Longtemps mise en quarantaine par la communauté internationale, l'Algérie retrouve progressivement sa place dans le concert des nations. Lors de son premier mandat, le président Abdelaziz Bouteflika s'est beaucoup investi, faisant plusieurs fois le tour du monde, s'attachant à expliquer la situation dans le pays, levant les réserves des uns, les incompréhensions des autres. L'Algérie était alors de fait placée sous embargo, une mise en quarantaine qui ne disait pas son nom, mais qui, de fait, avait contribué à isoler le pays, victime d'une part du terrorisme islamiste, d'autre part de l'amalgame fait autour d'une guerre imposée aux Algériens par des terroristes, sans foi ni loi, qualifiés d'opposition armée. Ce n'était certes pas facile d'expliquer à un monde, qui avait une vision déformée de la réalité algérienne, que l'Algérie était la victime d'un concept étroit et rétrograde de l'Islam. C´est peu de dire que l´absence de l´Algérie de la scène internationale a interféré négativement sur l´image du pays qui, du fait de sa mise en quarantaine, n´a pas été consulté sur des contentieux et conflits, comme le processus de paix au Proche-Orient, sur la crise irakienne, pour nous en tenir à deux aspects récurrents de la politique et de la diplomatie internationales, qui intéressent au premier chef notre pays, ne serait-ce que du fait de l'appartenance de l'Algérie au monde arabe et du rôle qui était le sien au sein de la Ligue arabe. C'est à toutes ces ignorances de la réalité algérienne que M.Bouteflika s'est attaqué de front, replaçant la donne algérienne dans son contexte véritable, celui d'un pays en pleine mutation et qui eut, avant beaucoup d'autres, à faire l'expérience de l'extrémisme islamiste qui a failli détruire l'Etat républicain. En grand communicateur, le président Bouteflika s'est ainsi attaché à informer et à expliquer à ses pairs étrangers la réalité du terrorisme, réalité confortée par les attentats antiaméricains du 11 septembre 2001. Longtemps considéré alors comme une spécificité algérienne, le monde a fini par comprendre qu'il avait affaire à une internationale terroriste, qui ne pouvait être vaincue que par la solidarité internationale Ce que l'Algérie n'avait cessé, au long de ces années de sang, de prêcher mettant en garde la communauté internationale contre le laxisme dont elle faisait montre envers les islamistes, notamment algériens, qui avaient trouvé gîte et couvert dans maints pays occidentaux, singulièrement en Angleterre, aux Etats-Unis et en Allemagne. Au plan diplomatique, l'action du chef de l'Etat a d'abord été pédagogique par le rétablissement des faits, puis en donnant une meilleure visibilité et lisibilité de la situation en Algérie. Outre cette mise à jour sur ce qui se passe en Algérie, le président Bouteflika a été l'un des pères de l'Initiative pour un partenariat africain (Nepad), initiative qui doit, à terme, permettre à l'Afrique d'entreprendre une profonde mutation lui donnant de résorber les énormes retards accumulés dans son développement pour accrocher le wagon de la modernité. Par petites touches, le chef de l'Etat s'est ainsi investi à reconstruire une diplomatie en léthargie, - mise à mal par la décennie du terrorisme islamiste -, en lui redonnant dynamisme et pugnacité, à lui faire retrouver les capacités et envergure qui ont fait de l'Algérie, dans les années post-indépendance, le meilleur avocat des causes des peuples africains, asiatiques et latino-américains. Diplomate de carrière, Abdelaziz Bouteflika a su, à l'occasion, retrouver les gestes qui ont fait les années de gloire de la diplomatie algérienne. C'était là une action de longue haleine que son second mandat lui donnera l'opportunité d'approfondir pour rétablir totalement l'Algérie dans la position qui était la sienne au plan international. La réussite du 17e sommet arabe qui s'est tenu à Alger, les 22 et 23 mars dernier, atteste de la détermination du chef de l'Etat de sortir l'Algérie de l'isolement où elle fut confinée durant toute une décennie. Cette ouverture tous azimuts, ne fait pas pour autant abandonner au chef de l'Etat les principes qui ont fait la force de l'Algérie indépendante. Ainsi, pour nous en tenir à la question du Sahara occidental, le chef de l'Etat a, à plusieurs reprises, réitéré - il le rappela encore pas plus tard que ce mardi sur le perron de l'Elysée à Paris, après un tête-à-tête avec le président français, Jacques Chirac -, la position de l'Algérie sur ce contentieux, qu'il explicita ainsi l'an dernier lors d'un discours prononcé à Batna, à l´Institut islamique de la ville, et dans lequel M.Bouteflika affirma à propos du problème sahraoui, qu'«il ne saurait y avoir trahison, oubli ou abandon des principes fondamentaux des Nations unies, notamment le principe du droit des peuples à l´autodétermination». Principes que l´Algérie s'est appliquée à défendre en tout lieu et toute circonstance, principes dont l´Algérie indépendante a fait l´invariant de sa diplomatie. Une diplomatie vigoureuse car elle croyait en ce qu'elle défendait. Ainsi, si le président Bouteflika consacra son premier mandat à gommer les interférences qui ont brouillé l'image de l'Algérie, il ne fait pas de doute que le second mandat, qui vient de franchir sa première étape, sera celui de l'approfondissement de cette ouverture vers l'universel et la confirmation du retour de l'Algérie sur la scène internationale comme partenaire incontournable.