Le regretté Achour Belghezli Il y a vingt-et-un ans, le 17 février 1996, Achour Belghezli, journaliste qui exerçait à l'époque à l'hebdomadaire Le Pays, a été assassiné par balle dans le centre-ville de Tizi Ouzou. Hier, l'heure était donc au souvenir et au recueillement aussi bien dans la ville de Tizi Ouzou que dans le village natal du journaliste assassiné, Aguemoun, où repose Achour Belghezli. En effet, c'est à l'appel du collectif des jeunes d'Aguemoun, que les activités commémoratives du vingt-et-unième anniversaire de l'assassinat de Achour Beghezli ont eu lieu hier avec notamment un recueillement et dépôt de gerbes de fleurs. D'abord, au niveau de la stèle érigée à sa mémoire au centre-ville de Tizi Ouzou (descente de Hasnaoua) puis sur sa tombe au niveau du cimetière du village Aguemoun, commune d'Ath Aïssi dans la daïra d'Ath Douala. Par ailleurs, la commémoration du vingt-et-unième anniversaire de l'assassinat de Achour Belghezli a été marqué, hier, par la pose de la première pierre du futur foyer de jeunes d'Ath Aïssi qui portera désormais le nom du journaliste assassiné. Achour Belghezli avait été assassiné au moment où il se trouvait à l'intérieur du bureau de l'agence de communication qu'il venait à peine de lancer à Tizi Ouzou. Sa secrétaire n'a pas échappé aux balles de leurs assassins. C'était au moment où le terrorisme frappait aveuglément partout en Algérie et n'épargnait pas les journalistes. La nouvelle de l'assassinat de Achour Belghezli avait secoué toute la corporation à Tizi Ouzou, mais aussi les citoyens de la région. C'était un jour funeste que les journalistes qui travaillaient avec Belghezli n'oublieront jamais. La dernière fois que nous avons vu et discuté avec le journaliste Belghezli c'était quelques jours avant son assassinat. La rencontre s'est déroulée dans la cour de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Achour Belghezli nous a fait part de son voeu ardent, auquel il tenait tant, de lancer une association humanitaire pour venir en aide aux enfants abandonnés et ceux qui sont dans le besoin. Ce rêve, tant caressé par Achour Belghezli, n'a malheureusement jamais vu le jour. Compte tenu de sa modestie, Achour Belghezli ne parlait jamais de son passé de grand militant de la cause berbère durant les années quatre-vingt ni de sa facette de musicien ayant joué avec des sommités de la chanson kabyle à l'instar de Matoub Lounès. Ce n'est d'ailleurs qu'après son assassinat que ses collègues journalistes, plus jeunes que lui à l'époque, découvrirent que l'un des vingt-quatre détenus des événements appelés communément le printemps berbère d'avril 1980 était Achour Belghezli. Il fut arrêté pour son militantisme en faveur de l'identité amazighe en compagnie d'autres figures de proue du mouvement comme Mokrane Chemim, Mouloud Lounaouci, Arezki Abbout, Idir Ahmed Zaïd, Djamel Zenati, Arezki Aït Larbi, Saïd Khellil... En l'assassinant, le groupe armé qui a perpétré ce crime visait non seulement le journaliste qu'il était mais aussi le militant de la cause amazighe qu'il n'a pas cessé d'être tout au long de sa vie. Le côté humain de Achour Belghezli est également un élément de sa personnalité qui fait qu'il est très difficile de parler de lui au passé. Même vingt-et-un ans après son assassinat. Son sourire qui ne quittait jamais son visage, même durant les moments les plus difficiles, est également gravé dans nos mémoires, nous qui l'avons connu, aimé et tant appris de lui.