Il est indéniable que la Suisse a grandement contribué à la cause algérienne pendant la guerre de Libération nationale. A l'occasion du 55e anniversaire de la signature des accords d'Evian, une rencontre portant sur les relations entre l'Algérie et la Suisse, et la contribution de la Suisse à ce chapitre déterminant de l'histoire de notre pays, a été organisée samedi à Alger par des historiens et témoins de l'époque lors de «rencontres algéro-suisses». Cet échange a mis en exergue l'apport de la Suisse lors de la guerre de libération, et ce, notamment dans l'établissement des premiers contacts qui ont abouti aux négociations pour l'indépendance de l'Algérie. Des extraits du film «Le diplomate» ont été projetés au public, venu nombreux, et qui témoignent du rôle d'intermédiaire joué par le diplomate suisse Olivier Long qui était à l'époque en contact avec plusieurs responsables algériens, parmi eux, Tayeb Boulahrouf (1923-2005), et avec le ministre français Louis Joxe qui mènera par la suite les accords d'Evian. Le film démontre également le rôle de la presse suisse qui avait dénoncé les exactions commises par l'armée et l'administration coloniales, et montré le combat mené par les représentants du Front de Libération nationale FLN, à l'instar de Tayeb Boulahrouf, Abdelkader Chanderli ou encore Mhammed Yazid, ayant porté la cause algérienne sur la scène politique internationale. Les organisateurs ont par ailleurs, lors de cette rencontre qui s'est déroulée en présence de l'ambassadeur suisse en Algérie, rendu un vibrant hommage au journaliste, photographe, écrivain et cinéaste suisse, Charles-Henri Favrod, disparu cette année. Ce dernier avait soutenu la cause algérienne depuis le début des années 1950 en publiant plusieurs reportages et interviews, et qui était également l'auteur du livre «La révolution algérienne» en 1959. Charles-Henri Favrod avait également joué un rôle important dans la prise de contacts en Suisse entre des responsables du FLN et les autorités coloniales françaises en vue des négociations qui déboucheront sur les accords d'Evian signés le 18 mars 1962. Les nombreux témoins de l'époque, les militants de la Fédération de France du FLN, qui ont été présents à cette rencontre, ont témoigné du «soutien de la Suisse et des facilitations accordées» par ce pays aux militants du FLN, notamment pour acheminer les fonds collectés. L'historien algérien Fouad Soufi a quant à lui regretté «l'absence de recherches algériennes sur ce sujet», rappelant que la Suisse avait abrité plusieurs rencontres avec la présence de grandes figures de la cause nationale qui avaient milité avant le déclenchement de la révolution du 1er Novembre 1954. Fouad Soufi a par la même occasion appelé les historiens à «relayer les témoignages des acteurs» et à «l'ouverture des archives algériennes sur les accords d'Evian». L'auteur du dossier «La Suisse et les accords d'Evian», l'historien suisse Marc Perrenoud a pour sa part, exposé dans le détail le déroulement des prises de contact et les différentes étapes des négociations à Evian. Intervenant à cette occasion, l'ambassadeur suisse en Algérie, Mme Muriel Berset Cohen a souligné le fait que «ces journées s'inscrivent dans les pages fondatrices des réalisations algéro-suisses qui permettent une germination d'un lien dans tous les domaines».