Depuis près de trois semaines, le stationnement est interdit sur toute la longueur du quai nord face à l'entrée principale (n°1) du port d'Alger. La décision a été prise par mesure de sécurité à l'occasion du Sommet de la Ligue arabe des 22 et 23 mars 2005. Elle devait donc prendre fin avec la fin de cet événement. Mais elle a été reconduite avec un zèle étonnant après le Sommet. Dans une pétition adressée aux autorités, les commerçants riverains réclament «la levée immédiate» de cette «décision inique qui représente une grave menace pour leur existence». Ils dénoncent une mesure qui «apparaît en réalité comme un véritable embargo sur leurs clients et leurs fournisseurs, un embargo qui commence déjà à les asphyxier». Si Rabah, vieux commerçant installé sur les lieux depuis plusieurs décennies, est formel: «Depuis que les voûtes existent, jamais une telle décision n'a été prise ni avant ni après l'indépendance. Car le stationnement ne gêne personne. Absolument personne. Bien au contraire». Il faut dire que ce parking rend service à tout le monde: les intervenants dans l'enceinte portuaire qui y garent leurs véhicules, la dizaine de gardiens de l'Association des handicapés qui nourrissent autant de familles, les commerçants, les visiteurs de passage... Il semble que les taxis soient à l'origine du conflit. Certains d'entre eux profitent de ce parking pour éviter la file d'attente et charger en cachette. C'est la plainte de leur association qui a déclenché cette réaction disproportionnée des autorités : au lieu d'interdire l'accès aux seuls taxis, elles l'ont interdit à tous. Même de nuit. Les camionneurs qui travaillent avec le port et qui ont l'habitude de garer leurs camions de 19h à 5h du matin, ont été chassés. Depuis, ils passent la nuit la peur au ventre, enfermés dans leurs camions sur des terrains vagues insalubres à Oued Smar, El-Hamiz ou Bourouba, à la merci des voyous ou des amateurs d'agressions gratuites. Bref, cette interdiction de stationner a réussi l'exploit de faire l'unanimité contre elle. Ceux nombreux qui luttent pour son abrogation, se heurtent à un obstacle de taille: personne n'est en mesure d'identifier l'autorité qui l'a prise. Circonscription administrative de Bab El-Oued? APC? Port d'Alger? «Les différentes autorités se rejettent la responsabilité», explique Mohamed, commerçant, riverain, qui ajoute: «Ce qui est sûr c'est que cette mesure n'a rien à voir avec le nouveau plan de circulation puisque l'endroit concerné est complètement en retrait de l'avenue de l'ALN». En attendant, tout un quartier de la Marine, celui des Quais, est étranglé. Le chiffre d'affaires de certains commerçants aurait déjà baissé de moitié entre la mi-mars et la mi-avril.