Les malades algériens qui ont besoin d'une greffe, rénale en particulier, et dont le nombre a été estimé à 7 000 en 2010, doivent s'armer de patience, car l'attente est indéfinie.Notre pays «accuse un déficit flagrant en transplantation d'organes en général et en greffe rénale en particulier. Depuis 1986, moins de 1 000 greffes rénales ont été effectuées et seulement une trentaine de transplantations hépatiques», note la Société algérienne de néphrologie dialyse et transplantation (Sandt) dans un communiqué remis hier à la presse à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du don d'organes. «Est ce que le citoyen algérien est prêt à accepter de donner ses organes après sa mort ?», s'est interrogé, hier au forum d'El Moudjahid, le professeur T. Rayane, président de la Sandt. La réponse est, bien entendu, non, sachant que le taux de refus de prélèvement d'organes sur des personnes décédées est de l'ordre de 90% chez les familles algériennes. En Tunisie voisine, le même taux est de 70% loin derrière la France qui s'établit actuellement à 30%. Actuellement, 14 500 patients sont ainsi traités par une méthode suppléante, lit-on dans le même communiqué. Selon la même source, la prévalence de l'insuffisance rénale chronique a atteint le chiffre de 460 malades pour un million d'habitants. L'Algérie enregistre 3 500 nouveaux insuffisants rénaux chaque année et les besoins sont estimés à 500 greffes par an. Cependant le nombre de greffes réalisées en moyenne pour la même période ne dépasse pas une trentaine dans le meilleur des cas. En outre, «99% des transplantations ont été réalisées au cours des dernières 26 années, à partir de donneurs vivants apparentés et seuls huit des donneurs sont décédés». Pour le Pr Rayane, la solution à ce gros problème est «d'inculquer, en urgence, aux citoyens algériens une culture dans ce domaine à travers des campagnes d'information et de sensibilisation adéquates». Et ce, d'autant plus que les moyens humains, la compétence et les équipements médicaux nécessaires existent chez nous. A cela s'ajoute, un «avis religieux favorable» puisque cette pratique se fait partout dans le monde arabe, notamment en Arabie saoudite et en Iran, pays pionniers dans la transplantation d'organes. Du côté législatif, l'Algérie dispose d'une loi, mais elle restreint le don d'organes aux ascendants, collatéraux et ascendants. «Le don d'organe doit s'étendre aux grands-parents, oncles et tantes, cousins germains, les donneurs ayant des liens d'alliance, en particulier le conjoint et les autres membres de la famille», suggère le Pr Rayane qui estime que beaucoup de travail reste à faire dans le domaine de la transplantation d'organe car son prélèvement sur un cadavre aujourd'hui relève de l'impossible. Selon lui, sur une dizaine de tentatives de prélèvement d'organes effectuées en 2011 auprès de dix familles, seule une a accepté que le cadavre de son parent soit prélevé d'un organe. «C'est tout un travail de sensibilisation et de culture à faire auprès de la société algérienne», conclut-il.