La police congolaise a promis jeudi qu'elle ferait observer la mesure d'interdiction de manifestations politiques prise par les autorités à 48 heures de la tenue à Kinshasa d'un meeting populaire de l'opposant historique en République démocratique du Congo. La police nationale tient à préciser que la journée du 5 novembre 2016 reste une journée ordinaire, comme tant d'autres, où tout le monde vaquera librement à ses occupations, et qu'aucune perturbation de l'ordre public ne sera tolérée, selon un communiqué. Des unités de police vont intensifier leur présence dans tous les points chauds et sites stratégiques avec pour finalité (..) de faire observer l'interdiction de l'exercice de toute action à caract ère politique non autorisée par les autorités urbaines. Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti historique d'opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a répondu: la mesure est nulle et de nul effet, l'UDPS et le Rassemblement maintiennent le meeting du 5 novembre. Nous avons informé l'autorité de la ville par un courrier conformé- ment aux (prescriptions) de la Constitution, puis nous manifesterons sans nous faire prier. C'est une violation flagrante de la Constitution, le pouvoir tente de museler l'opposition pour réussir son coup de force d'imposer M. Joseph Kabila après le 19 décembre, a dit M. Kabund. Le 25 octobre, Etienne Tshisekedi, opposant historique en RDC, avait signé un communiqu é annonçant la tenue d'un meeting populaire le 5 novembre à Kinshasa, sur un site situé non loin du siège du parlement, sur les enjeux politiques de l'heure. La RDC est minée par une crise politique liée au report à avril 2018 de la présidentielle qui devait se tenir avant la fin de l'année. Ce report convenu en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition est rejeté par le Rassemblement, coalition de l'opposition réunie autour de M. Tshisekedi, qui exige le départ du président congolais Joseph Kabila du pouvoir à la fin de son mandat qui expire le 20 décembre. La décision des autorités d'interdire toute manifestation à caract ère politique jusqu'à nouvel ordre avait été prise 48 heures après des violences qui ont secoué Kinshasa les 19 et le 20 septembre et ayant causé la mort d'au moins 53 personnes, selon l'ONU. Ces violences meurtriè- res avaient éclaté en marge d'une manifestation du Rassemblement contre la prolongation du mandat de M. Kabila, au pouvoir depuis 2001 et auquel la Constitution interdit de se représenter. Plusieurs ONG congolaises de défense des droits de l'homme ont demandé aux autorités urbaines de lever cette mesure d'interdiction, la qualifiant d'anticonstitutionnelle.