Premières escarmouches entre le président élu américain, Donald Trump, et la Chine Depuis le début du mois dernier, Trump a multiplié les déclarations embarrassantes pour Pékin, qui avait pourtant semblé accueillir son élection le 8 novembre avec bienveillance. Pékin a mis en garde hier contre une détérioration de ses liens avec les Etats-Unis, au lendemain d'une nouvelle sortie de Donald Trump, qui a menacé de chambouler 40 années de relations sino-américaines en évoquant une reprise des relations officielles avec Taïwan. «Nous avons pris note des informations en question et sommes gravement préoccupés», a reconnu le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, à propos des nouvelles déclarations faites la veille par le président élu des Etats-Unis sur la chaîne de télévision Fox. Depuis le début du mois, ce dernier a multiplié les déclarations embarrassantes pour Pékin, qui avait pourtant semblé accueillir son élection le 8 novembre avec bienveillance. Au point que le régime chinois a dans un premier temps réservé ses coups au frère ennemi taïwanais et ménagé le bouillant milliardaire, excusé pour son «inexpérience» diplomatique. Mais Pékin a lancé un premier avertissement hier au nom de la défense du «principe de la Chine unique», celui-là même que Donald Trump a menacé dimanche de jeter aux orties. Pékin impose la reconnaissance de ce principe à tout pays avec qui il entretient des relations diplomatiques. Cette formulation empêche toute indépendance formelle de l'île de Taïwan, séparée politiquement du continent depuis 1949 et que Pékin souhaite réunifier au reste de la Chine. L'appellation officielle de Taïwan reste «République de Chine». «Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à une politique d'une Chine unique, à moins que nous passions un accord avec la Chine pour obtenir d'autres choses, y compris sur le commerce», a estimé M.Trump qui avait déjà écorné ce principe début décembre en prenant un appel téléphonique de la présidente taiwanaise Tsai Ing-wen, au grand dam de Pékin. Donald Trump rompait ainsi avec la ligne de conduite des présidents américains depuis l'établissement des relations diplomatiques avec Pékin en 1979, à savoir de ne pas entretenir de contacts officiels avec des dirigeants taiwanais - même si Washington continue à fournir des armes à l'île. «La question de Taïwan touche à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la Chine. Elle est liée aux intérêts fondamentaux de la Chine. Le respect du principe de la Chine unique est le socle du développement des relations sino-américaines», a rappelé M. Geng. Si ce principe devait être «compromis ou bouleversé, il ne saurait plus être question de croissance saine et régulière des relations sino-américaines ni de la coopération bilatérale dans d'importants domaines», a-t-il averti. Comme en écho, la presse chinoise se faisait menaçante vis-à-vis du futur hôte de la Maison-Blanche. Si le prochain président soutient ouvertement l'indépendance de Taïwan et accroît les ventes d'armes à l'île, Pékin pourrait alors aussi «vendre secrètement des armes» à «des forces hostiles aux Etats-Unis», menace ainsi le quotidien nationaliste Global Times. Mais d'autres voix continuent à prôner la prudence, à l'instar de Wu Xinbo, spécialiste des relations sino-américaines à l'Université de Fudan à Shanghai, qui voit dans les déclarations de Donald Trump «une technique de négociation». «Il sait que la question de Taïwan est extrêmement sensible» pour la Chine, observe l'expert. «Il joue cette carte en espérant obtenir des concessions de la Chine sur les questions commerciales qui le préoccupent». En réaction, Pékin ne doit pas trop s'alarmer ni réagir de façon trop brutale. «Il faut attendre sa prise de fonctions (le 20 janvier) et voir ce qu'il fait concrètement», plaide l'universitaire. Outre la question de Taïwan, Donald Trump a renouvelé dimanche ses critiques habituelles contre Pékin, accusé tour à tour de dévaluer sa monnaie pour soutenir ses exportations, de construire «une énorme forteresse en mer de Chine méridionale» ou encore de ne rien faire pour contrer les ambitions nucléaires de la Corée du Nord.