Le don d'organes reste encore tabou en Algérie. Pourtant, des vies humaines peuvent être sauvées et rendre heureuses des familles entières. A l'occasion de la Journée mondiale du don d'organes, la Société algérienne de néphrologie vient de réitérer son appel pour la sensibilisation de la population sur le don de rein. La greffe de rein sur donneur vivant apparenté demeure insuffisante devant les besoins, a indiqué hier le professeur Rayane, président de la Société algérienne de néphrologie, lors d'un point de presse animé conjointement avec le professeur Benabadji du service de néphrologie de l'hôpital de Beni Messous, au centre de presse du journal El Moudjahid, en dédiant cette journée au président de l'association El Hayet de Tiaret décédé il y a deux jours. Le Pr Rayane estime qu'il est urgent de relancer une campagne nationale de sensibilisation pour le don d'organes afin que chacun se sente solidaire et concerné par le problème. « Le nombre d'Algériens arrivant au stade terminal de leur insuffisance rénale chronique et nécessitant une prise en charge par les méthodes de dialyse est estimé à 4500 nouveaux cas par an, pour une population de 33 millions d'habitants », a-t-il déclaré. Il a expliqué que la greffe d'un rein constitue le traitement idéal de l'insuffisance rénale chronique terminale, car elle permet d'améliorer la durée de survie et de réduire le coût de la prise en charge. Pour répondre aux besoins, il est, selon lui, important d'élargir le cercle de donneurs vivants, qui est actuellement limité aux ascendants, collatéraux et descendants. Cet élargissement pourrait, a-t-il ajouté, s'étendre aux grands-parents, oncles, tantes, cousins germains et les donneurs ayant des liens d'alliance, en particulier le conjoint et les autres membres de la belle-famille. Comme il est aussi urgent de développer la transplantation rénale par rein de donneur cadavérique qui représente seulement 5% du programme national, d'autant que 13 000 malades attendent une greffe de rein. Pour l'année 2007, seulement 500 greffes rénales ont été réalisées à travers le territoire national, dans 10 CHU, grâce aux dons familiaux, a signalé le Pr Rayane, soit 4 greffes par million d'habitants. L'objectif à atteindre à l'horizon 2010 serait, d'après lui, la réalisation de 200 greffes par an, soit 6 par million d'habitants. « Ce qui peut être fait dans les centres où les opérations de greffe ont été réalisées avec succès », a précisé le conférencier avant de rappeler qu'« on ne peut pas parler de transplantation sans les néphrologues ». Le don d'organes est ainsi important et il faut dépasser le don de rein sur donneur vivant, a souligné le Pr Benabadji. Pour lui, le prélèvement sur cadavre permettrait de sauver des centaines de vies. « D'un seul cadavre, on peut greffer deux insuffisants rénaux », a-t-il indiqué. Selon les conférenciers, pour développer la transplantation rénale à partir de donneur cadavérique, il est important d'intensifier la sensibilisation pour le don, d'inclure la culture du don dans l'enseignement primaire, secondaire, supérieur, dans les mosquées et dans la presse. Equiper les services d'urgence pour la prise en charge de mort encéphalique est aussi une mesure à prendre rapidement et enfin instaurer le débat pour ou contre le don afin que chaque Algérien puisse se prononcer de son vivant. Pour ce faire, la Société algérienne de néphrologie propose d'instituer une carte de donneur qui sera portée avec les papiers d'identité. Cette carte manifeste la volonté de faire don ou opposition, comme cela se fait dans certains pays.