Les partis sortent de leur léthargie. La scène politique kabyle connaît une certaine ébullition avec la commémoration du double anniversaire printanier. Les partis, jusque-là assez «discrets», ont occupé, l'espace d'un meeting pour les uns ou d'une conférence pour les autres, une scène politique longtemps restée veuve de discours partisans. La donne nouvelle induite par l'apparition des archs a également fait en sorte que les partis traditionnels, et même ceux ayant pignon sur rue dans la région, ont marqué le pas. Avec avril et la menace de dissolution des assemblées élues de Kabylie, les forces partisanes se sont comme réveillées d'une certaine léthargie. Ainsi, le RND, un parti qui n'a pas de réelle emprise en Kabylie, a commencé par agiter la scène avec la démission annoncée de ses sept élus locaux pour, disaient-ils, aider à la solution de la crise de Kabylie. En effet, cette exigence des archs pour tout accord avec le gouvernement est finalement acceptée par le chef du gouvernement, ce qui a fait sortir pratiquement tous les partis de ce silence dans lequel ils s'étaient confinés. Le FFS, lui, a choisi de répondre par la négative et affirme qu'il n'est pas question de laisser les assemblées conquises de haute lutte face à l'adversité d'alors. Pour ce parti, l'accord intervenu entre les archs et le gouvernement n'en est pas un, et la menace de la dissolution ne semble guère effrayer le FFS. Bien au contraire, c'est un peu comme si cette menace a, en fait, donné des ailes au parti niniste. En effet, et depuis l'annonce de cette probabilité, le FFS s'est comme senti revigoré et, de meeting en conférence, est parti sur le terrain expliquer au peuple ses positions. La mesure semble donner des résultats, puisque ce parti fait, à chaque fois, salle comble. C'est un peu comme si la population donne cette impression de vouloir revenir vers les partis après les avoir boudés. Le RCD, lui, s'est contenté d'une conférence-débat de son président à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, alors que le FLN, ou du moins ses élus, est encore en train de débattre de la question. Les démissions arrivent au compte-gouttes et donnent une idée des débats qui animent la base de ce parti, et principalement ses élus. Certes, et après les élus de l'APC de Tizi Ouzou, ce sont ceux de l'APW qui ont signé une déclaration affirmant qu'ils allaient respecter l'appel du responsable du parti, mais d'autres élus et non des moindres, à l'exemple des président d'APC FLN, restent toujours sur le wait and see. Il reste que la population semble ne pas s'être aperçue de ce débat, ou du moins ne pas en faire grand cas. Pour elle, la région a trop souffert et mérite de retrouver un climat plus serein afin, disent les citoyens approchés, de rêver à des rives plus «rentables économiquement» pour la région. Il est vrai que la Kabylie est aujourd'hui en pleine mélasse. L'emploi reste quasi introuvable pour les jeunes gens, et le chômage touche également les pères de famille. Des partis politiques ayant une empreinte réelle sur la population de la région, comme le FFS, qui semble développer un discours des plus attrayants, puisque, et malgré certaines erreurs de ses élus gestionnaires, la population n'est pas insensible à sa démarche. Ce qui fait dire aux observateurs politiques que l'affaire des élus est une aubaine que le parti semble vouloir exploiter politiquement.