Alors que les regards étaient encore braqués sur Ankara où l'attentat qui a visé l'ambassadeur de Russie faisait l'objet de nombreux commentaires, le policier turc de 22 ans ayant tiré à bout portant sur le diplomate, avant de crier «vengeance» et «n'oubliez jamais Alep», on apprenait en début de soirée qu'un camion immatriculé en Pologne a foncé intentionnellement sur la foule de l'un des marchés de Noël les plus fréquentés de Berlin, faisant au moins 12 morts et 48 blessés. Aussitôt, le gouvernement allemand l'a qualifié d'attentat similaire à celui de Nice, en France, le 14 juillet, indiquant que son auteur était en fuite. La chancelière allemande Angela Merkel a confirmé hier matin qu'il s'agissait «d'une attaque terroriste», même si aucune revendication n'a circulé jusqu'ici. L'enquête s'oriente donc vers une attaque au camion-bélier, comme celle de Nice qui fit 86 morts et plusieurs centaines de blessés. La police berlinoise a aussi annoncé, toujours hier matin, que le conducteur du poids lourd avait «délibérément» foncé sur la foule, après avoir traversé sur 50 à 80 mètres, un des marchés de Noël les plus visités à Berlin, dans l'ouest de la capitale allemande. A quelques jours des fêtes, l'endroit était très fréquenté, notamment par les touristes. Le dernier bilan, encore provisoire, fait état de 12 morts et plusieurs dizaines de blessés qui souffrent de fractures diverses et hémorragies internes, causées par la violence du choc. Six des victimes ont été identifiées, toutes allemandes. Un témoin australien a indiqué que des enfants et personnes âgées figuraient parmi les personnes gisant au sol après le passage du camion. Sur la base d'un témoignage, la police a interpellé lundi soir à environ deux kilomètres des lieux du drame un homme supposé être le conducteur du véhicule: un Afghan ou un Pakistanais, âgé de 23 ans et enregistré à Berlin, en février, après être arrivé fin 2015 par la route des Balkans. Interrogé par les enquêteurs, l'homme a toutefois nié être l'auteur de l'attaque, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière. La police berlinoise et le Parquet fédéral, compétent dans les affaires de terrorisme, ont ensuite reconnu que leurs services n'étaient «pas certains» que l'homme interpellé «soit le chauffeur» du camion meurtrier, jugeant vraisemblable que le vrai conducteur soit en fuite. «Nous avons probablement un dangereux criminel dans la nature», a indiqué le patron de la police berlinoise. Selon des médias, l'individu interpellé était connu de la police pour des actes de criminalité mais pas pour une radicalisation islamiste. Des perquisitions ont été menées dans l'un des grands centres d'hébergement de réfugiés berlinois, l'ancien aéroport de Tempelhof. Quant au camion, il s'agit d'un poids lourd sans doute volé, appartenant à une société de transport polonaise qui n'a plus eu de nouvelles de son chauffeur. Le corps sans vie du chauffeur polonais, tué par balles, a été retrouvé dans ce camion après le drame. Mais l'arme utilisée pour l'abattre a disparu. Le véhicule était chargé de 25 tonnes de produits métallurgiques en provenance d'Italie. Le routier se préparait à passer la nuit à Berlin, la société berlinoise qui devait recevoir le chargement n'ayant pu le recevoir lundi. «C'est mon cousin, je le connais depuis l'enfance. Je me porte garant de lui», a dit le patron de l'entreprise.