Danger n Six millions d'Algériens risquent une insuffisance rénale chronique, notamment les diabétiques et les hypertendus. 4500 nouveaux cas sont enregistrés annuellement. La greffe rénale constitue la seule issue pour ces malades. Le prélèvement de reins à partir d'autres personnes ou cadavres est donc inévitable pour leur rendre vie. Le volume actuel des transplantations réalisées à travers le territoire national est jugé «très insuffisant» par les néphrologues et ce, en raison notamment des obstacles relatifs aux donneurs d'organes. Seuls 500 greffes rénales ont, en effet, été réalisées depuis le 16 juin 1986, où a été effectuée la première greffe à l'hôpital Mustapha-Pacha, à Alger. Le rythme actuel de la prise en charge des insuffisants rénaux chroniques est loin de répondre aux besoins exprimés. Suite à la réactivation du programme national de transplantation, en 2006, 116 greffes rénales ont été réalisées durant l'année 2007, soit 04 greffes par million d'habitants. Depuis le début de l'année en cours, seules 80 greffes ont été réalisées à travers l'ensemble du pays et le SG de la Sandt s'attend à dépasser la centaine d'ici à la fin décembre prochain. «Notre objectif est d'atteindre une moyenne de 200 greffes / an à l'horizon 2010, soit six greffes par million d'habitants», indique le Pr Rayane. «Nous étions très en avance par rapport à nos voisins marocains et tunisiens, mais aujourd'hui ils nous ont nettement dépassés. Pourtant, le budget alloué par l'Etat en matière de santé publique est 10 fois supérieur au leur», déplore le Dr Benabadji. Où est donc la faille ? Les deux spécialistes sont fermes : le volume de dons d'organes constitue le principal obstacle. «Il faut élargir le cercle des donneurs aux personnes ayant une alliance en particulier le conjoint et les autres membres de la belle-famille», insistent-ils. Le don altruiste (par une personne non apparentée) ou la vente réglementée de rein ne doit pas, selon eux, être envisagée à l'heure actuelle en raison des dérives que cela pourrait entraîner. Concernant la transplantation à partir de cadavres, elle ne dépasse pas le taux de 5% du programme national en raison notamment de la nécessité du consentement de la famille après le décès. On ne peut donc prélever actuellement un rein d'un cadavre si sa famille refuse, et ce, en dépit de l'aval des autorités religieuses. Pour le Dr Benabadji, l'effort doit être fait en matière de prélèvement cadavérique car chaque cadavre peut sauver deux patients (deux reins). Le nombre de malades qui attendent actuellement une greffe rénale est estimé à 13 000. En matière d'infrastructures spécialisées disponibles, le Pr Rayane indique que l'Algérie compte 250 centres de dialyses. Aussi 90 demandes d'ouverture de centres privés attendent l'accord du ministère de la santé. Voir demain notre dossier «Tout pour démystifier le don d'organes»