Après le report sine die de l'élection présidentielle prévue cette année et l'échec de la médiation menée sous l'égide des évêques, destinée à permettre l'instauration d'une période de transition politique, les incertitudes planent sur la RDC qui redoute une flambée de violence. Avant l'ouverture de ces pourparlers, la coalition du Rassemblement constituée autour de l'opposant historique Etienne Tshisekedi avait menacé de jeter la population dans la rue le 19 décembre dans tout le pays pour chasser Kabila du pouvoir en cas d'échec des négociations. Le Rassemblement n'a cependant donné aucun mot d'ordre en ce sens après la suspension des discussions. Sur la place Victoire, emblématique au cœur de la ville, la grande majorité des commerces sont fermés. Les entreprises désertées par les travailleurs, les écoles fermées tandis que les transports collectifs publics fonctionnent à un rythme très ralenti. Dans le nord et l'est de la ville, les militaires et policiers sont plus nombreux dans les rues que les passants. Les Nations unies ont fait part de leur profonde préoccupation face à la situation en République démocratique du Congo appelant tous les Congolais à poursuivre leurs efforts pour trouver une issue à la crise politique qui secoue le pays. « Nous sommes particulièrement inquiets car, lundi, cela fera trois mois que 54 personnes sont mortes à Kinshasa, lorsque les forces de défense et de sécurité ont eu recours à un usage excessif de la force contre des personnes demandant que les délais constitutionnels soient respectés », a rappelé le haut-commissaire onusien aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad al-Hussein, dans un communiqué. « Nous demandons au gouvernement, et plus particulièrement à ses forces de sécurité, de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir les droits à la liberté d'association et de réunion pacifiques », a-t-il dit. Le haut-commissaire a ainsi appelé à « faire preuve de retenue conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international relatif aux droits de l'homme concernant l'usage de la force pendant les manifestations ». Il a également exhorté tous les Congolais à poursuivre leurs efforts pour parvenir à un accord sur la prochaine période de transition qui respecte la Constitution et les droits de l'homme de tous. Les négociations entre le gouvernement et l'opposition pour tenter de trouver une issue à la crise politique en RD Congo ont été « suspendues » jusqu'au 21 décembre, au lendemain de l'échéance officielle du mandat du président Joseph Kabila. Une partie de l'opposition et de la population réclament son départ à cette date.