img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P170228-09.jpg" alt=""Moonlight" meilleur film" / «M oonlight» a été sacré meilleur film dimanche aux Oscars après une gaffe historique, qui a d'abord donné par erreur la plus prestigieuse des récompenses du cinéma au grand favori «La La Land», quand même reparti avec six statuettes. Fiasco épique pour cette cérémonie d'ordinaire si rodée, l'actrice légendaire Faye Dunaway, au côté de Warren Beatty, a lu le mauvais nom de film sur la scène du Dolby Theatre dimanche. Toute l'équipe de la comédie musicale «La La Land» est montée sur le podium et les producteurs ont commencé leurs remerciements avant qu'on vienne les prévenir que le gagnant était en réalité «Moonlight». «Il y a une erreur, «Moonlight», c'est vous qui avez gagné le Prix du meilleur film», a expliqué l'une des personnes sur la scène brandissant le carton et son enveloppe rouge. L'un des producteurs de «La La Land», avec classe, a dit qu'il était honoré de donner la statuette qu'il avait crue sienne à ses «amis de «Moonlight»». «C'est très malheureux ce qui vient de ce passer» a déclaré l'animateur Jimmy Kimmel, mi-figue mi-raisin, pendant que la confusion régnait sur la scène du Dolby Theatre, où les équipes des deux films s'étreignaient pendant que l'une descendait et l'autre montait. Warren Beatty a ensuite expliqué sur scène que le carton qu'il avait lu portait la mention «Emma Stone, La La Land», ce que Jimmy Kimmel a ensuite confirmé. Le cabinet d'audit chargé de la remise des trophées aux Oscars a présenté hier ses excuses pour cette erreur monumentale. «Les présentateurs se sont vu remettre la mauvaise enveloppe et quand l'erreur a été découverte, elle a été immédiatement corrigée», a affirmé PriceWaterhouseCoopers dans un communiqué. «Moonlight», tourné pour seulement 1,5 million de dollars avec un casting noir, est aux antipodes du romantique et onirique «La La Land» et marque un tournant à 180 degrés après les vives polémiques sur le manque de diversité aux Oscars ces deux dernières années. Le réalisateur de ce drame intimiste et poignant sur un jeune garçon noir homosexuel qui grandit dans un quartier difficile, Barry Jenkins, 37 ans, a aussi été primé pour le scénario, adaptation d'une pièce de Tarell McCraney. Mahershala Ali, qui interprète un trafiquant de drogue au grand coeur, a été sacré meilleur second rôle masculin. «Je ne pense pas que ma vie aurait pu changer plus radicalement que ce qui vient de se passer ces vingt dernières minutes», a déclaré en salle de presse Barry Jenkins, encore sonné. En recevant sa statuette, il avait lancé: «Vous tous les gens qui pensez qu'il n'y a pas de miroir pour vous, l'Académie des arts et science du cinéma, qui décerne les Oscars, veille sur vous, nous veillons sur vous, et pendant les quatre années à venir nous ne vous oublierons pas», allusion un peu cryptique à l'administration Trump. Six Noirs étaient nommés cette année pour les prix d'acteurs, un record. C'est l'Afro-Américaine Viola Davis, en robe rouge et en larmes, qui a remporté celui du second rôle féminin. Elle interprète dans «Fences» une épouse bafouée face à Denzel Washington, à qui elle a lancé un vibrant «oh capitaine, mon capitaine». Déjà primée aux Emmys et aux Tonys - Prix du théâtre - elle a été ovationnée debout. «La La Land», ode à Los Angeles, partait largement favorite avec le record de 14 nominations. Damien Chazelle, prodige de 32 ans, devient le plus jeune lauréat du Prix du meilleur réalisateur. Emma Stone, qui déploie tout son charme dans cette romance mélancolique, a été couronnée meilleure actrice, battant notamment la Française Isabelle Huppert, qui incarne une femme violée dans «Elle. «C'est une énorme confluence de chance et d'opportunités» d'avoir joué dans pareil film, «une occasion unique dans une vie» a dit la pétillante rousse de 28 ans aux yeux turquoise. En salle de presse, elle aussi est revenue sur le chaos de la fin de Cérémonie: «C'était fantastique d'entendre «La La Land» mais nous sommes tous enchantés pour «Moonlight», je pense l'un des meilleurs films de tous les temps». Le drame «Manchester by the Sea» est un autre vainqueur: son auteur-réalisateur Kenneth Lonergan a été primé pour son scénario et Casey Affleck a coiffé au poteau Denzel Washington («Fences») dans la catégorie meilleur acteur. Il interprète un homme dépressif soudainement forcé de s'occuper de son neveu et s'affranchit définitivement de l'ombre de son célèbre aîné Ben Affleck, dont il dit avoir «beaucoup appris». La soirée a été marquée par de nombreuses déclarations politiques contre le président Trump, en particulier sa politique anti-immigration. «Le Client», une coproduction française réalisée par l'Iranien Asghar Farhadi, a reçu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, la deuxième fois qu'un film de ce cinéaste est primé. L'absence de Farhadi n'en était que plus retentissante: il boycottait la cérémonie pour protester contre le décret migratoire du président Trump visant sept pays musulmans, dont le sien.