Jusqu´à l'article de la mort, il martelait ses convictions pour l´avènement d´une paix mondiale. Les cardinaux de l´Eglise catholique sont arrivés hier à Rome, en prévision d´un conclave de cette instance suprême du culte chrétien, destiné à élire le prochain souverain pontife. Le conclave des cardinaux devra avoir lieu dans les 15 jours qui suivront le décès du souverain pontife. La mort de Jean-Paul II était annoncée hier pour imminente. La presse internationale, ainsi que les millions de fidèles disséminés de par le monde, ont rendu hier et avant-hier le dernier hommage à celui qui personnifiait pour la chrétienté, l´autorité morale. Les hommes d´autres religions, que celles-ci soient monothéistes ou pas, ont également marqué à leur manière, l´inévitable disparition de Jean-Paul II. 16 octobre 1978, Karol Wojtyla, premier pape polonais de l´histoire de l´Eglise, était élu sous le nom de Jean-Paul II à la tête du Vatican. Il succédait à Jean-Paul Ier, mort prématurément après 33 jours de pontificat. En 26 ans de règne, l´homme a rencontré Yasser Arafat, Fidel Castro et le général Augusto Pinochet et demandé "pardon à Dieu" pour le massacre des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Le pape Jean-Paul II a fait de la recherche de la paix dans le monde son principal credo, présent dans les principaux conflits qui ont éclaté durant le dernier quart de siècle, le souverain pontife n´a néanmoins pas pesé très lourd sur les événements majeurs qui ont ponctué l´histoire de l´humanité. Sa dernière campagne en date, contre la guerre en Irak, n´a pas produit les fruits qu´il espérait. Alors que les observateurs, autant que son entourage, le donnaient pour potentiellement mort, ses fréquents séjours hospitaliers le rapprochaient, à chaque fois, de la mort. N´empêche, jusqu´à la dernière minute, le Pape martelait ses convictions pour l´avènement d´une paix mondiale. Et c´est cet "acharnement" religieux à prier pour la paix, alors qu´autour de lui nombre de pays s´écroulaient, qui lui vaut aujourd´hui l´admiration d´une grande partie de l´humanité. 13 mai 1981, le pape est grièvement blessé dans un attentat place Saint-Pierre par un certain Mehmed Ali Agca, de nationalité turque. Un an plus tôt, il se rend en Grande-Bretagne, puis à Buenos Aires pour essayer de stopper le conflit des Malouines. Les guerres du Liban, du Rwanda, de l´Irak et le s terroristes en Algérie et ailleurs, n´ont pas eu raison de la foi de cet homme d´Eglise en l´humanité. Plus de 100 pays visités, des dizaines de personnalités internationales reçues, le pape Jean-Paul II passe, en effet, pour l´un des rares personnages du siècle dernier et du début du XXIe siècle à forcer le respect des politiciens de par le monde. Transcendant le carcan catholique, il a tendu une main amicale à l´ensemble des populations de la terre, quelle que soit leur obédience religieuse. En fait, l´ère Jean-Paul II a été une tentative de "mondialisation du sentiment religieux." Cette façon de défendre la spiritualité et lui garantir une place dans un monde où le matérialisme impose sa loi, a été confrontée à la montée de l´islamisme radical, puis du terrorisme intégriste, mettant la religion au-devant de la scène et donnant, de fait, de la voix à un homme qui, depuis son arrivée à la tête du Vatican, prêchait le dialogue des civilisations. Après les attentats du 11 septembre 2001, la thèse du dialogue entre les grandes religions, aux fins d´isoler l´extrémisme, a fini par triompher, du moins en théorie. Les grands défis du XXIe ont donné une seconde jeunesse à Jean-Paul II qui, par la force de sa détermination d´homme de paix, a réussi à capter l´intérêt de millions de personnes de par le monde. L´homme "sait qu´il est en train de mourir et il m´a fait un dernier salut", a déclaré hier le cardinal allemand Joseph Ratzinger, doyen du sacré collège. Il part en laissant un monde en furie, mais pas sans avoir semé son amour pour la paix.