ce succès», a déclaré le secrétaire général du Parti de la liberté (FPÖ), Herbert Kickl, à la télévision publique. M.Van der Bellen est crédité de 53,6% des voix, selon les premières projections.