Au moins 40 personnes ont été tuées en début de semaine en République démocratique du Congo (RDC), lors des manifestations contre un projet de loi électorale qui pourrait permettre au président Joseph Kabila de rester au pouvoir après la fin de son mandat en 2016. Le gouvernement de la RDC a eu recours à une force illégale et excessive pour réprimer les manifestations qui se sont déroulées de lundi à mercredi, accuse Human Rights Watch (HRW) dans un rapport. L'ONG américaine a confirmé que 36 personnes, dont un agent de police, ont été tuées lors des manifestations à Kinshasa, et qu'au moins 21 de ces victimes ont été tuées par balles par les forces de sécurité congolaises. Et jeudi, au moins quatre personnes ont été tuées lors des manifestations dans la ville de Goma (Est), ajoute la même source. Le bilan de HRW avoisine celui de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), qui donnait 42 morts, mais contredit les autorités congolaises, qui ont affirmé que 12 pillards ou émeutiers avaient été tués par des vigiles privés. HRW dit avoir documenté plusieurs cas dans lesquels la police ou les militaires de la Garde républicaine ont emporté les cadavres des personnes tuées, dans une apparente tentative de supprimer les preuves. L'ONG demande à Kinshasa d'engager des poursuites contre les responsables de ces meurtres et d'autres exactions, soulignant que les dirigeants de partis politiques devraient s'abstenir d'inciter leurs partisans à la violence. Interrogée par l'ONG, la police a assuré qu'une enquête était ouverte sur les violences. Pour sa part, le président de l'Assemblée nationale en RDC a reconnu hier sur Twitter un dérapage lorsque la police a tiré à balles réelles sur des manifestants opposés à une révision de la loi électorale. "Plus jamais nous n'admettrons que la police tire des balles réelles sur des manifestants, étudiants ou autres en RD Congo. Il y a eu dérapage, aucune autorité censée ne peut donner l'ordre pour qu'on tire sur son peuple", a souligné hier Aubin Minaku. En fin de matinée, la deuxième phrase avait été supprimée du compte de M. Minaku. Plusieurs hauts représentants de l'ONU ont également fait part, vendredi, de leur vive préoccupation face à la détérioration de la situation dans ce pays, et condamné toute utilisation de la force contre des manifestants désarmés et pacifiques ainsi que les arrestations arbitraires. Cela eut lieu, rappelle-t-on, entre lundi et mercredi, principalement à Kinshasa, lorsque des étudiants et des jeunes ont manifesté contre la révision de la loi électorale. Le texte controversé avait été amendé, vendredi, par les sénateurs, disant avoir trouvé un compromis. Une commission paritaire Assemblée nationale-Sénat doit maintenant se mettre d'accord sur une formulation. A. R./Agences