Le jugement a été expéditif à l'encontre de l'accusé Vu lintérêt qu'il a suscité dans les milieux médiatiques et politiques, il était attendu que le procès du meurtre de Ali Tounsi s'étale dans le temps et prenne une allure «d'affaire». Il n'en fut rien. Deux jours après l'ouverture du procès, période au cours de laquelle rapports et témoignages se sont confrontés à merci, le tribunal criminel près la cour d'Alger a prononcé lundi soir la peine capitale à l'encontre de Chouaïb Oultache après avoir établi sa culpabilité pour homicide volontaire avec préméditation contre Ali Tounsi, ex-directeur général de la Sûreté nationale, tentative d'homicide volontaire contre deux cadres de la direction et port d'arme sans autorisation. En effet, après plus de trois heures de délibérations, le verdict a été prononcé par le président du tribunal, Amar Belkherchi. Il faut dire que la vélocité avec laquelle le procès s'est fait, laisse comme un goût d'inachevé dans le traitement de ce dossier, et ce d'autant plus qu'il s'agit d'un meurtre d'un des plus hauts responsables de l'Etat algérien. Il était attendu qu'il s'étale sur plusieurs semaines. Même la défense de l'accusé, qui estime que le procès a été expédié parce qu' «on ne va pas arriver à la vérité», partage ce sentiment. Mais, «les dés sont jetés». Précédemment à la peine, le représentant du parquet général près le tribunal criminel d'Alger a requis lundi dernier la peine capitale à l'encontre de Chouaïb Oultache, accusé de l'assassinat de l'ex-Dgsn Ali Tounsi. «Nous requérons l'application de la peine capitale contre l'accusé au vu de la gravité du crime commis contre le premier responsable du corps de la police dans son bureau personnel», a déclaré le procureur général, Lakrout Larbi. Dans ses réquisitions, le procureur général s'est basé sur «les contradictions constatées dans les déclarations» de l'accusé Oultache lors des différentes phases de l'instruction, précisant que «l'accusé cherchait ainsi une échappatoire». En effet, selon lui, le crime a été commis après que l'ex-Dgsn a découvert que l'accusé Oultache avait attribué, en sa qualité de président de la commission de modernisation de la Dgsn, un marché relatif à l'acquisition d'équipements informatiques à son gendre, Sator Toufik, pour des sommes faramineuses». Selon le même représentant du parquet général, la genèse de l'affaire remonte au 7 février 2010 lorsque la victime, Ali Tounsi, adressa une lettre personnelle à Oultache «lui demandant des précisions sur la véracité des informations concernant l'attribution du marché à son gendre, ce qui a irrité Oultache le poussant à commettre ce crime». Le représentant du parquet a rappelé par ailleurs que le 25 février 2010, jour du crime «c'est après avoir lu un article dans le quotidien Ennahar indiquant que le Dgsn avait suspendu le chef de l'unité aérienne de ses fonctions, que l'accusé s'est déplacé au bureau de la victime pour demander le report de la réunion des directeurs centraux afin d'éviter une humiliation lors de cette réunion que Ali Tounsi avait programmée pour s'enquérir des résultats de l'opération de modernisation du corps de la police». Dans son plaidoyer, Me Amine Sidhoum, avocat de l'accusé, avait affirmé que «la scène du crime n'avait pas été protégée (bureau de Ali Tounsi)», estimant que «l'entrée d'un nombre important d'officiers de la police judiciaire au bureau a compromis l'instruction». Pour sa part, l'avocat Mohamed Tayeb Belarif a indiqué que les marchés que l'accusé Chouaïb Oultache avait conclus dans le cadre de l'opération de modernisation de la Dgsn «étaient conformes aux procédures», ajoutant que «les balles qui ont tué la victime ne proviennent pas du pistolet de son client». Sur l'action civile dans l'affaire de l'assassinat de l'ex-directeur général de la Sûreté nationale Ali Tounsi, il a été prononcé un jugement accordant aux ayants droit (famille de Ali Tounsi) et à l'ancien chef de sûreté de la wilaya d'Alger, un montant de 24 millions de dinars à titre de dommages et intérêts. En vertu de ce jugement, un montant de 23 millions de dinars a été également accordé à la famille de la victime Ali Tounsi et 1 million de dinars à Abdelmoumene Abd Rabou, ancien chef de sûreté de la wilaya d'Alger.