Le ministre du Commerce par intérim Un air des années 1980 souffle... Le ministre assure que «les intrants et les produits de première nécessité tels que le sucre, l'huile, le café, le thé, les légumes secs, les céréales ne sont pas concernés» par ce gel des importations. Attention, les pénuries arrivent! C'est l'alarmant constat qui ressort de l'intervention, jeudi dernier, du ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, ministre du Commerce par intérim Abdelmadjid Tebboune, jeudi dernier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III où il était l'invité de la rédaction. En effet, le ministre a confirmé le gel des importations des produits finis, qui seront désormais soumis à des licences d'importation. «Les licences et autorisations de 2016 sont arrivées à échéance, les produits ne seront par conséquent importés qu'après la délivrance des nouvelles licences», a-t-il affirmé sans donner le moindre indice sur la date de délivrance de ces licences. En attendant, toutes les importations restent bloquées...mis à part bien sûr la fameuse banane et quelques petits produits qui ont eu droit à leurs licences. Au total, seule une dizaine de licences d'importations ont été accordées! Abdelmadjid Tebboune a tenté de rassurer en affirmant que «les intrants et les produits de première nécessité tels que le sucre, l'huile, le café, le thé, les légumes secs, les céréales ne sont pas concernés». Mais il semble que le ministre se soit trompé d'époque...On n'est plus dans les années 1980, où l'on parle d'assurer les produits de première nécessité aux citoyens. Depuis, l'arrivée du président Bouteflika au pouvoir le niveau de vie des citoyens s'est grandement amélioré. Ils se sont habitués à un certain confort que l'on ne peut «bloquer» d'un coup...! Certes, Tebboune assure que l'on ne privera «l'Algérien d'aucun produit», mais geler comme cela d'un seul coup toutes les importations de produits finis risque de provoquer une grave crise sociale. Surtout que le dispositif a montré qu'il n'était pas encore bien «ficelé» puisque comme on l'a déjà précisé, seule une dizaine de licences ont été délivrées alors que le premier trimestre de l'année arrive à sa fin. Plusieurs produits importants restent bloqués à l'instar du ciment et du rond à béton, auxquels il faudra ajouter dorénavant tout le reste mis à part les produits de première nécessité. C'est la porte ouverte à tous les dérapages et toutes les spéculations comme ce qui a été fait avec la banane, dont a contrario on peut se passer. Imaginons alors ce que cela va être avec des produits de tous les jours, qui ne sont pas considérés comme produits de 1ère nécessité et dont la production nationale n'arrive pas à couvrir tous les besoins? Selon les spécialistes, on a «déroulé» le tapis rouge à une inflation des plus incontrôlables. Chose que le ministre révoque catégoriquement en assurant que les «produits seront suffisamment disponibles sur le marché et qu'aucune pénurie ne sera enregistrée». D'ailleurs, il soutient que «ce dispositif des licences ne signifie pas l'interdiction de l'importation, mais plutôt imposer un contrôle rigoureux de la qualité et des quantités des produits qui rentrent au pays, dans le respect le plus total vis-à-vis des partenaires de l'Algérie dans le cadre des accords signés». Le gouvernement vise globalement à réduire la facture d'importation de 15 milliards de dollars en 2017, en contrôlant notamment les quantités des produits importés, leur prix, et leur origine, a-t-il noté. «Nos estimations de réduction tablent sur 10 milliards de dollars pour 2017, le Premier ministre souhaite atteindre 15 milliards, nous ferons l'impossible pour atteindre cet objectif mais sans créer de pénuries», souligne-t-il. «Un pays qui enregistre un déficit commercial de 17 milliards de dollars, a-t-il le droit de laisser les gens importer du chewing-gum pour 18 millions de dollars par an?», s'est-il interrogé. La facture d'importation des produits superflus s'est élevée en 2016 à 7,8 milliards de dollars, d'après les chiffres avancés par le ministre. Selon lui, «l'enjeu c'est notre indépendance, si on ne fait pas ça on va aller vers l'endettement». «C'est une action gouvernementale réfléchie qui s'inscrit directement dans la sauvegarde de l'intérêt du pays et de son indépendance, à travers le rééquilibrage de la balance commerciale dont le déficit a atteint les 17 milliards de dollars en 2016», explique-t-il. Une action réfléchie? Quand on voit le scandale de l'industrie automobile de «Tahkout», il y a des questions à se poser sur ces actions réfléchies...