En un mot comme en mille, l'Association des uléma musulmans algériens est l'instrument du courant islamiste Les Uléma d'aujourd'hui sont aux antipodes des enseignements du savant Ben Badis. On a bien vu cela dans l'acharnement qu'ils ont déployé contre la ministre de l'Education Nouria Benghebrit. L'Association des uléma musulmans algériens n'est plus ce qu'elle était. En tout cas, le ministre des Affaires religieuses dit ne pas comprendre certaines de ses positions qui se rapprochent plus du courant salafiste ou celui des Frères musulmans que des référents religieux locaux. Très engagé dans la défense de l'islam des Lumières qui a caractérisé la région du Maghreb, Mohamed Aïssa semble trouver sur son chemin les représentants d'une association, censée l'aider dans son combat, mais qui font justement le contraire. L'exaspération du ministre n'est certainement pas la conséquence d'un fait, d'un communiqué de l'association ou d'une déclaration un peu bizarre d'un de ses dirigeants. En fait, le ministre exprime là un sentiment général dans les sphères décisionnelles du pays, comme dans une large frange de la société algérienne. Et pour cause, ces dernières années, l'Association des uléma a été de tous les combats douteux. L'une de ses premières salves contre les réformes du président de la République a été sa participation dans la levée de boucliers islamistes contre la réforme du Code de la famille. L'opinion nationale qui ne doutait pas du respect qu'a le président pour la religion des Algériens était fortement étonnée de voir l'Association des uléma musulmans algériens monter au créneau pour dénoncer des dispositions «anti-islamiques» que compterait le projet de loi. Sachant que le chef de l'Etat avait personnellement supervisé ladite réforme du Code de la famille, la sortie des uléma était étonnante au sens où ses derniers s'étaient rangés derrière le courant islamiste représenté par des partis politiques, dont l'obédience aux Frères musulmans et au courant salafiste était ouvertement assumée. Sur cette campagne, on voyait clairement un acharnement contre la femme, exactement comme le font les islamistes du Moyen-Orient. Cela éloigne complètement les représentants de l'association de l'un des objectifs originels de l'organisation fondée par Abdelhamid Ben Badis. Ce dernier s'était notamment battu pour le droit à l'instruction pour les Algériennes et ce ne sont pas les témoignages qui manquent dans ce domaine. Les uléma d'aujourd'hui sont aux antipodes des enseignements du savant Ben Badis. On a bien vu cela dans l'acharnement qu'ils ont déployé contre la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit. Sans se donner la peine de consulter son projet de réforme de l'école, ils sont tombés à bras raccourcis sur son travail, à travers une série de communiqués condamnant la démarche de la ministre. Le plus surprenant dans ces réactions, tient du fait que l'association agit en écho à la campagne des partis islamistes contre le projet de réforme de l'éducation. Dans ce dossier, comme dans celui du Code de la famille, les uléma viennent appuyer les propos des islamistes dont l'idéologie est étrangère à l'idée que se font les Algériens de leur religion. En un mot comme en mille, l'Association des uléma musulmans algériens est l'instrument du courant islamiste. Elle travaille exclusivement pour l'agenda des intégristes et semble avoir évacué toute idée de continuité de l'enseignement des fondateurs de l'association. En fait, il est plus qu'évident que les islamistes ont pris possession de l'association, l'ont vidée de sa substance et l'ont remplacée par un islam politisé et surtout caporalisé au bénéfice des idéologies moyen-orientales.Cela est simplement la partie émergée de l'iceberg. L'exaspération du ministre des Affaires religieuses est également justifiée par des comportements incompréhensibles pour le commun des Algériens. Au quotidien, l'association fait le lit de l'intégrisme et développe un discours haineux en direction de la femme, de l'autorité et travaille même contre la politique de déradicalisation prônée par l'Etat et mise en oeuvre, entre autres, par le département de Mohamed Aïssa. L'impression du ministre est d'autant plus vraie que l'on entend dans cette organisation quelques voix qui viennent rappeler l'authenticité du discours religieux algérien. En effet, il est des membres de cette même association qui font montre d'une grande ouverture d'esprit et d'une grande tolérance à l'endroit des autres religions et défendent le principe de l'émancipation de la femme. Ce sont des érudits qui vivent leur temps et ont une explication de l'islam qui sied à notre époque et où les Algériens se retrouvent. Mais ces voix sont disparates et on ne les entend que très rarement. Le message «officiel» de l'Association des uléma a, lui, une coloration intégriste, obscurantiste et développe des thèses très proches des courants salafistes et celui des Frères musulmans.