«Notre société n'est pas encore arrivée à dépasser cette barrière psychologique du don d'organes» Une moyenne de 600 insuffisants rénaux sur un million d'habitants est prise en charge actuellement. Quelque 2000 greffes rénales ont été effectuées depuis le début de cette technique en Algérie en 1986, a indiqué hier à Alger, Pr Rayane Tahar, chef du service de néphrologie à l'hôpital Nefissa-Hamoud (ex-Parnet), évoquant une «stagnation» vu la demande de plus en plus importante. «Jusqu'à ce jour, nous avons effectué presque 2000 greffes rénales, mais la demande est très importante», a indiqué le Pr Rayane sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. «Je ne pense pas qu'on recule ni on régresse. Je dirais qu'on stagne parce que la demande devient de plus en plus importante», a-t-il expliqué. Il a indiqué, à cet effet, qu'une moyenne d'environ 600 insuffisants rénaux chroniques sur un million d'habitants est prise en charge actuellement, «Nous prenons en charge actuellement presque 600 insuffisants rénaux chroniques pour un million d'habitants», a affirmé le professeur, relevant qu'à travers ce chiffre, «on se rapproche des chiffres internationaux». Il a estimé que ce résultat est réalisé «grâce à une politique sanitaire et une industrie pharmaceutique algérienne qui a permis de prendre en charge la majorité de nos insuffisants rénaux chroniques». Le professeur a expliqué le «déficit entre l'offre et la demande», par le fait qu'on «n'effectue de greffe rénale qu'à partir de donneurs vivants apparentés». Il a ainsi souligné que «les prélèvements sur des personnes décédées, on n'arrive pas à les faires», précisant que cela «ne dépend pas seulement des équipes médicales. Mais cela dépend beaucoup plus de notre société et de la générosité des citoyens». Pour le spécialiste, «notre société n'est pas encore arrivée à dépasser cette barrière psychologique du don d'organes». Il a, à cet effet, affirmé que «le don d'organes ne constitue pas un problème médical, mais un problème de société», notant que «les familles n'arrivent pas à dépasser un certain seuil psychologique bien que les textes et la loi sanitaire le permettent». M.Rayane a ajouté que «les équipes algériennes ont acquis de l'expérience et de la technicité en matière de greffe rénale y compris pour les enfants». Evaluant la prise en charge des patients de cette maladie, il a relevé que «l'Algérie a fait des efforts très importants», ajoutant que l'activité de la greffe rénale est à un niveau «correct», avec un taux de réussite qui avoisine les 90%. S'agissant de l'Agence nationale de la greffe d'organes, il a qualifié son rôle de «très important», dans la mesure, dit-il, où «c'est elle qui prend en charge les problèmes liés au prélèvement et à la transplantation d'organes (...) comme elle est chargée de réfléchir sur le développement des prélèvements sur des personnes décédées». Interrogé sur la vente d'organe, le responsable a noté que «cette pratique est interdite par la législation algérienne», rappelant que l'Algérie «a signé l'accord d'Istanbul qui énonce l'interdiction du tourisme médical et du tourisme de la transplantation rénale». Le Pr Rayane a par ailleurs nié l'existence d'un «lobby de l'hémodialyse qui bloquerait l'activité de la greffe rénale», estimant qu'il ne s'agit là que d'une «invention et d'un slogan balancé par des personnes malintentionnées». Il a également fait remarquer que la greffe rénale se fait gratuitement en Algérie se déclarant opposé à ce que les cliniques privées exercent à l'état actuel cette activité au risque, a-t-il argué, de voir les pauvres dans l'impossibilité «d'accéder à ce soin de haut niveau».