Au moins 40 personnes ont été tuées et 460 arrêtées en République démocratique du Congo (RDC) cette semaine pendant les manifestations de protestation dans plusieurs villes contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. «Au cours de la semaine, le Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme en RDC (Bcnudh) a documenté au moins 40 meurtres de civils à Kinshasa, Lumumbashi, Boma et Matadi, principalement des personnes protestant contre le refus du président Joseph Kabila de démissionner à la fin de son mandat officiel le 19 décembre», a indiqué l'ONU dans un communiqué. Par ailleurs, 107 personnes ont été blessées ou ont subi des mauvais traitements, et au moins 460 arrestations ont eu lieu, a ajouté une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Liz Throssell, au cours d'un point de presse. Le 20 décembre, notamment, 13 civils ont été tués à Kinshasa par des membres des forces de défense et de sécurité, a-t-elle dit. Le même jour à Lubumbashi, au moins 8 hommes et 2 enfants ont été tués et au moins 60 personnes ont été blessées par les forces de sécurité. «Ces chiffres élevés révèlent que les diverses forces de police, de défense et de sécurité ne tiennent pas suffisamment compte de la nécessité d'exercer une certaine retenue lors des manifestations», estime le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, cité dans le communiqué. «Non seulement les soldats participent aux opérations pour faire respecter la loi, mais toutes les forces impliquées sont fortement armées et utilisent des munitions réelles», a-t-il déploré. Il indique par ailleurs que des violences ont été signalées dans plusieurs régions, ce qui lui fait craindre «que la crise politique entraîne une déstabilisation plus large» du pays. «La répression violente des voix dissidentes et une réaction irresponsable (...) face aux manifestations risquent d'attiser la violence chez les manifestants» et peut-être même transformer la nature de cette «crise constitutionnelle» sur l'avenir du président en un «conflit» plus généralisé «à travers le pays», a souligné M. Zeid.