Le ministre de la Communication lors de son intervention Le premier est d'ordre politique puisqu'il consacrera le jeu démocratique. Quant au second il sera professionnel en ce sens qu'il fournira la vraie radiographie des médias nationaux. C'est lors des élections législatives que l'on saura si réellement il y a une liberté d'expression en Algérie. Et c'est à travers ces mêmes législatives que l'on constatera également si la presse a respecté ou non les règles déontologiques. C'est ce qu'a soutenu hier, le ministre de la Communication, Hamid Grine, lors d'un point de presse animé à l'Ecole supérieure de journalisme, en marge d'un séminaire de formation sur le journalisme et les réseaux sociaux. «Ces élections seront une sorte de test de la liberté d'expression et de professionnalisme. On va voir si cette liberté d'expression inclut l'éthique et la déontologie», a-t-il affirmé. Ainsi, pour le ministre de la Communication, la prochaine échéance électorale aura un double enjeu. Le premier est d'ordre politique puisqu'il consacrera le jeu démocratique et la régularité du scrutin dans notre pays. Quant au second il sera professionnel en ce sens qu'il fournira la vraie radiographie des médias nationaux. L'électrocardiogramme ne sera pas plat, ce qui signifie fatalement un coeur mort. Il sera en dents de scie car le coeur médiatique bat toujours et Grine le sait. Il concède d'ailleurs cette évidence en affirmant que l'Algérie a une presse «professionnelle et exigeante», qui veut toujours aller au «fond des choses», ajoutant que la liberté d'expression est consacrée dans la Constitution et sur le terrain. Il a relevé que depuis 2014, avec le cycle de formations initié par son département, son secteur a enregistré «moins de laxisme» et «un plus d'exigence». Pour lui, la liberté d'expression passe par «le respect de l'Autre» à travers «des limites éthiques, déontologiques et professionnelles», relevant que «si on va vers une presse d'attaque et d'injure, la liberté d'expression n'est pas respectée». Il dresse alors les balises du professionnalisme, de l'éthique et de la déontologie pour parer à cette situation. En filigrane, il a presque lancé une invitation au dialogue à ces médias, notamment les télévisions privées, y compris celles qui n'ont pas d'agrément. «Oui s'il faut les rencontrer, si cela s'avère nécessaire je vais les rencontrer.» Mais attention, cette offre «n'est pas synonyme d'un agrément», insiste-t-il. Loin s'en faut, «nous allons les observer et faire le bilan de leur activité à la fin des législatives et on décidera qui mérite bien un agrément» rappelant que le gouvernement ne pouvait pas aller au-delà de 11 chaînes (sur les 55 environ existantes), précisant, dans ce cadre, qu'il ne restera que les «professionnelles et répondant au cahier des charges». Auparavant, le correspondant et éditorialiste au quotidien Il Soro 24 Ore et membre de l'institut des affaires internationales de Rome, Ugo Tramballi, estimant que le Web a «tué» le fondement de l'information. Ugo Tramballi s'exprimait lors d'un séminaire de formation portant sur le thème «le journalisme à l'aune des réseaux sociaux: le journaliste témoin ou protagoniste». Pour le conférencier, le journaliste d'aujourd'hui est pris dans l'engrenage de la rapidité, il est emporté par le flux torrentiel de l'information sur le Web et les réseaux sociaux et du coup il n'a plus le temps d'exercer son métier comme artisan, un mot sur lequel Ugo Tramballi a beaucoup insisté. Le journaliste n'a plus le temps de sourcer, de vérifier, de recouper, de contextualiser et d'historiciser son information, ce qui est justement la base de cet artisanat. Et c'est à ce niveau que réside la crédibilité de l'information. «Il faut se méfier de trois types de journalistes: ceux qui prétendent détenir toute la vérité, ceux qui sont protagonistes et enfin, les journalistes prêtres», conseille-t-il. Que faire alors? «Il faut raconter le monde et non prétendre le changer, ce qui n'est pas la vocation du journaliste», soutient-il avant de préconiser que le journaliste soit un «trait d'union» entre les événements et les citoyens, insistant sur la nécessité de «vérifier et de recouper l'information avant de la donner». Pour Tramballi, le vrai journaliste «ne devrait avoir pour motivation que l'information et non des motivations politiques», relevant, cependant, qu'il doit avoir «une critique constructive». Tramballi qui est également membre du Centre pour la paix au Moyen-Orient à Milan (Italie), a commencé sa carrière en 1976 au quotidien Il Giornale et à partir de 1983, il est envoyé spécial au Moyen-Orient, en Inde et en Afrique et correspondant de guerre au Liban, en Irak, en Iran, en Afghanistan et en Angola. Le ministre de la Communication, des cadres de son département, des étudiants en journalisme ainsi que des responsables de médias ont assisté à cette conférence.