Cette mesure augure une nouvelle étape dans le processus de réhabilitation de cette dimension de l'identité nationale. En modifiant le décret exécutif n° 09-49 de février 1990 portant statut des travailleurs de l'Education nationale et dont les amendements visent l'intégration des personnels enseignants, même à titre transitoire, l'Etat algérien veut, à travers cette mesure, donner une plus grande rigueur dans le recrutement et l'amélioration dans la qualité de l'enseignement de Tamazight et qui sont de nature à lui donner un nouveau souffle et du coup la hisser à un niveau qui lui sied. En outre, cette mesure augure une nouvelle étape dans le processus de réhabilitation de cette dimension de l'identité nationale. Ainsi les pouvoirs publics viennent de prouver, une fois encore, leur ferme volonté d'aller au fond des sujets dans l'optique d'une totale réconciliation nationale et sans exclusive. Les amendements introduits mercredi par le gouvernement, viennent par ailleurs en droite ligne des revendications du Mouvement citoyen qui obtient ainsi une autre garantie quant à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. Ces amendements viennent en outre conforter le processus de réhabilitation de la dimension amazighe inaugurée en 1995, au lendemain de la fameuse grève du cartable qui a vu les enfants de la Kabylie boycotter les cours quasiment pendant toute l'année scolaire. A la suite de cette grève, un décret présidentiel, une première dans l'histoire de l'Algérie, avait été promulgué par l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, dans lequel un certain nombre de mesures inhérentes à la prise en charge institutionnelle et scientifique ont été consignées, ce qui avait permis, alors, l'introduction de Tamazight dans le système éducatif national. Dès lors, le tamazight est enseigné dans toutes les wilayas du pays et dans les écoles publiques. Cette mesure sera suivie par la création du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), institution à caractère bicéphale rattachée à la présidence de la République. La troisième mesure importante prise consistait en la vulgarisation de tamahight par les médias lourds. C'est ainsi qu'il a été instauré le journal télévisé chaque jour à 18h. Cette mesure revêt une importance capitale quand on connaît l'impact des médias lourds. L'élection d'Abdelaziz Bouteflika en 1999 à la magistrature suprême du pays allait augurer une nouvelle ère à la langue amazighe. A la suite des événements du Printemps noir de 2001, ayant fait 126 morts, le chef de l'Etat, sans passer par un référendum, comme il l'avait laissé entendre lors d'un meeting animé à Tizi Ouzou, a pris la plus importante décision en constitutionnalisant tamazight comme langue nationale. Une décision politique applaudie et qualifiée de pas de géant dans le discours officiel par rapport à la question allait prédire le premier signe de la réconciliation nationale. Ainsi, la dernière décision politique, prise par le Conseil du gouvernement vient couronner le processus de réhabilitation de la dimension de l'identité nationale. Néanmoins, ce processus, force est de le reconnaître, risque d'être long et sa prise en charge nécessite l'instauration de plusieurs mécanismes. Car il ne suffit pas de prendre une décision politique pour que tout se mette sur les rails, faut-il néanmoins avoir les moyens de sa politique. C'est dans ce sens qu'intervient l'autre modification au décret introduite par le ministre de l'Education nationale, M.Benbouzid. Cette modification a trait au réaménagement du statut du Centre national de formation des cadres de l'Education et le changement de sa dénomination. Cette structure se transforme à la faveur de cet amendement apporté au décret exécutif du 7 février 2000, en Institut national de formation et de perfectionnement du personnel de l'éducation. Selon le communiqué du gouvernement, «les dispositions introduites à ce texte sont destinées à promouvoir la constitution du corps des inspecteurs de la langue amazighe et d'assurer l'encadrement pédagogique de son enseignement». Ces dispositions sont prises après que beaucoup d'enseignants de Tamazight, sans formation adéquate ni outils didactiques, ont dû renoncer, la mort dans l'âme, à poursuivre leur mission, entamée en 1995, en raison des carences matérielles et pédagogiques. Un problème soulevé à maintes reprises par le HCA. Et, c'est une décennie plus tard que le retour d'écho a eu lieu. Mieux vaut tard que jamais, diront les plus optimistes, d'autant que les réformes initiées par le chef de l'Etat ont pour finalité la réussite de la réconciliation nationale qui permettra à la crise de Kabylie, en particulier, et à l'Algérie, en général, de voir le bout du tunnel.