La nouvelle année 2017 a commencé comme s'est achevée 2016: dans un bain de sang! Le Moyen-Orient a encore défrayé la chronique par un attentat meurtrier, dans la nuit de samedi à dimanche, contre une boîte de nuit à Istanbul où des centaines de personnes fêtaient la nouvelle année. La veille, une énième attaque terroriste a soulevé la capitale irakienne, Baghdad. Ailleurs, au Yémen, en Somalie, la parole est aux armes. Là où la guerre ne sévit pas, les peuples subissent le joug du terrorisme d'Etat. Ce terrorisme d'Etat ce sont les Palestiniens qui l'endurent de la part de l'armée d'occupation israélienne. Loin aux fins fonds de l'Asie, au Myanmar, plus exactement, les Rohingyas (minorité musulmane) souffrent l'ostracisme de l'armée birmane. De fait, il n'y a plus désormais une région du monde musulman qui ne soit pas sujette aux conflits, latents ou actifs. Mais c'est encore le Monde arabe qui constitue un problème, car devenu une véritable bombe à retardement et un laboratoire à ciel ouvert où des expériences en grandeur nature y sont menées. Lors de la première guerre du Golfe (1991) et de l'invasion états-unienne de l'Irak en 2003, des armes et des technologies sophistiquées y ont été expérimentées aux dépens des populations irakiennes. Ces antagonismes qui font l'actualité internationale, estompent la multitude de crises économiques et sociales en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie alors que les ambitions des uns, la perfidie des autres ont contribué à rendre la terre peu sûre. Mais pas que... Ces turbulences et ces conflits - souvent fomentés, c'est singulièrement le cas de la guerre en Syrie - entrent en fait de plain-pied avec les programmes de sujétion des peuples, portés par certaines élites occidentales travaillant dans l'anonymat, ayant pour objectif la reconfiguration des Etats arabes, voire la planification de leur disparition, du moins pour certains d'entre eux. Le projet du «Grand Moyen-Orient» [GMO, morcellement du Monde arabe en Etats confessionnels, ethniques et tribaux] dont l'application semble en cours, en est l'illustration la plus évidente. Cette partition a d'ailleurs commencé en Irak et en Syrie. En fait, la nébuleuse Al Qaîda et l'improbable «Etat islamique» (EI/Daesh) créations des services occidentaux et singulièrement états-uniens, avaient une mission précise: mettre à feu et à sang le Monde arabe. Un «job» qu'ils font - à la grande satisfaction de leurs mandants - depuis une vingtaine d'années. Un fait notable à relever: Daesh [Dawla al-islamiya fi el-Iraq wa Sham] qui a subitement surgi du néant avec une armée de près de 100 000 hommes, nantis de chars et de blindés (revoyez les vidéos de l'invasion et l'occupation de Mossoul en juin 2014 par l'EI) et disposant d'une logistique et de finances dont maints Etats arabes en sont dépourvus. C'est Daesh qui réalise sur le terrain, la partie «pratique» qui consiste dans le démantèlement des Etats arabes. Ce qui est effarant est que les monarchies arabes ont pleinement participé à ces opérations de déstabilisation et de démembrement du Monde arabe, à commencer par l'Arabie saoudite. Or, la monarchie wahhabite est pourtant concernée au premier chef par le projet du GMO qui prévoit sa disparition au profit de trois Etats confessionnels et tribaux dont une sorte de «Vatican» musulman, pour les Lieux saints (désignés dans la carte du GMO sous le titre de «Islamic Sacred State» avec les villes de Mecca et Médine). Cette désintégration du Monde arabe s'explique - ou peut s'expliquer - par la déliquescence des pouvoirs dans une région marquée par les dictatures, dont les peuples, marginalisés, n'ont pu jouer le rôle de barrage aux appétences étrangères. Le résultat est flagrant: le Monde arabe, transformé en poudrière, n'a plus son destin en main.