Le sénateur américain John Mc Cain avec (en médaillon cerclé) Ibrahim el-Badri alias «Abu Bakr al-Baghdadi» Les derniers évènements en France ont eu un impact terrible et terrifiant sur ceux qui ont, à tout le moins, joué aux apprentis sorciers. Mais d'où sort Daesh? Quels sont ses sponsors? Qui est Abu Bakr al-Baghdadi? Le peu de curiosité à son encontre est aussi singulier que l'apparition soudaine de ce «calife» autoproclamé. Experts, analystes, observateurs et, certes, hommes politiques et du renseignement, se perdent en conjectures. Mais n'a-t-on pas quelque peu trop tiré sur la ficelle jusqu'à ce qu'elle casse? Mais encore? Ce qui se passe depuis l'avènement dudit «Printemps arabe» est sans commune mesure avec ce que l'on connaissait jusqu'à ce jour. Il y eut d'abord le fait périlleux et incroyable de la part de certains Etats occidentaux (Etats-Unis, France et Grande-Bretagne), monarchiques du Golfe (Arabie saoudite, Qatar) et la Turquie qui ont soutenu, voire armé, formé et financé, une rébellion suscitée contre un pays souverain, la Syrie, membre de l'ONU. Du jamais-vu dans la géopolitique récente du monde. Non seulement ces Etats ont soutenu (ce qui est inédit) une rébellion - avec tout ce qu'elle pouvait entraîner comme pertes et traumatismes pour le peuple syrien - mais sont allés jusqu'à aider des jihadistes (dont un groupe notoirement identifié comme la branche syrienne d'Al Qaîda [à l'époque ennemi numéro un de l'Occident]) contre le régime de Damas. La France a été la première à créer un front de soutien à la rébellion: «Les Amis de la Syrie» lui donnant une tribune internationale. Parmi les commanditaires de ladite «Armée libre syrienne» (ALS) il y avait un Irakien, un certain El Badri, qui a fait ses «humanités» notamment à Falloujah dans les rangs d'Al Qaîda en Irak dirigée par le Jordanien Abou Mossaâb al-Zarqaoui. Il sera arrêté en 2004 par les Américains et séjournera 10 mois dans les geôles états-uniennes. Peu après, il est remis dans le circuit jihadiste où il connut une ascension fulgurante dans les groupes jihadistes irakiens. Le nom d'El Badri revient à l'ordre du jour en 2013 au lendemain d'une rencontre de la rébellion syrienne avec l'«envoyé ́ ́très ́ ́ spécial» du président démocrate états-unien, Barack Obama, le sénateur républicain (chef de la Commission de Défense au Congrès) John McCain, l'un des Etats-Uniens les plus engagés contre le régime de Bachar al-Assad. Quand John McCain rencontre el-Badri en Syrie Donc c'est en mission commandée que John McCain (notons que le sénateur états-unien entra illégalement et clandestinement en Syrie) rencontra - outre l'état-major de ladite «Armée libre syrienne», Mohammed Nour (porte-parole de la Brigade Tempête du Nord du Front Al-Nosra, d'Al Qaîda en Syrie) et donc Ibrahim El Badri. Ce conclave eut lieu en mai 2013 dans la ville syrienne de Deir Ezzor. Mais qui est El Badri? Personne en fait (si l'on excepte, certes, les renseignements américains qui avaient un CV fourni sur le personnage et leur religion faite que ce terroriste aguerri) ne le connaissait jusqu'à son apparition sous les trait de «calife» de Mossoul (Irak) et sous le nom d'«Abu Bakr al-Baghdadi) le 29 juin 2014. Ce qui est remarquable est que l'Occident ne s'est pas trop préoccupé de ce nouveau «calife» chef de l'autoproclamé «Etat islamique en Irak et au Levant [EIIL le ci-devant Daesh] qui, tel le mythique roi de Thèbes, Cadmos, se voit doter d'une véritable armée sortie tout droit de terre et du néant. Daesh dispose d'une armée professionnelle et parfaitement équipée (les renseignements occidentaux ont évalué en 2014 à 30.000 le nombre de jihadistes de 80 nationalités y compris occidentales composant EI/Daesh). Aussi, savoir qui est ce chef de guerre «Ibrahim el-Badri» alias «Abu Bakr al-Baghdadi» aurait dû être une priorité pour les services de renseignement occidentaux. Il reste qu'en Occident on s'est peu empressé de connaître ou à faire connaître la réalité de ce chef terroriste. Pourquoi? Une certitude semble toutefois se profiler: Ibrahim el-Badri (d'origine irakienne) aura été formaté par le renseignement américain et le Mossad israélien grand spécialiste des coups tordus. Ses dix mois aux mains de la CIA en Irak en 2004, n'auront pas été perdus pour tout le monde. Selon les renseignements iraniens, Abu Bakr al-Baghdadi (Ibrahim el-Badri) serait en fait un agent israélien, Shimon Elliot, (vraisemblablement lui-même né en Irak où vivaient des milliers de juifs). Tout laisse croire, c'est en tout état de cause une probabilité, que «Ibrahim ibn Awad ibn Ibrahim Al Badri Arradoui Al Hoseini» connu sous le nom d'Ibrahim el-Badri, serait dans le même temps Shimon Elliot. Pour comprendre Daesh - devenu subitement ennemi numéro un de l'Occident - il fallait connaître son gourou, celui qui donnait les autres et planifie les attaques. Ce qui est curieux, est que, outre la brutalité de ses sbires qui donnent de l'islam une image terrifiante et barbare, al-Baghdadi, commandite des attentats qui mettent les musulmans dans la posture de criminels en puissance. Les attentats de Daesh en Europe auront surtout exacerbé l'islamophobie et la haine du musulman. En fait, tous les attentats de ces dernières années ont largement profité à Israël qui martyrise dans l'impunité le peuple palestinien. De fait, les attentats anti-américains de septembre 2001 et les tueries en France en 2012 (affaire Merah) sont attribués, par nombre d'analystes et spécialistes occidentaux, au Mossad israélien. Aussi bien le Mossad que Daesh, poursuivent le même objectif: diaboliser à outrance l'islam et les musulmans. D'ailleurs, en 2014, alors que Ghaza est sous le feu des bombes destructrices de l'armée d'occupation israélienne, et qu'ont lui demandait pourquoi il ne partait pas au secours des Ghazaouis «Abu Bakr al-Baghdadi» eut ces mots: «Il n'est écrit nulle part dans le Coran qu'il faut sauver la Palestine.» En d'autres termes, ce n'était pas sa mission de combattre Israël. Aussi, c'est sur les Musulmans que le «calife» s'acharne. Qui est Ibrahim el-Badri alias «Abu Bakr al-Baghdadi»? Il ne fait pas de doute qu'«Abu Bakr al-Baghdadi» - quel qu'il soit par ailleurs - et Daesh jouent un rôle catalyseur dans ce qui se passe au Moyen-Orient et les retombées qu'ils induissent d'autre part dans le monde. Il ne fait pas de doute aussi que ce qui arrive au peuple syrien, piégé dans une guerre qui n'est pas la sienne [chasser Bachar al-Assad, est une explication trop courte pour être plausible et acceptable, car on ne détruit pas un pays et on n'assassine pas son peuple juste pour faire rendre gorge à un dictateur] sort du commun et ne peut être expliqué de façon rationnelle. A moins de donner du crédit à ce qu'avançait l'année dernière l'espion américain, Edward Snowden qui leva légèrement le voile sur les pratiques des services occidentaux qui, à l'évidence, ne reculent devant aucune forfaiture pour parvenir à leurs fins. Que di-sait déjà Edward Snowden - l'espion qui révéla donc au monde les méfaits de la NSA (National Security Agency, la tentaculaire agence de renseignements américain) - à propos du Moyen-Orient? Snowden a indiqué que les services de renseignement de trois pays - les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël - ont collaboré ensemble afin de créer une organisation terroriste capable d'attirer tous les extrémistes du monde vers un seul endroit selon une stratégie baptisée «le nid des frelons». Le Moyen-Orient n'est-il pas devenu en peu d'années ce «nid de frelons» voulu par les Occidentaux, grouillant des terroristes les plus meurtriers et les plus aguerris ayant servi sur les champs de bataille d'Afghanistan et ailleurs? Le moins qui puisse être dit est que «Daesh» est comme ces guêpes tueuses, essaimant tous azimuts et tuant sans distinction, l'essentiel étant de faire le plus de carnage. Les attentats de Paris du vendredi 13 novembre entrent indubitablement dans cette stratégie et la perspective de faire mal et surtout de terrifier les populations. Ces assassinats de civils - comme les spectateurs de la salle du Bataclan à Paris - sont en fait la marque de fabrique de Daesh en Syrie, meurtres que l'Occident impute systématiquement à l'armée syrienne et au régime syrien. Mais les médias occidentaux, notamment français, empêtrés dans leurs mensonges sont devenus des sous-traitants de la propagande officielle occidentale, qui n'ont jamais tenté d'expliquer, encore moins comprendre, la genèse du conflit syrien provoqué par des forces extérieures. Les Occidentaux s'émeuvent ainsi de la participation de leurs ressortissants dans les rangs de Daesh en Syrie, craignant surtout les retombées de leur retour au pays. Ce qui semble être le cas pour les attentats de Paris où le cerveau présumé des attaques serait Abdelhamid Abaaoud, un Belge (d'origine marocaine, de retour du Moyen-Orient), qui a été tué mardi à Saint-Denis dans la banlieue de Paris. Or, la Syrie et l'Irak sont loin désormais d'offrir les «conforts» de la «télé-réalité» car ce qui se passe dans certains pays arabes est de fait la «réalité» dans toute sa laideur et sa complexité induisant morts d'hommes et destruction de patrimoine. Or, les Etats occidentaux, la France en tête, qui s'alarment quant à d'éventuelles retombées sur la sécurité de leurs pays, ne sont pas étrangers au chaos arabe. Bien au contraire! Les désordres en Libye, les tueries en Syrie, les scènes de violences en Irak et au Yémen, la fragilité de la Tunisie et la restauration du pouvoir militaire en Egypte, Etats-Uniens et Européens y sont [largement] pour quelque chose. C'est bien cet Occident, donneur de leçons tous azimuts [regardez le président français, François Hollande se transformant, à la limite du grotesque, en chef de guerre] qui a engendré les troubles dans le Monde arabe? Des ressortissants de ces pays (la France a même donné des chiffres des Français présents en Syrie et en Irak dans les rangs de Daesh) combattent ainsi aux côtés des jihadistes en Syrie et en Irak. Et ce n'est pas tant le fait que ces jeunes Occidentaux extériorisent leur trop-plein d'énergie en tuant les Syriens (parmi eux de nombreux civils) qui les met en émoi, mais la crainte du retour dans leurs pays respectifs de ces excités dangereux qui leur fait couler des sueurs froides. Et ce qui était appréhendé est arrivé, du moins en France. Aussi, tuez, tuez, ne faites pas de quartiers, mais... loin de nos frontières. Non Daesh et son armée - experts et militaires ont relevé le professionnalisme des jihadistes de l'EI - ne sont pas nés du néant. Il fallut sans doute des années de mise au point, de recrutement des jihadistes, de formation (militaire) de choix des objectifs, le crescendo des attaques et attentats. Seul(s) un (des) Etat(s) avec d'énormes moyens logistiques et d'une stratégie bien arrêtée peut faire ce qu'est en train de faire Daesh. Il fallait ces moyens pour permettre à Daesh d'occuper le tiers de l'Irak et la moitié de la Syrie. Et ces moyens, énormes, surtout financiers, Daesh en dispose. Ce fait est irréfutable et la question se pose: d'où Daesh tire-t-il des moyens financiers et un armement dignes d'un Etat? C'est entre autres, l'un des mystères qui entourent l'émergence ex nihilo de ce groupe terroriste islamiste trop bien nanti. De fait, depuis l'invasion et la destruction de l'Irak par les Etats-Unis en mars 2003, le Moyen-Orient se trouve plongé dans un inconcevable chaos. En fait, plusieurs guerres parallèles ou croisées s'y déroulent alimentées par les ambitions des uns, les menées des autres. Le «nid de frelons» L'Irak fait toujours face aux affres de la guerre depuis ce fatidique 21 mars 2003; la Syrie est à feu et a sang depuis quatre ans et demi, conséquence directe d'un présumé «printemps arabe»; le Yémen est sous la coupe d'apprentis impérialistes - sous-traitant pour des commanditaires évidents - qui occasionnent d'autres morts et destructions. A l'ouest de la région moyen-orientale, au Maghreb, la situation n'est guère meilleure marquée par le durcissement de la guerre fratricide et de lente emprise de Daesh sur la Libye, illustre parfaitement la donne. Or, pendant que le monde a les yeux braqués sur le «spectacle» des guerres interarabes, l'Etat hébreu poursuit tranquillement la judaïsation et la reconfiguration de la Palestine occupée. Est-ce cela le résultat attendu par les maîtres d'oeuvre de la déstructuration du Monde arabe, où le Royaume wahhabite joue un rôle sinistre de premier plan? La Syrie était de tous les pays arabes le plus laïc et il n'y avait pas de discrimination entre chrétiens, musulmans (sunnites ou chiites) et kurdes. Aussi, outre Israël et les Etats-Unis, la question se pose de savoir quel a été le rôle de l'Arabie saoudite dans la division des ethnies et confessions au Moyen-Orient qui ont vécu, jusqu'ici dans l'harmonie et en bonne entente? Or, l'Arabie saoudite, dont la responsabilité est totalement engagée dans les clivages entre musulmans (chiites et sunnites) n'est pas pour peu dans l'émergence de l'autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daesh). Reste toutefois posée la question des véritables commanditaires et sponsors de EI/Daesh et les projets à court et long terme, pour le Monde arabe, si l'on excipe du plan de l'ex-président états-unien, George W. Bush, pour le«Grand Moyen-Orient». Aussi, wait and see.