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"Fini avec le social!"
AZZEDINE MIHOUBI ETABLIT SON BILAN DE 2016 ET ANNONCE SES PERSPECTIVES
Publié dans L'Expression le 31 - 01 - 2017


Le ministre de la Culture
«Comment expliquer que contrairement au théâtre de Béjaïa qui emploie 60 personnes, le théâtre de Mostaganem fonctionne très bien avec seulement 12 employés?» s'est interrogé, décontenancé, le ministre de la Culture.
«C'est fini la politique de fonctionnariat et de gratuité. Aux gestionnaires des établissements publics de rendre des comptes et d'assainir leurs finances sinon qu'ils laissent leur place à d'autres», s'est exclamé hier matin le ministre de la Culture, très virulent ne mâchant pas ses mots lorsqu'il a animé un point de presse à la Bibliothèque nationale d'EL Hamma. Le ministre de la Culture passera au peigne fin le bilan de l'année 2016 et dévoilera les grands axes du plan d'action de l'année 2017. Il insistera sur la nécessité de revoir le système de financement et autres de l'activité cinématographique, y compris théâtrale. C'est d'ailleurs par ce secteur qu'il entamera sa conférence arguant qu'il faut revoir et améliorer le secteur culturel en donnant un nouveau souffle à ses départements en ce temps de disette budgétaire sans que cela n'affecte pour autant la qualité de la production culturelle. A propos de la polémique qui a enflé récemment concernant le surnombre des effectifs du TRB et dont les salaires n'ont pu être payés par le théâtre, mais sauvés par l'Onda, le ministre de la Culture s'est montré bien ferme sur la question en donnant comme réponse le bel exemple du théâtre de Mostaganem «qui fonctionne très bien en embauchant seulement 12 employés». Il relèvera la «logique commerciale» qui doit prévaloir dans ces établissements qui devront maîtriser leur gestion et assumer totalement leur responsabilité devant pareille situation.
Reconsidérer la gestion financière
«Je suis d'accord avec les artistes, qu'il faut préserver le TRO, mais personne n'a proposé de solutions. Les gens fuient leurs responsabilités en refusant de voir la réalité en face. Si tu gères bien, tu gagneras bien. Il y a tout un débat avec plusieurs comités entre autres de finances, qui a été installé et dont le compte rendu sera connu incessamment». Azzedine Mihoubi annoncera cela à l'orée de l'organisation en mars de l'événement culturel «Mostaganem, capitale internationale du théâtre 2017». S'agissant du département livre, le ministre soulignera le fait que malgré la restriction budgétaire du Sila qui a été amputé de 50%, il a réussi son défi haut la main. 148 nouvelles bibliothèques sont opérationnelles a-t-il indiqué. Elles ont été équipées par les moyens du secteur. 508 ouvrages ont été financés dans le cadre de la politique d'aide à la création (par le biais du fonds spécial d'aide à la création et du budget consacré à la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015''). S'agissant du volet patrimoine, le ministre de la Culture a annoncé la mise en place d'une Carte nationale archéologique pour faire découvrir les monuments et vestiges du pays par wilaya, aussi l'enrichissement des collections nationales de plus de 508 pièces ou objets archéologiques et poursuite de l'opération classement des sites archéologiques, mais aussi le traitement de 23 cas «d'atteintes au patrimoine». Quant à la diffusion de la production culturelle qui pose problème, le ministre de la Culture a rappelé la rationalisation des dépenses dans la gestion des festivals. Ainsi pour 2016 sur 176 festivals, 83 ont été organisés dont certains n'ont pu évoluer correctement que grâce au budget restant de l'année 2015. En sus, avec l'apport des sponsors comme c'est le cas du Fica. Il insistera à nouveau sur la recherche de nouvelles sources de financement pour sortir progressivement de la politique de la gratuité des prestations culturelles, arguant que l'année 2016 a été «un examen de passage» pour tous ces festivals et que le meilleur qui est capable de surmonter toutes ces difficultés restera dans la course en poursuivant son activité. «On est prêt à les aider» et d'ajouter:» Pas moins de 3500 activités culturelles ont été organisées malgré des moyens financiers limités» a-t-il fait entendre en sus d'un financement par le secteur privé d'un certain nombre d'activités culturelles. 83 millions de DA d'aide ont été octroyés aux associations culturelles. Le ministre a estimé que l'Etat a financé 40 productions théâtrales et 15 cinématographiques. «Si l'Etat produit seul, il ne faut donc pas se plaindre de la qualité du résultat. C'est à la société de produire et de créer. L'Etat doit fournir seulement les infrastructures, accompagner les artistes et favoriser le cadre humain et logistique dans le respect des lois. Nous allons vers le système de billetterie de toutes manifestations de façon graduelle comme c'est déjà le cas ailleurs dans le monde. C'est la concurrence et l'émulation qui favoriseront la qualité de la programmation.»
Contrôle et révision des textes juridiques
Aussi, ce sont 6424 cartes d'artistes qui ont été délivrées par le Conseil national des arts et des lettres a-t-il indiqué, permettant à ces artistes d'avoir accès «à maintes privilèges» a t-il souligné et ce notamment l'ouverture prochaine d'une clinique de soins pour les artistes. Les aides financières ont concerné 149 artistes dans le cadre des subventions sociales. L'enveloppe financière est estimée à 8 millions de dinars. Une opération menée et supervisée par l'Onda. 70 projets ont été accompagnés par l'Onda dont le montant global est de 118 millions de DA. A propos de la restructuration des établissements sous tutelle il relèvera la transformation du siège du Centre national de la photographie de Koléa en un espace qui abritera le Centre national du cinéma et audiovisuel et le Centre algérien pour le développement du cinéma. Aussi, l'ouverture du Musée d'art moderne d'Oran qui sera rattaché au Musée Zabana et celle du Centre arabe archéologique de Tipasa sans oublier la mise en place d'un plan de travail afin d'adapter les contenus pédagogiques des écoles supérieures relevant du secteur de la culture pour une mise à niveau avec le système LMD. Azzedine Mihoubi insistera sur l'adoption d'une démarche pour le suivi et le contrôle des subventions et programmes financiers confiés aux établissements sous tutelle (une démarche qui se fera en partenariat avec un bureau d'études public). Dans ce sens et annonçant les mesures prises pour l'année 2017 il mettra l'accent sur la révision du financement de l'activité cinématographique, la loi sur le cinéma, la relance du réseau des salles de cinéma et l'acquisition par l'Onci de 10 nouveaux DCP qui serviront à la projection entre autres des films étrangers pour inciter à une réelle émergence d'une industrie cinématographique en Algérie qui selon lui, devrait être rehaussée de plusieurs multiplexes délocalisés et le studio de post-production dont jouit d'ores et déjà son propriétaire, le réalisateur Belkacem Hadjadj. Le ministre de la Culture a réfuté par ailleurs le terme de gel de financement concernant le Fdatic, mais préféra parler de «restriction budgétaire» invitant les producteurs à trouver des financements pour à la fois produire leurs films et participer dans les festivals mondiaux «car l'argent que gagnera le film ira dans la poche du producteur pas dans celle du ministère de la Culture». Aussi en termes de contrôle le ministre qui s'est montré bien sévère insistera sur le devoir de suivi des films réalisés grâce au fonds d'aide de son ministère pour ne pas se retrouver face à un nouveau dilemme comme celui rencontré avec le réalisateur Merzak Allouache qui avait envoyé son film Les Terrasses dans un festival en Israël.
Pour le 4eme art encore une fois, Azzedine Mihoubi annoncera la révision des textes juridiques régissant le théâtre et l'élaboration d'un programme d'action avec les institutions du théâtre en vue de trouver et consolider des solutions communes, tout en reconsidérant la politique de rationalisation des dépenses, poursuite de la politique d'aide de financement aux catégories nécessitant le soutien financier, tout en maintenant l'équilibre financier à travers les promotions, les publicités et l'encouragement de la mise en place de la billetterie. Et d'annoncer la poursuite des efforts engagés en vue de la mise en place du Centre africain catégorie 22 du Patrimoine immatériel de l'Unesco en Algérie. Le ministre insistera enfin sur la formation et la délocalisation aussi des studios de cinéma entre autres et malgré le manque d'argent son devoir de soutien envers les artistes algériens tout en étant bien clair qu'il faudra désormais bien se retrousser les manches en évoquant les gestionnaires du milieu du spectacle. Ces derniers, comme le festival Dimajazz devront s'acquitter de leurs dettes.
«Malgré qu'ils aient donné un chèque sans provision à l'Onci, je me suis engagé pour que ce festival existe encore» a-t-il martelé, nerveux sans vouloir blesser personne. Mais pour Azzedine Mihoubi, il n'y a plus aucune tergiversation qui tienne! La messe est dite...


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