Le président américain Donald Trump reçoit aujourd'hui en Floride son homologue chinois Xi Jinping pour un premier face-à-face très attendu - à l'issue incertaine - qui devrait être dominé par la Corée du Nord et son programme nucléaire. Les dirigeants des deux premières puissances économiques mondiales, qui se retrouvent aujourd'hui à Mar-a-Lago dans la luxueuse résidence du magnat de l'immobilier, ne partageront pas les joies du golf, sport proscrit pour les cadres du Parti communiste chinois. Mais la délicate partie diplomatique qu'ils entameront dans le «Sunshine State» sera scrutée avec attention dans le reste du monde. L'exubérant président républicain, propulsé à la Maison- Blanche à 70 ans sans la moindre expérience politique, a prédit, d'un tweet, une rencontre «très difficile» avec le puissant dirigeant chinois, au pouvoir depuis quatre ans. Son tête-à-tête avec Xi Jinping, attendu cet après-midi en Floride après une brève escale en Finlande, intervient moins de 100 jours après son arrivée au pouvoir, alors que sa politique vis-à-vis du géant asiatique reste entourée d'un large flou. Si la rhétorique anti-Pékin est un grand classique des campagnes électorales américaines, l'homme d'affaires de New York a poussé l'exercice très loin. Désignant, devant des foules enthousiastes, la Chine comme responsable de (presque) tous les maux auxquels l'Amérique est confrontée, il a en particulier accusé Pékin de «manipuler» sa monnaie. De reculades en ajustements, il a, depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, partiellement rectifié le tir. Mais nombre de points d'interrogations demeurent. Une crise devrait s'imposer au coeur des débats: la Corée du Nord, qui a tiré hier son cinquième missile depuis le début de l'année. Depuis plusieurs semaines, Washington exhorte Pékin à mettre la pression sur son turbulent voisin. Dans un entretien publié dimanche par le Financial Times, le 44e président des Etats-Unis a laissé planer la menace d'une intervention militaire unilatérale, se disant prêt à «régler» seul le problème nord-coréen si la Chine tergiversait trop longtemps. «Trump bluffe», estime Wu Xinbo, directeur du American Research Centre de Fudan University. «Les Etats-Unis n'ont ni la capacité ni la volonté de résoudre seuls le problème nord-coréen». La dernière fois que le président américain a reçu un dirigeant asiatique à Mar-a-Lago - le Premier ministre japonais Shinzo Abe - le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un s'était rappelé à leur bon souvenir en lançant un tir de missile balistique. «Son comportement est un cauchemar pour la Chine autant que pour les Etats-Unis et leurs alliés», relève Jonathan Pollack, de la Brookings Institution. Soulignant «la frustration croissante» de Pékin vis-à-vis de Pyongyang, dont témoignent les éditoriaux de la presse officielle, il estime que les présidents américain et chinois «ont une occasion sans précédent de réaliser une véritable percée dans cette crise purulente qui menace de plus en plus les intérêts vitaux des deux pays». «La question est urgente. Il n'y a plus beaucoup de temps», soulignait cette semaine un responsable de la Maison-Blanche. Les discussions s'annoncent rudes sur la question du commerce, le président américain affichant sa volonté d'aborder frontalement la question du déficit des Etats-Unis avec la Chine (près de 350 milliards de dollars en 2016). La Chine impose des droits de douane de 25% sur les importations de voiture, limite les importations de nombreux produits agricoles dont le boeuf et le porc et ferme l'essentiel du secteur des services aux investissements étrangers. La question climatique, devenue sous la présidence Obama un sujet d'intense coopération entre les deux grandes puissances, devrait être la grande oubliée du rendez-vous de Mar-a-Lago où seront également présentes les épouses des deux dirigeants: Melania Trump, ex-mannequin, Peng Liyuan, ex-cantatrice. Donald Trump, qui affirmait en 2012 que le réchauffement climatique était un canular des Chinois pour saper la compétitivité des industries américaines, a clairement signifié, depuis son arrivée au pouvoir, sa volonté de détricoter le bilan de son prédécesseur démocrate.