Les trois pays de la ligne de front se penchent sur la Libye Les trois pays qui se retrouvent aujourd'hui à Tunis, à savoir la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte, ont beaucoup travaillé dans le cadre du Groupe des pays voisins et, plus largement, celui de l'Union africaine, à essayer de rapprocher les positions et de concilier les parties en conflit... Prévue le 1er mars prochain à Tunis, la réunion des ministres des Affaires étrangères de Tunisie, d'Algérie et d'Egypte sur la crise libyenne a été avancée aux 19 et 20 février. Selon le département des Affaires étrangères, cette réunion vient concrétiser l'initiative du président Béji Caïd Essebsi visant à parvenir à un règlement politique et global de la crise qui perdure en Libye. Elle a également pour objectif de faire le point sur les multiples contacts établis par les trois pays avec les protagonistes libyens, avec un objectif majeur, celui de rapprocher les points de vue et jeter les fondements d'un accord politique consensuel, jugé nécessaire pour le dénouement de la crise. Les ministres des Affaires étrangères seront reçus demain par le président Beji Caïd Essebsi, alors que les conclusions de cette réunion seront soumises aux présidents des trois pays.Elle intervient quelques jours après la «rencontre» organisée avec tambour et trompette par l'Egypte qui espérait confronter le président du Conseil, Fayez al-Serraj au maréchal Khalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne afin qu'ils contribuent l'un et l'autre à progresser dans les tentatives d'amendement de l'Accord du 27 décembre 2015. Sauf que Haftar a promptement esquivé, refusant une confrontation directe au motif qu'elle ne servirait à rien tant que ses exigences principales, relatives à la mise à l'écart du processus du dialogue politique inclusif de certaines milices islamistes de Misrata, n'auraient pas été honorées. Une exigence bien au-dessus des moyens et de la volonté de Fayez al-Serraj qui doit entièrement aux milices de Misrata, Fadjr Libya comprise, son arrivée à Tripoli et l'adhésion à son programme de plusieurs institutions parmi lesquelles la Compagnie libyenne des pétroles. Les trois pays qui se retrouvent aujourd'hui à Tunis, à savoir la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte, ont beaucoup travaillé dans le cadre du Groupe des pays voisins et, plus largement, celui de l'Union africaine, à essayer de rapprocher les positions et de concilier les parties en conflit, à défaut de pouvoir les réconcilier. Quant à la diplomatie algérienne, elle s'est énormément investie dans la médiation onusienne, mais plus encore dans le travail discret qui a vu défiler à Alger nombre de responsables politiques et militaires, de membres de la société civile, de chefs de tribus et plus officiellement des protagonistes majeurs de la crise. Autant d'efforts, autant de tentatives qui se heurtent toujours aux réalités complexes de la scène libyenne, dominée par des appétits d'envergure et par le jeu manoeuvrier de certaines puissances qui, sous prétexte de contribuer à la solution, ne font en fait que la compliquer davantage. On avait cru un moment, lors de la réunion du Caire, la semaine passée, que cette solution était enfin à portée de signature. Bon nombre des revendications formulées par le Parlement de Tobrouk et son allié Khalifa Haftar avaient été satisfaites, notamment la révision de l'Accord conclu sous l'égide de l'ONU fin 2015, dans ses dispositions sur la composante du Conseil présidentiel avec une réduction de neuf membres à trois et la constitution d'une véritable Armée nationale libyenne, sous l'autorité du Conseil et du Gouvernement d'union nationale qui en découle, dont Haftar revendique haut et fort la pleine autorité. La réunion organisée aujourd'hui à Tunis devrait permettre d'abord d'examiner les raisons objectives du blocage intervenu au Caire, puis de sérier les voies et moyens de les transcender, dans les prochaines semaines, quand il s'agira de relancer la mécanique de la concertation avec les parties en conflit. Sur ce plan, les Egyptiens auront beaucoup à raconter car leur initiative aura au moins permis de recenser les points d'achoppement les plus vifs et les entraves délibérées que certaines parties s'évertuent à semer sur le chemin du dialogue. Partant de là, les ministres des Affaires étrangères réunis à Tunis auront à la fois tiré la leçon des multiples échecs encourus et des approches bredouilles, mais également débroussailler les futures réunions qui seront organisées entre Libyens. Fort de l'audience que leur accordera le président tunisien Béji Caïd Essebsi et des conclusions qu'ils soumettront aux chefs d'Etat des trois pays concernés par cette importante rencontre, ils pourront à terme disposer d'une nouvelle feuille de route pour avancer avec davantage de visibilité et d'opportunité dans ce terrain miné que constitue la Libye, à l'Est comme à l'Ouest, sans oublier le Sud.